Etats-Unis Nouvelles révélations contre Trump

ATS

26.9.2019 - 21:33

Le scandale frappant Donald Trump a gagné en ampleur jeudi avec la publication d'un document d'un lanceur d'alerte. Il accuse la Maison Blanche d'avoir voulu garder secret l'appel du président américain demandant à son homologue ukrainien d'enquêter sur un rival.

Cette publication accroît encore la pression sur le président américain, à l'encontre duquel les démocrates ont ouvert mardi une procédure de destitution, une démarche rarissime aux lourdes conséquences à près de 400 jours du scrutin.

Dans un tweet en lettres capitales, Donald Trump a appelé les républicains à «se battre». «L'avenir du pays est en jeu», a ajouté le milliardaire qui dénonce à cor et à cri depuis deux jours «la pire chasse aux sorcières de l'histoire des Etats-Unis».

La crise trouve sa source dans un échange téléphonique, le 25 juillet, entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky, au cours duquel le président américain a demandé à son homologue ukrainien d'enquêter sur le démocrate Joe Biden, parmi les favoris de la primaire démocrate en vue de l'élection de 2020.

«Ingérence sollicitée»

La conversation a suscité l'inquiétude d'un mystérieux lanceur d'alerte – appartenant à la CIA, croit savoir le New York Times – qui avait, début août, transmis un signalement sur la teneur de cet appel. Le président «a utilisé les capacités de sa fonction pour solliciter l'ingérence d'un pays étranger dans l'élection de 2020 aux Etats-Unis», dénonce-t-il dans ce document, rendu public jeudi après un bras de fer entre le Congrès et l'exécutif.

Dans les jours suivants cet échange, poursuit-il, les avocats de la Maison Blanche «sont intervenus pour 'verrouiller' toutes les archives liées à l'appel téléphonique», notamment en ordonnant de les conserver dans un «système électronique distinct» de celui utilisé habituellement.

Pour lui, cela prouve que l'entourage du président «comprenait la gravité de ce qui s'était passé». Il ajoute que, selon ses sources, deux hauts responsables américains ont ensuite «donné des conseils aux autorités ukrainiennes sur la manière de 'contourner' les demandes du président».

«Etouffer l'affaire»

L'auteur de ce signalement, jugé «crédible» par l'inspecteur général des services du renseignement, précise ne pas avoir directement assisté à l'appel mais avoir échangé avec plus d'une demi-dizaine de responsables «très perturbés» par cet appel. Interrogé jeudi au Congrès, le directeur du renseignement national (DNI) Joseph Maguire, qui avait bloqué la transmission de ce signalement, a déclaré ne pas connaître l'identité du lanceur d'alerte.

«Rien n'a changé avec la publication de ce signalement», a balayé la Maison Blanche dans un communiqué, en évoquant une «compilation de récits de troisième main et d'articles de presse», «qui ne montrent rien d'inapproprié».

«C'est une manoeuvre pour étouffer» l'affaire, a lancé Mme Pelosi, qui a longtemps freiné l'aile gauche du parti démocrate désireuse d'initier une procédure de destitution contre Donald Trump. «Nous devons mener une enquête pour clarifier les faits», a-t-elle ajouté, reprochant à M. Trump de «mépriser» la Constitution mais promettant de ne pas «se précipiter sur les conclusions».

La veille, la publication du compte-rendu de la conversation téléphonique au coeur du scandale avait suscité le même type de réaction. MM. Trump et Zelensky ont qualifié leur échange d'«anodin» et de «normal», les démocrates l'ont jugé «accablant».

Long feuilleton en vue

Dans cette discussion, l'asymétrie de la relation est notable mais M. Trump ne brandit pas de menace concrète. Il invite en revanche M. Zelensky à la Maison Blanche. Les Etats-Unis ont «été très très bon à l'égard de l'Ukraine» sans que cela ait été «forcément réciproque», souligne Donald Trump, avant d'évoquer Joe Biden et les affaires en Ukraine de son fils Hunter.

«Beaucoup de gens veulent en savoir plus sur le sujet, donc cela serait formidable si vous pouviez vous pencher dessus», dit-il à Volodymyr Zelensky, un novice en politique élu en avril à la tête de son pays très dépendant de l'aide américaine.

A quelques 400 jours du scrutin, la chef des démocrates au Congrès Nancy Pelosi a annoncé mardi, après avoir tempéré les ardeurs de ses troupes pendant des mois, que la Chambre des représentants allait lancer une procédure de destitution contre le président.

Compte-tenu de la majorité démocrate à la Chambre, Donald Trump risque bien d'être mis en accusation («impeachment en anglais), ce qui n'est arrivé qu'à deux de ses prédécesseurs. Les républicains contrôlant le Sénat qui, selon la Constitution, sera chargé de le juger, il a de bonnes chances de rester en poste.

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