Emmanuel Macron a accentué mardi la pression sur les responsables politiques libanais. Il les a appelés à lancer «au plus vite» de véritables réformes susceptibles de répondre à la colère des Libanais, un mois après la terrible explosion au port de Beyrouth.
«C'est la dernière chance pour le système» libanais, a averti le président français au début de sa seconde visite à Beyrouth en un mois. Face à la colère grandissante de la population, qui dénonce l'incurie du pouvoir et la corruption, il entend «accompagner cette pression» pour convaincre la classe politique de changer.
Il a ainsi annoncé qu'il reviendrait une nouvelle fois au Liban en décembre. «C'est un pari risqué que je fais. J'en suis conscient. Je mets sur la table la seule chose que j'ai: mon capital politique», a-t-il expliqué au site d'information américain Politico.
«Aucune naïveté»
Emmanuel Macron a discuté avec les principaux responsables politiques au cours d'un déjeuner au palais présidentiel puis en les conviant dans l'après-midi à la résidence de l'ambassadeur de France. Parmi eux figure le nouveau Premier ministre, Moustapha Adib, nommé lundi quelques heures avant l'arrivée de M. Macron.
Le chef de l'Etat français a fait connaissance avec lui lundi soir, avant de le retrouver mardi au palais présidentiel de Baabda. Pour lui, la nomination de M. Adib en quelques semaines et non «en six mois» est «un premier signe» de changement.
Mais il assure n'avoir «aucune naïveté» et vouloir «pousser» pour que le nouveau Premier ministre forme sans délai «un gouvernement de mission» capable de «lancer des réformes» structurelles, a-t-il ajouté dans un entretien au site Brut.
Améliorer la gouvernance
La mise en oeuvre de «véritables réformes» pour une meilleure gouvernance et contre la corruption endémique doit permettre au Liban de bénéficier d'un soutien international de plusieurs milliards d'euros, jusqu'à présent bloqués par l'impasse politique.
Dans un signe de la volonté des autorités à endiguer la corruption, le ministre des Finances démissionnaire Ghazi Wazni a signé mardi des contrats avec plusieurs cabinets pour un audit juricomptable de la Banque du Liban, une demande pressante du Fonds monétaire international et de la France.
Les discussions avec les responsables politiques font partie des points les plus sensibles de la visite d'Emmanuel Macron, notamment avec le puissant Hezbollah. De nombreux pays occidentaux, dont les Etats-Unis, refusent tout contact avec le mouvement chiite en raison de ses liens avec l'Iran et de ses activités «terroristes».
«On ne partage pas ses valeurs, mais est-ce que nous pouvons avoir un rôle utile en refusant qu'il soit autour de la table? Je pense que ce serait une erreur», a justifié M. Macron.
Conférence en octobre
Au cours de sa visite menée au pas de course, le président français a aussi fait le point sur la distribution de l'aide internationale promise au lendemain de l'explosion du 4 août au port de Beyrouth, qui a fait au moins 188 morts et plus de 6500 blessés.
«Il faut qu'on continue à mobiliser toute la communauté internationale», a-t-il promis, en annonçant son intention de réunir en octobre à Paris «une conférence internationale de soutien avec les Nations unies» pour lever de nouveaux fonds.
Il a aussi assuré que la distribution de l'aide serait mieux coordonnée et contrôlée, alors que des ONG regrettent le manque de soutien.
Des tonnes de débris
L'explosion a provoqué entre 100'000 et 800'000 tonnes de débris, a expliqué depuis Beyrouth une responsable de l'ONU à la presse à Genève. Selon une première évaluation, celle-ci a eu un impact limité sur la pollution de l'air mais certaines composantes pourraient toutefois dégager des substances chimiques toxiques.
Raison pour laquelle, il ne faut pas prendre en charge ces déchets sur les sites municipaux habituels, dont certains ont aussi été endommagés par l'explosion, ajoute la responsable onusienne.
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