Au lendemain du départ spectaculaire de deux de ses ministres, le Premier ministre Boris Johnson fait face à de nouveaux départs au sein de son gouvernement mercredi. Une vague de démissions qui pousse «Bojo» à lutter pour sa survie politique.
dapi
06.07.2022, 12:22
06.07.2022, 13:13
ATS
Ces départs arrivent dans la foulée de ceux des ministres de la Santé Sajid Javid et des Finances Rishi Sunak. Ils avaient annoncé à quelques minutes d'intervalle leur démission mardi soir, lassés des scandales à répétition qui secouent le gouvernement depuis des mois.
D'autres membres du gouvernement moins haut placés ont depuis eux aussi jeté l'éponge, dont trois secrétaires d'Etat mercredi, portant le nombre total de départs à plus d'une douzaine. Dernier en date à partir, le secrétaire d'Etat aux Finances John Glen a sèchement motivé sa démission par un «total manque de confiance» dans le Premier ministre.
Avenir politique en jeu
Ces deux démissions choc ont été annoncées alors que le Premier ministre venait de présenter des excuses après un énième scandale, reconnaissant avoir fait une «erreur» en nommant en février dans son gouvernement Chris Pincher, «whip» en chef adjoint chargé de la discipline parlementaire des députés conservateurs. Ce dernier a démissionné la semaine dernière après avoir été accusé d'attouchements sur deux hommes.
Mardi, après avoir affirmé l'inverse, Downing Street a reconnu que le Premier ministre avait été informé dès 2019 d'anciennes accusations à l'encontre de M. Pincher mais qu'il les avait «oubliées» en le nommant.
Fragilisé mais déterminé à rester, Boris Johnson défendra son poste à midi (13h00 heure suisse) au Parlement lors de la séance hebdomadaire de questions au Premier ministre qui s'annonce électrique. Il affrontera ensuite les présidents des principales commissions de la Chambre des Communes, parmi lesquels certains de ses critiques les plus virulents au sein de son parti conservateur.
Pluie de critiques
Ces démissions en cascade, et plus particulièrement celle de Rishi Sunak, 42 ans, interviennent dans un contexte économique particulièrement difficile, en pleine crise du coût de la vie au Royaume-Uni.
Les Britanniques attendent du gouvernement qu'il se conduise de manière «compétente» et «sérieuse» et «c'est pourquoi je démissionne», a écrit M. Sunak dans sa lettre à M. Johnson. De son côté, M. Javid, 52 ans, a jugé que les Britanniques étaient en droit d'attendre «de l'intégrité de la part de leur gouvernement».
Dans le Telegraph, l'ancien secrétaire d'Etat chargé du Brexit, David Frost, qui avait lui aussi démissionné en décembre, a appelé Boris Johnson à démissionner car «s'il s'accroche, il risque d'entraîner le parti et le gouvernement avec lui».
Maigres soutiens
Boris Johnson a rapidement remplacé les deux démissionnaires en nommant son ministre de l'Education Nadhim Zahawi aux Finances et Steve Barclay, jusque-là chargé de la coordination gouvernementale, à la Santé. Il est parfois «facile de s'en aller», mais «beaucoup plus difficile» de mettre en oeuvre des réformes pour le pays, a affirmé Nadhim Zahawi mercredi sur SkyNews.
Des ministres loyaux ont réaffirmé leur soutien à «Bojo», comme Nadine Dorries, en charge de la Culture. Malgré ces marques de confiance, Boris Johnson pourra-t-il survivre à cette énième crise, lui qui a toujours refusé d'envisager la démission?
Climat politique tendu
Déjà considérablement affaibli par le scandale des fêtes organisées à Downing Street pendant la pandémie, il a survécu il y a quelques semaines à un vote de défiance de son propre camp.
Se sont ajoutées depuis plusieurs affaires à caractère sexuel au Parlement: un député soupçonné de viol a été arrêté puis libéré sous caution mi-mai, un autre a démissionné en avril pour avoir regardé de la pornographie à la Chambre sur son téléphone portable en avril et un ancien député a été condamné en mai à 18 mois de prison pour l'agression sexuelle d'un adolescent de 15 ans.
Le départ de ces deux derniers députés a provoqué des élections législatives partielles et de lourdes défaites pour les conservateurs. Et ce alors que le parti avait déjà essuyé un très mauvais résultat aux élections locales de mai.
Le contexte économique est en outre particulièrement délicat, avec une inflation au plus haut depuis quarante ans, à 9,1% en mai sur douze mois, et des mouvements sociaux. Selon un sondage de l'institut YouGov mardi soir, 69% des électeurs britanniques estiment que Boris Johnson devrait démissionner.