Autriche Nouvelle coalition intronisée en Autriche

ATS

7.1.2020 - 16:27

Le conservateur Sebastian Kurz a été investi mardi pour un 2e mandat à la tête du gouvernement autrichien aux côtés d'écologistes avec lesquels il veut «protéger le climat et les frontières». Sa précédente union avec l'extrême droite avait été plombée par un scandale.

Le chancelier, les dix ministres ÖVP et les quatre ministres écologistes ont prêté serment en fin de matinée lors d'une cérémonie devant le chef de l'Etat Alexander Van der Bellen, un ancien chef des Verts.

«C'est bien de pouvoir continuer notre travail pour l'Autriche», a déclaré Sebastian Kurz. Il reprend les rênes du pays à la tête d'une alliance que les médias autrichiens ont qualifiée «d'improbable» ou «exotique» entre deux partis qui ont régulièrement croisé le fer sur la scène politique.

Il redevient à 33 ans le plus jeune dirigeant élu de la planète et vante déjà sa fraîche alliance comme un modèle pour une Europe où la lutte contre le réchauffement climatique s'est imposée à l'agenda des gouvernants. L'actuel chef des Verts, Werner Kogler, 58 ans, devient vice-chancelier.

Féminisé, rajeuni et verdi

Féminisé, rajeuni et verdi, le nouveau cabinet autrichien doit ramener la stabilité après une crise politique retentissante au printemps dernier. Un scandale qui avait conduit à la fin prématurée du premier mandat de M. Kurz, après 18 mois d'alliance avec les nationalistes du FPÖ, entre décembre 2017 et mai 2019.

En investissant le gouvernement, le chef de l'Etat a appelé de ses voeux ce retour à la stabilité. «Notre démocratie est vivante», a affirmé M. Van der Bellen. «Cela a été démontré l'année dernière. Nous avons réussi ensemble à la régénérer malgré les rebondissements».

La plupart des ministres sont trentenaires et quadragénaires ; les femmes sont en majorité, à neuf pour huit hommes, en comptant le chancelier. Un «super portefeuille» de l'environnement est occupé par une ancienne militante écologiste. Les Verts envoient une élue ouvertement lesbienne gérer la culture, et une avocate d'origine bosnienne, arrivée en Autriche comme réfugiée dans son enfance, a été choisie pour la Justice.

Concilier économie et écologie

Emaillé de controverses et des provocations ciblées de l'extrême droite, le premier gouvernement Kurz avait volé en éclats lors du scandale de l'Ibizagate. Cette affaire avait contraint à la démission le chef du FPÖ, filmé en train de proposer des marchés publics à la pseudo-nièce d'un oligarque russe.

Il revient à la nouvelle équipe de convaincre qu'économie et écologie font bon ménage, que le libéralisme sociétal des Verts est compatible avec les discours de fermeté de Sebastian Kurz sur l'immigration, l'intégration et l'islam. Les Verts avaient âprement critiqué la politique menée sous le premier mandat de M. Kurz.

Après la chute de la coalition droite/extrême droite, des élections législatives anticipées convoquées en septembre ont été largement remportées par l'ÖVP (37,5%), sans majorité absolue. Le FPÖ, en baisse de dix points, a préféré retourner dans l'opposition.

Plutôt que de tendre la main aux sociaux-démocrates arrivés en seconde position, M. Kurz a mené des négociations avec le mouvement écologiste, en hausse de dix points aux législatives, qui ont abouti le 1er janvier à un accord de coalition. Porté par les préoccupations liées aux réchauffement climatique, le nouveau gouvernement autrichien se verrait bien faire école en Europe, notamment en Allemagne où les écologistes ont le vent en poupe.

«Pas un mariage d'amour»

Les sociaux-démocrates estiment que les Verts ont payé par trop de concessions leur alliance et que les questions sociales ont été oubliées dans le programme de gouvernement. L'extrême droite, troisième force au parlement, dénonce une «dérive à gauche», une «expérimentation dangereuse».

Les écologistes sont satisfaits d'accéder enfin au pouvoir, après plus de trois décennies dans l'opposition. A l'échelon régional, ils gouvernent avec l'ÖVP dans plusieurs régions. Ils reconnaissent avoir dû concéder des mesures «douloureuses» à la droite.

La coalition n'est pas un «mariage d'amour» non plus pour Sebastian Kurz, estime l'analyste Johannes Huber, interrogé par l'AFP. «Comme il le dit à chaque occasion, il s'agit de deux partis très différents». «Nous sommes sur beaucoup de sujets plus proches du FPÖ» que des écologistes, a admis le chancelier ce week-end, qui était «très satisfait du programme» de la précédente coalition.

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