Russie Navalny empoisonné, Moscou doit s'expliquer

ATS

2.9.2020 - 22:00

Alexei Navalny a été transporté à Berlin pour recevoir des soins (archives).
Alexei Navalny a été transporté à Berlin pour recevoir des soins (archives).
Source: KEYSTONE/AP/Michael Kappeler

Des analyses publiées mercredi en Allemagne ont montré que l'opposant russe Alexeï Navalny avait empoisonné par un agent neurotoxique «de type Novitchok». La chancelière allemande Angela Merkel a pressé Moscou de s'expliquer.

Cet agent neurotoxique avait déjà été utilisé contre l'ex-agent double russe Sergueï Skripal et sa fille Ioulia en 2018 en Angleterre, selon les autorités britanniques. L'affaire a provoqué une crise diplomatique entre Londres et Moscou.

Ce sont des examens approfondis effectués par un laboratoire de l'armée allemande sur l'opposant russe, hospitalisé à Berlin depuis fin août, qui ont permis de détecter l'emploi de cet agent neurotoxique. Ces tests ont apporté la «preuve sans équivoque de l'existence d'un agent chimique neurotoxique de type Novitchok», a assuré le gouvernement allemand.

«Réduire au silence»

Cet agent hautement toxique, mis au point par les Soviétiques dans les années 70 se présente le plus souvent sous la forme d'une fine poudre susceptible de pénétrer les pores de la peau ou les voies respiratoires. M. Navalny, 44 ans, reste «dans un état grave» mais son état de santé «continue de s'améliorer», a précisé dans un communiqué l'hôpital berlinois de la Charité.

M. Navalny reste toujours «sous assistance respiratoire» et il est «encore trop tôt pour évaluer les effets à long terme de cette grave intoxication», selon cet hôpital, un des plus réputés au monde. Berlin, qui «condamne cette attaque dans les termes les plus fermes», a demandé à la Russie des éclaircissements «urgents» sur cet empoisonnement, selon un communiqué du gouvernement.

Les résultats de ces tests démontrent que M. Navalny a bel et bien été «victime d'un crime», destiné à le «réduire au silence», a dénoncé Angela Merkel dans une déclaration à la presse. «De très graves questions se posent à présent, auxquelles seul le gouvernement russe peut et doit répondre», a prévenu la chancelière.

«Le crime contre Alexei Navalny est contraire aux valeurs et aux droits fondamentaux que nous défendons», a martelé Mme Merkel, dont le pays assure la présidence du Conseil de l'Union européenne.

Moscou prêt à coopérer

La Russie s'est dite «prête» en retour à coopérer avec l'Allemagne, a promis le Kremlin. «Les résultats de plusieurs expertises effectuées dans le cadre des investigations préliminaires n'ont révélé aucune substance puissante empoisonnée ou intoxicante dans l'organisme de Navalny», a toutefois soutenu une source au sein des forces de l'ordre citée par l'agence d'Etat russe, Tass.

«Nous appelons nos partenaires à éviter une politisation de cet incident et à s'appuyer uniquement sur des faits fiables qui nous seront fournis, nous l'espérons, dans les plus brefs délais», a déclaré l'ambassade de Russie à Berlin.

Pour l'entourage de l'opposant, l'auteur de cet empoisonnement ne fait guère de doute. «Seul l'Etat» russe a pu recourir au Novitchok, a affirmé l'organisation de M. Navalny.

L'ambassadeur russe à Berlin a été «invité urgemment» au ministère allemand des Affaires étrangères, a annoncé le chef de la diplomatie allemande, Heiko Maas.

Berlin a adressé un «message clair» et l'a exhorté à clarifier l'empoisonnement d'Alexeï Navalny, désormais avéré, «dans les moindres détails et en toute transparence», a déclaré M. Maas, qui souhaite que les «responsables en Russie soient identifiés et traduits en justice».

«Absolument inacceptable»

L'Allemagne va en outre tenir informés «ses partenaires de l'Union européenne et de l'OTAN des résultats de l'enquête» en vue d'une «réponse commune appropriée». Mercredi soir, le Royaume-Uni a appelé la Russie à «dire la vérité», jugeant «absolument inacceptable» l'usage d'une «arme chimique interdite». Et l'Union européenne a dénoncé «un acte méprisable et lâche».

L'Italie a demandé à Moscou de «clarifier avec rapidité et transparence les responsabilités dans ce qui s'est produit». L'OTAN a elle réclamé à la Russie une enquête.

Principal opposant au pouvoir du président Vladimir Poutine, auteur de publications dénonçant la corruption des élites russes qui sont abondamment partagées sur les réseaux sociaux, Alexeï Navalny a été transféré fin août de Sibérie à Berlin.

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