Favori des législativesNarendra Modi, le nationaliste indien devenu très fréquentable
ATS
16.4.2024 - 07:56
Longtemps ostracisé par certains pays occidentaux pour son nationalisme hindou décomplexé, le premier ministre indien Narendra Modi est le favori des législatives qui débutent vendredi. Il est devenu un acteur incontournable sur la scène internationale.
16.04.2024, 07:56
ATS
Le président russe Vladimir Poutine vante le «partenariat privilégié» entre les deux pays, son homologue américain Joe Biden évoque des «valeurs communes» et l'a convié à s'exprimer devant le congrès à Washington.
Le parcours du dirigeant indien, âgé de 73 ans, a des allures de revanche pour ce fils d'un simple vendeur de thé, qui avait été déclaré persona non grata aux Etats-Unis d'Amérique et au Royaume-Uni après des émeutes interreligieuses sanglantes en 2002 au Gujarat, Etat dont il était alors gouverneur.
Arrivé au pouvoir avec son parti le BJP en 2014, ce tribun charismatique et autoritaire, à la barbe blanche soigneusement taillée, n'a pourtant pas dérivé de sa ligne suprématiste hindoue, la religion majoritaire dans ce pays de 1,4 milliard d'habitants, au détriment notamment de la minorité musulmane.
«Origines humbles»
Mais sa «nouvelle Inde» à l'économie modernisée et numérique est vue comme un contrepoids à la Chine et connaît la croissance la plus soutenue des grandes économies, dépassant l'ancienne puissance coloniale britannique et devenant un client de choix pour les exportations d'armes, de pétrole et d'avions.
Né le 17 septembre 1950 dans le Gujarat, à 900 km au sud-ouest de New Delhi, Narendra Modi est le troisième des six enfants d'un vendeur de thé à la gare de sa localité, Vadnagar. Il joue toujours volontiers de ses origines modestes, se posant en champion des «petites gens» et privilégiant l'hindi dans ses allocutions officielles, là où ses prédécesseurs préféraient l'anglais.
«Oui, une personne d'origine modeste est devenue premier ministre», s'était-il félicité lors d'un discours en 2019, affirmant que ses opposants le «détestent à cause de [ses] origines humbles».
Membre très jeune du mouvement nationaliste Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS), Narendra Modi se fait rapidement remarquer pour ses qualités d'orateur et son ambition.
«Gérer les médias»
Il monte en grade au sein de cette organisation de masse aux méthodes paramilitaires, rejoignant son aile politique, le BJP, jusqu'à devenir le chef de l'exécutif du Gujarat en 2001.
L'année suivante, des émeutes intercommunautaires éclatent dans cet Etat après la mort de dizaines de pèlerins hindous dans un incendie. On décompte au moins 1000 morts, en majorité des musulmans. M. Modi est accusé d'avoir attisé les troubles et de ne pas avoir mobilisé les forces de l'ordre pour y mettre fin.
Visé par une enquête et finalement blanchi, le dirigeant, entre-temps mis au ban par Washington et Londres, devait déclarer à la BBC par la suite que sa seule erreur avait été de ne pas avoir su «gérer les médias».
Son gouvernement est depuis lors régulièrement accusé par les défenseurs des droits et l'opposition d'instrumentaliser la justice et d'intimider les médias à des fins politiques.
Puissance majeure
A l'approche du scrutin qui se déroulera jusqu'à début juin, M. Modi a promis de faire de l'Inde une des «trois principales économies du monde» d'ici à 2027 et de «lancer un assaut final et décisif contre la pauvreté».
Autre cheval de bataille: l'adoption d'un code civil unique, visant à standardiser les lois sur des sujets comme le mariage, le divorce ou l'héritage pour les diverses religions et croyances. Présenté comme un gage de modernité et d'égalité des sexes, ce projet est perçu par de nombreuses communautés, en particulier les quelque 210 millions de musulmans, comme une attaque contre leurs règles religieuses et leur identité.
Le dirigeant juge que sa politique permet à l'Inde d'enfin assumer pleinement son statut de puissance majeure, après des siècles d'asservissement aux moghols musulmans puis à l'empire britannique.
En janvier, il avait inauguré un temple hindou à Ayodhya (nord) sur l'emplacement d'une mosquée centenaire, symbole selon lui d'un pays «brisant les chaînes de l'esclavage».