CisjordanieNetanyahu dénonce «un crime odieux» après l'assassinat d'un adolescent israélien
Megane Bochatay
13.4.2024
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a dénoncé «un crime odieux» après la découverte samedi du corps d'un jeune berger israélien «assassiné» en Cisjordanie occupée, où sa disparition la veille a déclenché une flambée de violences contre les Palestiniens.
Megane Bochatay
13.04.2024, 15:39
Megane Bochatay
Benjamin Achimeir, 14 ans, a disparu vendredi matin alors qu'il faisait paître ses moutons à proximité du village palestinien d'al-Mughayyir, près de Ramallah, à quelque 500 mètres de fermes appartenant à des colons israéliens.
Une vaste chasse à l'homme a été aussitôt lancée par l'armée, et des centaines de civils, dont de nombreux colons, se sont déployés dans les collines et les champs environnants pour tenter de le retrouver.
Le corps du garçon a été localisé samedi à la mi-journée non loin de ses pâtures et des fermes de Malachei HaShalom. «Benjamin Achimeir a été assassiné dans une attaque terroriste», ont indiqué l'armée, la police et le service du renseignement intérieur Shin Beth dans un communiqué.
Les forces de sécurité israéliennes sont engagées «dans la poursuite intensive des assassins méprisables et de tous ceux qui ont collaboré avec eux», a indiqué M. Netanyahu dans une déclaration transmise à l'AFP, dénonçant «un crime odieux».
Le chef du gouvernement a aussi appelé «tous les citoyens israéliens à permettre aux forces de sécurité de faire le travail sans entrave», sans directement évoquer les colons armés qui depuis 24 heures attaquent les villages palestiniens de la région.
Ces attaques se poursuivaient samedi, un journaliste de l'AFP sur place témoignant de tirs et de jets de pierre visant les localités et les véhicules circulant dans la zone.
Elles ont fait au moins un mort et une trentaine de blessés, dont de nombreux par balles, depuis vendredi, selon le ministère de la Santé de l'Autorité palestinienne.
Carcasses fumantes
Les assaillants ont tiré à balles réelles et incendié des dizaines de maisons et de véhicules tandis que les habitants répliquaient par des jets de pierre.
L'agence de presse palestinienne Wafa a par ailleurs indiqué samedi que cinq palestiniens avaient été blessés dans le village d'Abou Falah, près de Ramallah, dans une attaque de colons.
Al-Muhayyir portait les stigmates des violences samedi matin. Aux abords de maisons ou de hangars aux murs noircis par les flammes, les carcasses calcinées de voitures, de fourgons ou d'engins agricoles encore fumantes, a constaté un photographe de l'AFP. Ici, une chèvre gisant dans une flaque de sang, là des arbres dévorés par le feu.
Certains habitants hébétés exploraient les vestiges de leur maison dont il ne reste plus que le squelette de parpaings et les fenêtres béantes donnant sur la plaine.
Sur le bord des routes, des dizaines de voitures incendiées et les barrages installés par l'armée pour fouiller les véhicules.
Ces violences surviennent dans un contexte de violences accrues dans le territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas dans la bande de Gaza le 7 octobre.
Au moins 462 Palestiniens y ont été tués par des militaires ou colons israéliens, selon l'Autorité palestinienne, qui exerce un contrôle administratif partiel sur la Cisjordanie.
La Rapporteure spéciale l'ONU sur les territoires palestiniens occupés, Francesca Albanese, a exhorté vendredi «l'ONU à autoriser le déploiement d'une présence de protection» dans les territoires. «L'armée israélienne a largement montré qu'elle ne voulait pas ou ne pouvait pas accomplir cette mission», a-t-elle dit.
La guerre dans la bande de Gaza a été déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre, qui a entraîné la mort de 1.170 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens.
Israël a lancé en représailles une opération militaire dans Gaza qui a fait 33.686 morts, essentiellement des civils, d'après le ministère de la Santé du mouvement islamiste.