Péninsule coréenne Nouvelles menaces de la Corée du Nord

ATS

9.6.2020 - 18:25

Les militants expédient des tracts anti-Pyongyang en Corée du Nord au moyen de ballons gonflables (archives).
Les militants expédient des tracts anti-Pyongyang en Corée du Nord au moyen de ballons gonflables (archives).
Source: KEYSTONE/AP/Ahn Young-joon

La Corée du Nord a annoncé qu'elle coupait mardi ses canaux de communication politique et militaire avec l'«ennemi» sud-coréen. Pour certains experts, cette annonce constitue une tentative de Pyongyang de créer une crise de toutes pièces.

Depuis la semaine dernière, le régime communiste a proféré des reproches acrimonieux envers son voisin du Sud au sujet de l'envoi sur son territoire de prospectus anti-Pyongyang par des militants. Il a organisé des rassemblements de grande ampleur à travers le pays à l'appui de ses menaces.

Ces dernières interviennent au moment où les relations entre les deux voisins sont dans l'impasse malgré trois sommets en 2018 entre le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un et le président sud-coréen Moon Jae-in. Et à trois jours de l'anniversaire du premier sommet entre M. Kim et le président américain Donald Trump à Singapour en 2018.

Appel américain

«Déçu» par la décision nord-coréenne, le département d'Etat américain a «exhorté la Corée du Nord à reprendre le chemin de la diplomatie et de la coopération».

Le Nord a cessé la plupart de ses contacts avec le Sud après l'échec du deuxième sommet Trump-Kim en février 2019, qui a laissé les tractations sur le nucléaire nord-coréen au point mort. Selon des analystes, Pyongyang n'a entrepris aucune démarche substantielle vers l'abandon de ses programmes d'armement qui lui valent d'être visé par de sévères sanctions de l'ONU.

Et il tourne de plus en plus son ire vers Séoul, effectuant ces derniers mois des essais militaires et se livrant à des provocations comme lorsqu'il a pris pour cible en mai un poste de surveillance du Sud dans la Zone démilitarisée (DMZ) qui sépare les deux Corées.

La soeur de Kim

Pyongyang «va complètement couper la liaison entre les autorités du Nord et du Sud», ainsi que d'autres canaux de communication entre les forces armées ou les partis politiques au pouvoir dans les deux pays, a détaillé l'agence d'Etat nord-coréenne KCNA. Cette interruption était programmée pour 12h00 mardi (05h00 suisses).

KCNA a précisé que cette décision a été prise par Kim Yo Jong, influente soeur de Kim Jong Un, et par le vice-président du Parti des travailleurs au pouvoir Kim Yong Chol. Une initiative qui vise à démontrer l'autorité croissante de la jeune femme.

Elle a menacé la semaine dernière de rendre caduc l'accord militaire entre les deux pays à moins que Séoul n'empêche les militants d'envoyer les prospectus anti-Pyongyang. Cet accord a été signé en septembre 2018 lors de la visite de Moon Jae-in au Nord, pour apaiser les tensions à la frontière. Mais il n'a pas encore vraiment été mis en oeuvre.

Appels sans réponse

Mardi matin, des appels du Sud vers le Nord sur les lignes spéciales sont restés sans réponse, ont indiqué des responsables à Séoul.

Le communiqué nord-coréen dénonce les dissidents nord-coréens et d'autres militants qui ont pour habitude depuis des années de lâcher vers le Nord des ballons chargés de prospectus dénonçant le bilan du régime communiste en matière de droits humains ainsi que ses ambitions nucléaires.

Selon Pyongyang, les autorités sud-coréennes sont de connivence avec ces «actions hostiles», «ce qui a eu pour conséquence de mener les relations inter-coréennes à la catastrophe».

«Nous sommes parvenus à la conclusion qu'il n'était nullement nécessaire de s'asseoir face-à-face avec les autorités sud-coréennes et qu'il n'y avait pas matière à discuter avec elles, car elles n'ont fait qu'alimenter notre consternation», écrit l'agence.

Des experts évoquent une accélération de la stratégie de Pyongyang pour faire monter la pression sur son voisin.

Depuis les tirs à la DMZ – que le Sud qualifie d'accidentels -, le Nord «a essayé de créer des remous avec une provocation de faible ampleur», avance Shin Beom-chul de l'Institut de recherche coréen pour la sécurité nationale.

«Il essaie de secouer la politique de la Corée du Sud envers le Nord», a-t-il ajouté. «Avec Kim Yo Jong à la manoeuvre, ce ne sera pas un événement isolé». «Ils commencent avec la Corée du Sud puis la ligne dure sera étendue aux Etats-Unis».

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