Péninsule coréenne Nouveaux tirs de missiles nord-coréens

ATS

6.8.2019 - 13:03

Pyongyang a réalisé quatre essais de missiles nucléaires en douze jours.
Pyongyang a réalisé quatre essais de missiles nucléaires en douze jours.
Source: KEYSTONE/AP/AHN YOUNG-JOON

La Corée du Nord a procédé mardi à deux nouveaux tirs de missiles, le quatrième essai du genre en douze jours. Condamnant les exercices militaires entre les Etats-Unis et la Corée du Sud, Pyongyang a menacé de poursuivre ses tests.

Ce regain d'activité militaire sur la péninsule semble hypothéquer un peu plus le processus diplomatique amorcé en 2018. Pyongyang a affirmé mardi que ces manoeuvres américano-sud-coréennes étaient une «violation flagrante» des efforts de paix et reflétaient un manque de «volonté politique» des deux pays d'améliorer les relations.

Les exercices militaires entre les Etats-Unis et leur allié sud-coréen provoquent immanquablement la fureur du régime nord-coréen. Mais il est rare qu'il réalise des essais de missiles pendant ces manoeuvres. La vitesse à laquelle les autorités nord-coréennes ont communiqué après ce tir est également inhabituelle. Le régime attend généralement 24 heures pour s'exprimer.

450 km parcourus

Le Nord a tiré dans la province de Hwanghae du Sud, sur sa côte ouest, «deux projectiles soupçonnés d'être des missiles balistiques de courte portée», a affirmé dans un communiqué l'état-major interarmées (JCS) sud-coréen.

Ils ont volé à une vitesse d'au moins Mach 6,9 sur environ 450 kilomètres à une altitude maximale de 37 kilomètres pour s'abîmer de l'autre côté de la péninsule, en mer du Japon. Cette distance est dans la fourchette moyenne de celle parcourue par les autres projectiles tirés depuis douze jours.

Séoul a présenté la plupart d'entre eux comme des missiles balistiques de courte portée, tandis que Pyongyang a parlé d'un «système de lancement multiple de fusées guidées de gros calibre». Le Conseil de sécurité de l'ONU interdit à la Corée du Nord de tester des missiles.

C'est en dépit de nombreuses mises en garde de Pyongyang que Séoul et Washington ont débuté lundi leurs exercices militaires annuels, essentiellement des simulations sur ordinateur qui visent à tester la capacité du Sud à prendre le contrôle des opérations en cas de guerre.

«Nous sommes contraints»

Moins d'une heure après les tirs nord-coréens, un responsable du ministère nord-coréen des affaires étrangères a dénoncé ces manoeuvres comme «un déni non dissimulé et une violation flagrante» de plusieurs accords liant Pyongyang, Washington et Séoul, selon l'agence officielle KCNA.

Tous les exercices conjoints entre Séoul et Washington sont «des exercices guerriers agressifs, simulant une attaque surprise et préventive» de la Corée du Nord, a dit ce porte-parole.

«Nous sommes donc contraints de développer, tester et déployer les moyens physiques puissants essentiels à la défense nationale», a-t-il poursuivi. «Les autorités américaines et sud-coréennes ne pourront pas les contrer même si on leur donne dix mois pour le faire.»

Pyongyang maintient de longue date que c'est la menace américaine qui le pousse à développer ses programmes d'armement, y compris nucléaire.

«Une initiative audacieuse»

Pour Jeong Young-tae, directeur de l'institut des études nord-coréennes à Séoul, le fait que la Corée du Nord conduise des essais pendant les manoeuvres est une «initiative audacieuse» qui «pourrait indiquer qu'elle est beaucoup plus confiante qu'elle ne l'était quant à ses capacités militaires».

«Le Nord est en train de montrer, de façon très directe, qu'il prendra des mesures, si les Etats-Unis et la Corée du Sud poursuivent ces exercices militaires annuels», a-t-il dit à l'AFP.

Après des années de montée des tensions, la péninsule a été en 2018 le théâtre d'une remarquable détente, qui a accouché de trois rencontres entre le président américain Donald Trump le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un.

A Singapour, en juin 2018 les deux hommes avaient signé un engagement vague en faveur de la «dénucléarisation de la péninsule coréenne». Leur deuxième sommet, en février à Hanoï, avait été écourté sur des désaccords profonds.

Mais lors de leur rencontre impromptue en juin dans la zone démilitarisée (DMZ) entre la Corée du Nord et la Corée du Sud, ils sont convenus de reprendre le dialogue. Les discussions de travail n'ont cependant toujours pas repris.

«Beaucoup de travail»

A Genève, l'ambassadeur américain à la Conférence du désarmement (CD) a affirmé mardi que son pays n'avait violé «aucun engagement» lancé par le président Donald Trump auprès du leader nord-coréen Kim Jong-un. «Nous voulons revenir à la table» des discussions «dès que possible», a affirmé à quelques journalistes Robert Wood.

Il a admis que «beaucoup de travail» restait à accomplir. Il a aussi répété que son pays n'était «pas inquiet» après les tests récents de missiles menés par Pyongyang.

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