Immigration Nouveau navire d'aide aux migrants

ATS

21.7.2019 - 19:03

Après l'Aquarius (photo), l'Ocean Vicking prend le relais pour sauver des migrants en Méditerranée (archives).
Après l'Aquarius (photo), l'Ocean Vicking prend le relais pour sauver des migrants en Méditerranée (archives).
Source: KEYSTONE/AP/OLMO CALVO

Sept mois après l'arrêt de l'Aquarius, SOS-Méditerranée et Médecins Sans Frontières vont reprendre la mer pour secourir les migrants naufragés en Méditerranée centrale. Plusieurs ports européens refusent pourtant d'accueillir les bateaux humanitaires.

L'Ocean Viking se dirige depuis le 18 juillet sous pavillon norvégien «vers la Méditerranée pour mener une nouvelle campagne de recherches et de secours en Méditerranée centrale», a annoncé SOS-Méditerranée dans un communiqué. La traversée est devenue la route migratoire maritime la plus meurtrière au monde.

«Le bateau va patrouiller en Méditerranée centrale, là d'où provient le plus grand nombre d'appels de détresse, mais sans jamais entrer dans les eaux territoriales libyennes», a précisé à l'AFP Frédéric Penard, directeur des opérations de SOS-Méditerranée.

«Notre présence en mer c'est pour sauver des vies, on espère que les Etats vont nous comprendre et se joindre à nous, car il n'y a pas d'autre solution en Méditerranée centrale», insiste-t-il. «Dire que ce sont les navires de secours qui encouragent les traversées, c'est faux. Même sans bateaux, les départs continuent et énormément de naufrages sont rapportés».

Plus de 400 morts depuis janvier

Au moins 426 personnes sont mortes en tentant de traverser la Méditerranée depuis le début de l'année, selon le Haut commissariat aux réfugiés (HCR) et l'Organisation internationale des migrations (OIM). Le dernier naufrage connu, celui d'une barque au large de la Tunisie, a fait au moins 60 morts.

Au terme de près de trois ans en mer, l'Aquarius, qui a secouru 30'000 migrants, a été contraint de cesser ses activités en décembre 2018, successivement privé de son pavillon de Gibraltar puis de Panama.

L'Ocean Viking qui reprend le flambeau, long de 69 m sur 15 m de large, a été construit en 1986 pour l'assistance aux plates-formes pétrolières. Plus d'une trentaine de personnes seront à bord. La capacité d'accueil n'est pas précisée mais il s'agit d'un bâtiment «conçu pour rester stable en mer», souligne SOS Méditerranée.

Chaque journée de mer coûte 14'000 euros, selon l'ONG qui appelle aux dons. La nouvelle campagne démarrera environ un mois après l'arrestation du Sea-Watch 3, bâtiment affrété par l'ONG allemande Sea-Watch, et de sa capitaine Carola Rackete en Sicile.

«Partage du fardeau»

L'Italie dénonce l'absence de «partage du fardeau» au sein de l'UE, qui la laisse seule en première ligne pour l'accueil des migrants. «Les choix faits seulement à Paris et à Berlin, ça suffit. L'Italie n'est plus disposée à accepter tous les immigrants qui arrivent en Europe», a déclaré dimanche le ministre italien de l'Intérieur, Matteo Salvini.

L'Europe s'avère incapable jusqu'à présent de s'entendre pour mettre fin à l'errance des bateaux de secours. Un nouveau rendez-vous des ministres de l'Intérieur et des Affaires étrangères d'une quinzaine de pays européens est programmé lundi à Paris.

Depuis que «la coordination des secours en mer a été confiée par l'Union européenne aux autorités libyennes, cette coordination est chaotique, les appels ne sont pas relayés. Il nous fallait une vraie capacité de recherches», a expliqué Frédéric Penard. Les responsables européens «ferment sciemment les yeux sur la crise humanitaire», accuse MSF.

Les humanitaires insistent aussi sur la situation dramatique dans les camps de rétention en Libye, en proie au conflit. L'un d'eux a essuyé un bombardement le mois dernier près de Tripoli qui a fait près de 60 morts. Les candidats au départ y sont par ailleurs victimes de tortures, extorsion, travail forcé, exploitation sexuelle... Pour MSF, «les gouvernements européens violent leurs obligations légales.

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