Nouvelles électionsEn Israël, Netanyahu veut retrouver sa couronne
ATS
28.10.2022 - 08:30
L'ex-Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, inculpé pour corruption, vise un retour au pouvoir à l'issue des législatives du 1er novembre. Il s'agit des cinquièmes en moins de quatre ans en Israël, sur fond cette fois de poussée de l'extrême droite et de division du vote arabe.
28.10.2022, 08:30
28.10.2022, 08:43
ATS
Si M. Netanyahu a livré ses dernières batailles électorales avec la casquette de «Rosh HaMemshela», de «Premier ministre» en français, il monte cette fois sur le ring en position de leader de l'opposition face au chef du gouvernement sortant, Yaïr Lapid.
Les derniers sondages placent encore et toujours le Likoud de M. Netanyahu en pole position avec un peu plus d'une trentaine de sièges sur les 120 de la Knesset, le Parlement, devant la formation Yesh Atid ("Il y a un futur") de M. Lapid qui progresse au point d'être créditée de 24 à 27 sièges.
Suivent derrière une dizaine de partis dont les résultats seront cruciaux pour la formation possible d'un gouvernement, notamment pour M. Netanyahu qui dit chercher à réunir 61 sièges, seuil de la majorité, avec l'appui des formations ultra-orthodoxes et de l'extrême droite.
L'alliance d'extrême droite de Bezalel Smotrich et d'Itamar Ben Gvir avait récolté six sièges lors des élections de 2021, mais est créditée aujourd'hui d'environ 14 députés selon les sondages, qui place désormais «Sionisme religieux» en troisième place de l'échiquier politique.
La majorité
En réunissant ces voix, M. Netanyahu flirte avec le seuil de la majorité sans toutefois l'atteindre ou la dépasser, notent les baromètres commandés par les médias israéliens.
Ex-journaliste vedette, Yaïr Lapid avait rassemblé l'an dernier un ensemble hétéroclite de partis hostiles à Benjamin Netanyahu et chassé du pouvoir ce Premier ministre le plus pérenne de l'histoire d'Israël, qui a dirigé les gouvernements 1996 à 1999 et de 2009 à 2021.
Aujourd'hui, cette coalition bigarrée reste à cinq ou six sièges du seuil de la majorité et devra ratisser encore plus large si elle veut rester au pouvoir. «Lapid sait qu'il ne peut pas atteindre directement 61 députés, alors son but est que Netanyahu n'y arrive pas de son côté avec ses alliés», confie à l'AFP un de ses proches.
«Lapid dit être le seul à pouvoir réunir le vote anti-Netanyahu. Son but est de faire accroître le soutien à son parti, mais il doit s'assurer aussi que ses partenaires éventuels atteignent le seuil d'éligibilité», note Gayil Talshir, professeur de sciences politiques à l'Université hébraïque de Jérusalem.
Fatigue et division
Dans le système proportionnel en vigueur en Israël, les partis doivent obtenir un minimum de 3,25% des suffrages pour faire élire des députés (soit un minimum de quatre). Or plusieurs partis oscillent autour de ce seuil. Leur capacité à l'atteindre ou à le dépasser est intimement liée au taux de participation à ce nouveau cycle électoral.
En dépit d'une «fatigue absolue» des électeurs, l'analyste politique Dahlia Scheindlin s'attend à une participation encore élevée au scrutin qui pourrait sceller le sort politique de Benjamin Netanyahu et de son projet de gouvernement avec l'extrême droite. Si les électeurs «n'ont pas changé de manière significative au cours des derniers cycles électoraux», le jeu des alliances lui pourrait changer, selon le résultat de chacun, dit-elle à l'AFP.
Pour ces élections, les partis arabes, plus hostiles à l'égard de M. Netanyahu, se présentent en ordre dispersé, en trois blocs, d'où le risque que certains d'entre eux ne franchissent pas le seuil d'éligibilité. «Il est clair que les partis arabes traversent une crise interne», explique à l'AFP Mansour Abbas, chef de la formation Raam qui était devenue l'an dernier la première formation arabe de l'histoire d'Israël à soutenir la coalition sortante de M. Lapid.
S'il parvient à réunir une majorité de 61 sièges, Netanyahu, qui a publié ses mémoires deux semaines avant le scrutin, pourrait tenter de se faire voter une immunité par le Parlement. Mais sinon, il «pourrait négocier une peine avec la justice», note Mme Talshir. «Et avec la publication de ses mémoires, c'est comme s'il préparait le terrain à son départ».