Nucléaire iranienLa fuite d'un audio viserait à «créer la discorde»
ATS
28.4.2021 - 12:33
Le président iranien, Hassan Rohani, a estimé mercredi que la fuite d'un enregistrement audio de son ministre des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, visait à créer la «discorde» à Téhéran, en pleines discussions internationales pour relancer un accord sur le nucléaire iranien.
Keystone-SDA
28.04.2021, 12:33
ATS
Les propos controversés de M. Zarif, qui évoquait l'influence de l'armée dans la diplomatie iranienne, ont été divulgués alors que l'Iran et les grandes puissances sont engagés dans des pourparlers à Vienne. Le but est de ramener les Etats-Unis à l'accord de 2015 qu'ils ont abandonné sous la présidence de Donald Trump et de persuader Téhéran de se conformer aux obligations nucléaires auxquelles il a renoncé en représailles.
La fuite de cet enregistrement relayé dimanche par des médias à l'étranger intervient à moins de deux mois de l'élection présidentielle en Iran et provoque de vives critiques dans le pays, notamment chez les conservateurs, qui s'en prennent souvent à M. Rohani, un modéré, et à son ministre.
M. Zarif a été cité comme un candidat possible à la présidentielle du 18 juin, même s'il a déclaré ne pas avoir l'intention de se présenter, tandis que M. Rohani quittera le pouvoir après deux mandats.
Pour M. Rohani, «voler un document, une cassette, c'est quelque chose qui doit faire l'objet d'une enquête. Pourquoi à ce moment-là? À mon avis, cet enregistrement (...) aurait pu être publié il y a une semaine également», a déclaré le président iranien lors d'une réunion de son cabinet, selon des déclarations retransmises à la télévision.
Mais la divulgation de l'enregistrement intervient «juste au moment où les (pourparlers) de Vienne étaient à l'apogée de leur succès, de manière à créer la discorde à l'intérieur» de l'Iran, a-t-il souligné, après avoir ordonné mardi l'ouverture d'une enquête visant à identifier le ou les auteurs de la fuite.
«Ajustement intelligent»
Dans une première réaction publique depuis la divulgation de cet audio, M. Zarif s'est déclaré mercredi favorable à un «ajustement intelligent» entre les sphères militaire et diplomatique, et regrette que cette fuite se soit transformée en «querelles intestines». Le «point principal» des observations faites dans cet enregistrement est de souligner «la nécessité d'un ajustement intelligent de la relation entre ces deux ailes» du pouvoir iranien, a ajouté le ministre iranien sur son compte Instagram.
Des médias à l'étranger, parmi lesquels le New York Times, ont diffusé ce qu'ils ont présenté comme des extraits d'une conversation enregistrée de M. Zarif, sans préciser comment ils les avaient obtenus.
D'après un extrait publié par le quotidien américain, le ministre a déclaré: «Dans la République islamique, le champ militaire règne. J'ai sacrifié la diplomatie au (profit) du champ militaire» alors que le «champ militaire» doit être «au service de la diplomatie», en référence au rôle du feu général Qassem Soleimani dans la politique étrangère du pays.
Surnommé «l'homme des champs de bataille», Qassem Soleimani a été tué dans une frappe américaine de drone à Bagdad en janvier 2020. Il était le chef de la Force Qods, chargée des opérations extérieures des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique.
Discussions diplomatiques
Téhéran continue de réclamer la levée des sanctions internationales liées à son programme nucléaire, comme l'a répété mercredi M. Rohani. Les représentants des Etats toujours parties à l'accord de 2015 (Iran, Chine, Russie, France, Allemagne, Royaume-Uni) se sont retrouvés mardi dans la capitale autrichienne et ils ont convenu «d'accélérer le processus», selon Téhéran, pour sauver l'accord.
Conclu pendant le premier mandat de M. Rohani, à l'issue de longues négociations menées par M. Zarif, l'accord visait à accorder à l'Iran un allègement des sanctions en échange de limites sur son programme nucléaire. Mais il a commencé à s'effilocher en 2018, lorsque M. Trump en a retiré les Etats-Unis et a réimposé des sanctions. En réponse, l'Iran a intensifié ses activités nucléaires un an plus tard.