NigerLe régime militaire se dit ouvert à la voie diplomatique
ro
13.8.2023 - 21:55
Le régime militaire au Niger est ouvert à une résolution de la crise par la voie diplomatique, a rapporté dimanche le chef d'une délégation de religieux nigérians. Les Etats ouest-africains souhaitent aussi privilégier le dialogue avec les auteurs du coup d'Etat.
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13.08.2023, 21:55
ATS
Selon un communiqué de la médiation religieuse nigériane, le chef du régime militaire, le général Abdourahamane Tiani, «a déclaré que sa porte était ouverte pour explorer la voie de la diplomatie et de la paix afin de résoudre» la crise. Il n'était pas possible, dans l'immédiat, de vérifier la position du général Tiani telle qu'exprimée par la médiation nigériane.
Samedi, cette délégation de chefs religieux musulmans dirigée par Sheikh Bala Lau – le chef d'Izala, un mouvement islamique d'inspiration salafiste – est arrivée à Niamey avec l'accord du président du Nigeria voisin, Bola Tinubu, également président en exercice de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao).
Excuses
Toujours selon le communiqué, Abdourahamane Tiani, lors de l'entretien avec la délégation, «s'est également excusé de ne pas avoir accordé l'attention nécessaire à l'équipe envoyée par le président Tinubu et dirigée par l'ancien chef d'État, le général Abdulsalami Abubakar».
Le 3 août, une délégation de la Cedeao menée par le général Abubakar avait atterri à Niamey, mais en était repartie au bout de quelques heures seulement sans avoir pu rencontrer le nouvel homme fort du pays.
Le général Tiani a affirmé qu'il était «douloureux» pour les auteurs du coup d'Etat que les dirigeants de la Cedeao «n'aient pas entendue leur version des faits avant de leur adresser un ultimatum».
Le 30 juillet dernier, soit quatre jours après le coup, les dirigeants de la Cedeao ont décidé de sanctionner financièrement le Niger et ont fixé un ultimatum de sept jours aux militaires pour rétablir l'ordre constitutionnel, menaçant d'un possible recours à la force en dernier ressort, sans l'avoir appliqué.
Voie diplomatique
Jeudi dernier, lors d'un nouveau sommet, les dirigeants ont réaffirmé privilégier la voie diplomatique pour rétablir le président Mohamed Bazoum dans ses fonctions, tout en ordonnant une mobilisation et un déploiement de la «force en attente» de la Cedeao.
Le calendrier et les modalités d'une éventuelle intervention militaire ouest-africaine n'ont pas été dévoilés. Mais le président ivoirien Alassane Ouattara, dont le pays contribuera à cette force, a affirmé jeudi qu'elle devrait pouvoir intervenir «dans les plus brefs délais».
Selon un des proches de M. Bazoum, le régime militaire avait brandi «la menace» de s'en prendre à lui si une intervention armée avait lieu.
Selon le général Tiani, cité dans le communiqué de la médiation, les militaires ont renversé le président Bazoum «en raison d'une menace imminente qui aurait affecté non seulement la République du Niger, mais aussi le Nigeria».
Abdourahamane Tiani avait justifié le coup d'Etat par «la dégradation sécuritaire» dans le pays, miné par la violence de groupes djihadistes.
Le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, a lui estimé dimanche que les coups d'État au Mali et au Burkina Faso, voisins du Niger, ont affaibli la lutte «contre le terrorisme» au Sahel et favorisé la renaissance d'un «foyer terroriste» en bordure de la Méditerranée.
Soutien au régime miliaire
Le Mali et le Burkina Faso, dirigés par des militaires, ont affiché leur solidarité avec Niamey. Le nouveau ministre nigérien de la Défense, le général Salifou Mody, a effectué une courte visite vendredi au Mali.
Une délégation du régime nigérien s'est entretenue samedi à Conakry avec le président et colonel guinéen Mamadi Doumbouya – également arrivé au pouvoir par un coup d'Etat -, pour demander «un soutien renforcé pour affronter les défis à venir».
A Niamey, les manifestations de soutien aux militaires sont régulières.
Dimanche, des milliers de personnes étaient rassemblées lors de concerts de soutien aux auteurs du coup d'Etat -réunis au sein du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) -, au stade Seyni Kountché à Niamey.
La foule, majoritairement jeune, brandissait des drapeaux de la Russie, du Niger, du Mali et du Burkina, scandant «Tiani né moukésso (c'est Tiani que nous aimons)», en langue haoussa.
Le président nigérien Mohamed Bazoum, séquestré dans sa résidence à Niamey depuis qu'il a été renversé le 26 juillet, a reçu la visite de son médecin samedi, après des messages d'inquiétude de ses alliés occidentaux et africains.