Téhéran La lauréate du Prix Nobel de la paix fait sortir en cachette un message depuis sa cellule

ATS

1.11.2023 - 11:39

«La victoire n'est pas facile mais elle est certaine»: la militante iranienne des droits des femmes, Narges Mohammadi, lauréate du prix Nobel de la paix, a fait passer en cachette depuis sa cellule à Téhéran un message de remerciements.

Dans son message, la militante et journaliste âgée de 51 ans exprime sa "gratitude la plus sincère" au comité Nobel norvégien, critique une nouvelle fois l'obligation faite aux femmes en Iran de porter le voile et s'en prend vivement aux autorités iraniennes.
Dans son message, la militante et journaliste âgée de 51 ans exprime sa "gratitude la plus sincère" au comité Nobel norvégien, critique une nouvelle fois l'obligation faite aux femmes en Iran de porter le voile et s'en prend vivement aux autorités iraniennes.
ATS

Dans ce message lu en français par sa fille, Kiana Rahmani, et diffusé sur le site officiel Nobel, la militante et journaliste âgée de 51 ans exprime sa «gratitude la plus sincère» au comité Nobel norvégien, critique une nouvelle fois l'obligation faite aux femmes en Iran de porter le voile et s'en prend vivement aux autorités iraniennes.

«Le hijab obligatoire est la source principale de domination et de répression dans la société, visant à maintenir et à perpétuer un gouvernement religieux autoritaire», déclare-t-elle par la voix de sa fille de 17 ans, réfugiée en France avec le reste de sa famille.

«Un gouvernement qui a institutionnalisé la privation et la pauvreté dans la société depuis 45 ans. Un gouvernement fondé sur le mensonge, la tromperie, la ruse et l'intimidation. Un gouvernement qui a mis en péril la paix et la stabilité dans la région et dans le monde par ses politiques belliqueuses», dit-elle.

Un des visages de «Femme, Vie, Liberté»

Arrêtée à 13 reprises, condamnée cinq fois à un total de 31 ans de prison et 154 coups de fouet, et à nouveau incarcérée depuis 2021, Narges Mohammadi est l'un des principaux visages du soulèvement «Femme, Vie, Liberté» en Iran.

Ce mouvement, qui a vu des femmes tomber le voile, se couper les cheveux et manifester dans la rue, a été déclenché par la mort, l'an dernier, d'une jeune femme kurde iranienne de 22 ans, Mahsa Amini, après son arrestation à Téhéran pour non respect du strict code vestimentaire islamique. Le mouvement a été sévèrement réprimé.

Nouvelle victime féminine

Samedi, une lycéenne iranienne de 17 ans, Armita Garawand, est morte après un mois de coma, plusieurs ONG affirmant qu'elle a été agressée dans le métro par la police des moeurs chargée de faire appliquer l'obligation pour les femmes de porter le voile en public. Les autorités démentent et évoquent un malaise.

«Nous, le peuple iranien, aspirons à la démocratie, à la liberté, aux droits humains et à l'égalité. La République islamique est le principal obstacle à la réalisation de cette demande nationale», affirme Narges Mohammadi.

«Processus non violent et inarrêtable»

«Nous nous efforçons par la solidarité et la force d'un processus non violent et inarrêtable de passer outre ce gouvernement autoritaire religieux et de raviver l'honneur de l'Iran et la dignité humaine», souligne-t-elle depuis la prison d'Evin. Et de conclure: «la victoire n'est pas facile mais elle est certaine».

Les circonstances dans lesquelles la militante a réussi à faire passer son message ne sont pas connues. Le comité Nobel lui avait attribué le prestigieux prix de la paix le 6 octobre en vantant «son combat contre l'oppression des femmes en Iran et sa lutte pour la promotion des droits humains et la liberté pour tous».