Grande-Bretagne Nouvelle démission au gouvernement Johnson

ATS

8.9.2019 - 00:47

Amber Rudd dit être en désaccord avec Boris Johnson sur la stratégie du Brexit (archives).
Amber Rudd dit être en désaccord avec Boris Johnson sur la stratégie du Brexit (archives).
Source: KEYSTONE/EPA/ANDY RAIN

Le premier ministre britannique Boris Johnson a essuyé samedi soir un nouveau revers avec la démission de la ministre britannique chargée du travail et des retraites, Amber Rudd. Elle déclare être en désaccord avec la stratégie de M. Johnson sur le Brexit.

«Je ne peux pas rester alors que des bons, loyaux conservateurs modérés sont exclus», a déclaré dans un communiqué la ministre et députée de 56 ans, en référence à l'exclusion du parti conservateur de 21 députés qui ont voté cette semaine avec l'opposition une proposition de loi destinée à éviter un Brexit sans accord.

Amber Rudd quitte à la fois le gouvernement, dont elle était un poids lourd, et le parti conservateur, critiquant très vertement la stratégie du chef du gouvernement. Dans une lettre au premier ministre postée sur Twitter, elle qualifie l'exclusion des 21 «rebelles» d'«assaut à la décence et à la démocratie».

Celle qui avait voté pour rester dans l'Union européenne lors du référendum de juin 2016 estime que l"objectif principal» du gouvernement n'est plus d'obtenir un accord de sortie avec l'Union européenne.

Départ de Jo Johnson

«J'avais rejoint votre gouvernement en toute bonne foi: accepter le 'no deal' devait être sur la table, car c'était le moyen par lequel nous aurions les meilleures chances de parvenir à un nouvel accord pour sortir [de l'UE, ndlr] le 31 octobre», écrit-elle. «Cependant, je ne crois plus que partir avec un accord soit l'objectif principal du gouvernement.»

C'est un nouveau revers pour le chef du gouvernement, qui n'a plus de majorité au Parlement et dont la stratégie sur le Brexit a été court-circuitée par le Parlement. «Le gouvernement Johnson s'effondre», a réagi sur Twitter Keir Starmer, référent sur le Brexit au sein du Labour, principal parti d'opposition.

Nigel Farage, l'europhobe chef du parti du Brexit se demandait, lui, sur le même réseau social «pourquoi Boris avait confié des postes ministériels à des 'Remainers' [personnes en faveur du maintien dans l'UE, ndlr] en premier lieu».

Jeudi, c'est le propre frère de Boris Johnson, Jo, qui avait claqué la porte du gouvernement. Il avait expliqué vouloir placer l'«intérêt national» avant la «loyauté familiale». Avec cette nouvelle démission, Boris Johnson s'englue dans une crise politique dont il semble difficile de se sortir.

Report du Brexit voté

Les députés ont adopté mercredi un texte qui le contraint à repousser de trois mois la date du Brexit, prévu le 31 octobre, s'il ne trouve pas un accord de divorce avec l'Union européenne d'ici au 19 octobre, soit juste après le prochain conseil européen.

Les Lords ont également voté en faveur du texte vendredi. Celui-ci doit désormais recevoir l'accord de la reine Elizabeth II, dès lundi, pour devenir loi. Le premier ministre a cependant affirmé qu'il préférerait «mourir au fond d'un fossé» plutôt que de repousser le Brexit.

Dans une déclaration aux tabloïds Mail on Sunday et Sunday Express, Boris Johnson accuse «un groupe de députés, dirigé par Jeremy Corbyn», le chef du Labour, de vouloir «bloquer le Brexit» et «forcer ce pays à accepter encore plus de tergiversations et de retards». «Je refuse d'accepter ce report inutile», prévient-il.

Boris Johnson compte donner une «dernière chance» lundi à l'opposition de voter en faveur d'élections anticipées, mais si c'est un échec, le gouvernement «continuera simplement». Selon le Sunday Times, Boris Johnson est prêt à mener bataille devant la cour suprême pour déterminer s'il peut ignorer cette loi lui imposant un report du Brexit.

Le gouvernement a déjà tenté cette semaine de faire approuver la tenue d'élections anticipées par les députés, mais ceux-ci ont rejeté cette option. La deuxième tentative prévue lundi ne semble pas mieux partie. La codirigeante des Verts, Sian Berry a déclaré samedi à la BBC que les partis d'opposition étaient «absolument unis» dans leur refus d'approuver des élections anticipées jusqu'à ce que le risque d'un Brexit sans accord soit éloigné.

Un nouveau report du Brexit, initialement prévu le 29 mars et repoussé deux fois, devra toutefois être approuvé à l'unanimité des 27 autres Etats membres de l'UE.

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