Affaire Navalny Navalny: l'ONU veut une enquête indépendante

ATS

8.9.2020 - 11:45

L'ONU dénonce l'empoisonnement de l'opposant russe Alexeï Navalny comme un crime très grave sans accuser pour autant la Russie (archives).
L'ONU dénonce l'empoisonnement de l'opposant russe Alexeï Navalny comme un crime très grave sans accuser pour autant la Russie (archives).
Source: KEYSTONE/EPA/SERGEI ILNITSKY

L'ONU veut des investigations indépendantes et «approfondies» sur l'empoisonnement de l'opposant russe Alexeï Navalny, «crime très grave». La Haute commissaire aux droits de l'homme Michelle Bachelet a appelé mardi à Genève la Russie à la mener ou à collaborer.

«Nous condamnons cet empoisonnement», a dit à la presse un porte-parole de son bureau. Même s'il a ajouté que tous les détails n'étaient pas encore connus.

«La Russie est responsable de mener des investigations sur des crimes sur son territoire. Mais pour autant, le Haut-Commissariat n'est pas en mesure de dire si l'Etat russe est derrière l'empoisonnement de M. Navalny, a ajouté le porte-parole, dénonçant toutefois «un manque de transparence».

De même, l'ONU n'appelle pas pour le moment à une investigation de l'Organisation internationale pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) tant elle considère que Moscou doit mener ce travail. La semaine dernière, l'institution chargée d'évaluer les violations à la Convention sur les armes chimiques avait fait part de sa disponibilité et l'OTAN avait souhaité de son côté une procédure internationale dans cette affaire.

Plusieurs cas similaires

Des experts allemands avaient déclaré récemment avoir «la preuve sans équivoque» que l'opposant russe avait été empoisonné avec un agent neurotoxique Novichok. La Haute commissaire rappelle que plusieurs cas similaires de Russes ciblés avec cette substance, dont ceux de Sergueï Skripal et de sa fille en Grande-Bretagne, ont été observés ces dernières années.

Cette situation «est profondément inquiétante», a déclaré Mme Bachelet. L'impunité des responsables est «profondément regrettable et difficile à expliquer ou à justifier». Et la Haute commissaire relève de nombreuses questions alors que le Novichok est difficile à obtenir.

Elle dénonce encore le harcèlement, les arrestations et les attaques menés contre l'opposant soit par les autorités, soit par des agresseurs inconnus. «M. Navalny était clairement quelqu'un qui avait besoin de la protection de l'Etat», a-t-elle déclaré.

Moscou largement ciblée

Près de trois semaines après avoir été victime de cet empoisonnement, Alexeï Navalny a pu être sorti du coma artificiel dans l'hôpital allemand où il est hospitalisé. Les appels à sanctionner la Russie se multiplient dans de nombreux pays, dont l'Allemagne qui a donné quelques jours à Moscou pour lui donner des clarifications. La Grande-Bretagne a elle convoqué lundi l'ambassadeur russe.

M. Navalny, connu pour ses enquêtes anti-corruption visant l'élite politique russe, et adversaire numéro du président russe Vladimir Poutine, avait été hospitalisé en urgence à Omsk en Sibérie, avant d'être évacué vers l'Allemagne. Il avait pu rejoindre ce pays après d'importantes tensions entre ses proches et les médecins russes.

Moscou, qui rejette toute implication, a reproché de son côté à Berlin «de retarder le processus de l'enquête qu'elle réclame» en ne transmettant pas les pièces du dossier aux autorités russes. Le Kremlin dénonce les tentatives «absurdes» d'accuser la Russie dans cette affaire.

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