Nigeria Des djihadistes prennent le contrôle d'une base militaire

Des djihadistes présumés affiliés au groupe Etat islamique en Afrique de l'Ouest (Iswap) ont pris le contrôle vendredi soir d'une importante base militaire, ont rapporté samedi des sources militaires anonymes à l'AFP. Il s'agit de la base militaire de Marte, dans le Nord-Est du Nigeria.

De nombreux combattants sont arrivés à bord de camions militarisés. Ils ont attaqué cette base de la région du lac Tchad, dont ils ont toujours le contrôle, selon ces sources militaires concordantes. Une opération militaire est en cours.

«Nous avons subi une attaque des terroristes d'Iswap. Ils ont envahi la base de Marte après d'intenses combats», a fait savoir un officier ayant requis l'anonymat. «Notre priorité est désormais de reprendre le contrôle de la base, et une opération est en cours», a-t-il ajouté.

«Nos troupes ont essuyé des pertes humaines et en équipement, mais nous sommes toujours en train de recueillir des informations précises», a indiqué une seconde source militaire, également sous couvert d'anonymat.

Groupe affilié à l'EI

L'armée nigériane a subi de très lourdes pertes ces dernières années face aux combattants d'Iswap, branche dissidente du groupe Boko Haram. Elle sème la terreur dans le Nord-Est du Nigeria depuis plus de 10 ans.

Iswap, affilié à l'Etat islamique (EI) a fait sécession de Boko Haram en 2016. L'Iswap s'est retranché essentiellement dans la zone du lac Tchad, région frontalière et stratégique entre le Nigeria, le Tchad, le Cameroun et le Niger.

La semaine dernière, des combattants avaient déjà mené une attaque sur la base de Marte, mais celle-ci avait échoué. Le commandement de l'armée avait alors décidé d'un plus important déploiement dans la zone.

Tactique de défense critiquée

L'armée nigériane assure depuis l'arrivée au pouvoir du président Muhammadu Buhari avoir repris contrôle du Nord-Est du Nigeria. Malgré la multiplication des attaques, elle a effectué de nombreux raids sur plusieurs bases jihadistes ces dernières semaines.

L'armée nigériane a adopté une stratégie de «super camps militaires» qui rassemblent ses troupes dans quelques points précis, dans une région immense, où les infrastructures sont pauvres, voire inexistantes.

Les populations et les ONG dénoncent régulièrement cette tactique. Selon ces dernières, cette stratégie laisse des pans entiers du territoire hors de contrôle et des millions de personnes dans l'insécurité, sans protection de l'Etat et sans accès à l'aide humanitaire.

Le conflit entre les forces armées nigérianes et Boko Haram a fait 35'000 morts et déplacé environ deux millions de personnes de leurs foyers depuis 2009.

ATS