Israël Nouvelles élections en Israël en septembre

ATS

30.5.2019 - 00:30

Le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou (à droite sur le cliché), au pouvoir depuis plus de dix ans sans discontinuer, est cerné par les enquêtes pour corruption.
Le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou (à droite sur le cliché), au pouvoir depuis plus de dix ans sans discontinuer, est cerné par les enquêtes pour corruption.
Source: KEYSTONE/EPA/ABIR SULTAN

Face à l'incapacité du premier ministre israélien Benyamin Netanyahou à former une coalition de gouvernement, le Parlement israélien a voté jeudi pour sa dissolution, moins de deux mois après avoir été élu. De nouvelles législatives auront lieu le 17 septembre.

A l'issue d'un psychodrame qui s'est prolongé jusqu'après minuit dans une tension grandissante, la Knesset a validé de nouvelles élections en deuxième et troisième lectures par 74 voix pour et 45 contre, à l'instigation du Likoud du premier ministre.

C'est pourtant un échec pour M. Netanyahu, au pouvoir sans discontinuité depuis 1999 et plus de 13 ans au total en comptant un premier mandat. L'avenir de cette figure dominante au point d'en paraître imbattable, mais aujourd'hui menacée d'inculpation pour corruption, devrait à nouveau se trouver au coeur de la prochaine campagne.

Ce développement sans précédent résulte de l'incapacité de M. Netanyahou, 69 ans, à former une coalition de gouvernement avec les partis de droite arrivés en tête des législatives du 9 avril. Il a préféré provoquer de nouvelles élections que de voir le président Reuven Rivlin donner à un autre que lui sa chance de rassembler une majorité de gouvernement avec la Knesset existante.

Laïcs et ultra-orthodoxes opposés

M. Netanyahou aurait pu se désister, mais il n'est préoccupé que de sa survie politique, ont dénoncé ses adversaires. Il s'accroche à son poste pour faire voter des lois le protégeant des poursuites, accusent-ils.

Le chef du gouvernement sortant avait jusqu'à minuit (23h00 en Suisse) pour fédérer en une coalition gouvernementale la majorité théorique de 65 sièges née des élections d'avril. Parmi eux: les cinq mandats parlementaires du parti laïc et nationaliste Israël Beiteinou et les seize des deux partis ultra-orthodoxes représentant les quelque 10% d'Israéliens observant rigoureusement les règles du judaïsme.

M. Netanyahou, le maître stratège qui triomphait dans la nuit du le 9 avril, n'a pas réussi à surmonter le vieil antagonisme entre laïcs nationalistes et ultra-orthodoxes, autour d'un sujet social qui résiste au temps: l'exemption de service militaire dont bénéficient des dizaines de milliers d'étudiants des écoles talmudiques.

Dans un pays où tous, sauf exception, sont soumis à la conscription, ce régime de faveur est perçu par beaucoup comme une injustice.

Rejet de la faute

Sur ce sujet, M. Netanyahou s'est heurté à un mur en la personne d'Avigdor Lieberman, chef d'Israël Beiteinou. Celui qui était encore le ministre de la défense en 2018 n'en a pas démordu, refusant de participer au gouvernement sans un engagement que serait votée une loi annulant l'exemption systématique des ultra-orthodoxes.

M. Netanyahou avait tenté une proposition de dernière minute pour résoudre le casse-tête, en vain.

Tout le monde s'est rejeté la faute de ce fiasco. «Incroyable, kafkaïen», s'est étranglé M. Netanyahou. «M. Lieberman n'avait aucune intention de parvenir à un accord. Il voulait juste faire tomber le gouvernement. M. Lieberman appartient désormais à la gauche», a-t-il martelé.

«On s'est servi de manière cynique de la loi sur la conscription pour semer la confusion dans l'esprit du public, inciter à la haine contre les ultra-orthodoxes et marquer des points», s'est indigné le leader ultra-orthodoxe Yaakov Litzman.

«Le seul responsable du fait qu'Israël doit revoter, c'est le Likoud», a répondu M. Lieberman sur Facebook après le vote.

Benyamin Netanyahou est menacé d'inculpation dans trois affaires de corruption. Il clame son innocence et dénonce une «chasse aux sorcières».

Retour à la page d'accueil