Nouvelle journée d'actionRetraites en France: le dialogue est au point mort
ATS
6.4.2023 - 10:19
Les Français sont de nouveau appelés, pour la 11e fois depuis janvier, à manifester et faire grève jeudi contre la réforme des retraites du président Macron, dans un climat de plus en plus tendu entre des syndicats exaspérés et un exécutif inébranlable.
Keystone-SDA
06.04.2023, 10:19
06.04.2023, 10:28
ATS
L'intersyndicale espère une mobilisation massive, le gouvernement fait le dos rond en attendant la décision du Conseil constitutionnel, qui se prononcera le 14 avril sur la constitutionnalité de cette réforme très impopulaire. Les autorités prévoient des manifestations moins massives que les précédentes.
Le projet phare du second mandat d'Emmanuel Macron, qui prévoit notamment de reculer l'âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans, est sur les rails après avoir été adopté au forceps le 20 mars à l'issue de semaines de manifestations et de tractations stériles à l'Assemblée nationale.
L'utilisation d'un mécanisme constitutionnel permettant une adoption sans vote au Parlement n'a pas fait désarmer l'opposition et les syndicats. Au contraire, les relations entre le chef de l'Etat et les partenaires sociaux, en particulier la centrale réformiste CFDT, tournent à l'aigre.
«Provocation»
Une rencontre mercredi entre la Première ministre Elisabeth Borne et l'instersyndicale -comptant 8 organisations- a tourné court, les syndicats parlant d'"échec», la CGT parlant même d'un «gouvernement obtus, radicalisé et déconnecté».
Depuis la Chine, Emmanuel Macron a pour sa part répliqué via son entourage en insistant sur un projet «porté démocratiquement» et en rejetant la responsabilité de l'échec du dialogue sur les syndicats, notamment la CFDT, qui n'a «pas voulu entrer dans un compromis».
«Je dis 'stop à la provocation. Ça n'a pas de sens, on n'est pas sur un ring. Ce n'est pas moi le problème», a rétorqué jeudi le patron de la CFDT, Laurent Berger, sur la radio RTL.
«On est dans une crise sociale, on a une crise démocratique, il y a un problème. La solution, c'est lui qui l'a entre les mains», a-t-il ajouté.
Perturbations moindres
Les perturbations s'annoncent moindres que lors des précédentes journées de mobilisation, notamment dans les transports en commun, mais la fatigue se fait sentir chez des usagers, comme Marjolaine Vanreenen, une quinquagénaire rencontrée à la gare de Nice par l'AFP. «Depuis le 7 mars, tous les jours je dois adapter mes départs pour Monaco, en raison des annulations de trains (...). Ca commence à devenir pénible», dit-elle.
Mais la motivation est intacte pour d'autres, à l'instar de Monique Coquillat, cheffe d'entreprise de Lomme (Nord), qui réclame «le retrait complet» de cette réforme massivement rejetée par les Français.
Le 28 mars, lors de la précédente journée d'action, la mobilisation avait marqué le pas, avec selon le ministère de l'Intérieur 740'000 manifestants en France, «plus de deux millions» selon la CGT.
Cette fois-ci, les autorités attendent entre 600'000 et 800'000 personnes, dont 60'000 à 90'000 à Paris. 11'500 policiers et gendarmes seront mobilisés, alors que les derniers cortèges ont été émaillés de tensions.
Dans l'Education nationale, autour de 20% des enseignants du primaire seront en grève, selon une source syndicale.
Le gouvernement a annoncé avoir décidé de nouvelles réquisitions de grévistes dans l'industrie pétrolière afin d'endiguer les pénuries de carburants dans le pays.
Mardi, le groupe pétrolier Esso-ExxonMobil a annoncé le redémarrage de la production de sa raffinerie de Port-Jérôme-Gravenchon (ouest). La raffinerie voisine de TotalEnergies, à Gonfreville-L'Orcher est la seule dont la production est encore arrêtée en raison de la grève.
Une intersyndicale est prévue dans la soirée pour décider d'une nouvelle journée de mobilisation avant la décision du Conseil constitutionnel.
Laurent Berger espère que les Sages censureront «l'ensemble de la loi» le 14 avril. Le Conseil peut valider le projet, le censurer partiellement ou en totalité.
Politiquement, le conflit semble tourner à l'avantage de l'extrême droite de Marine Le Pen, opposée à la réforme mais discrète depuis le début du conflit.
Selon un sondage publié mercredi, 47% des Français considèrent que la dirigeante du Rassemblement national «a la stature d'une présidente de la république», en hausse de 5 points en un an, et qu'elle est «capable de réformer le pays» (51%, + 8 points).