Bande de Gaza Obsèques d'un reporter d'Al Jazeera tué dans une frappe israélienne

olpe

16.12.2023 - 23:15

Des dizaines de journalistes ont participé samedi aux funérailles d'un caméraman de la chaîne qatarie Al Jazeera. Celui-ci a avait été tué la veille par une frappe israélienne dans le sud de la bande de Gaza, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Keystone-SDA, olpe

La dépouille de Samer Abou Daqa, sur laquelle avaient été posés son gilet pare-balles siglé «presse» et son casque, a été transporté à travers la foule à Khan Younès, avant d'être enterré dans un trou creusé par des confrères.

«Travailler dans la presse est dangereux», s'est lamentée la mère du journaliste, Oum Maher Abou Daqa, accusant Israël de cibler «les journalistes, en particulier ceux qui travaillent pour Al Jazeera».

Reportage dans une école

Abou Daqa, né en 1978, faisait un reportage dans une école de Khan Younès lorsqu'il a été touché par une attaque de drone israélien. Grièvement blessé, il est resté pendant des heures sur les lieux de la frappe car «les forces israéliennes ont empêché les ambulances» d'y parvenir, d'après la chaîne de télévision.

L'armée israélienne a affirmé de son côté avoir approuvé une voie d'accès pour une ambulance palestinienne, mais que celle-ci avait choisi de prendre un autre chemin et s'était retrouvée bloquée.

Elle a assuré par ailleurs qu'elle ne «cible jamais délibérément les journalistes» et prend «toutes les mesures opérationnelles possibles pour protéger civils et journalistes». «Compte tenu des échanges de tirs continus, rester dans une zone de combat active comporte des risques», a-t-elle argué.

L'association de la presse étrangère (FPA), le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont appelé à enquêter sur la mort de Samer Abu Dagga.

Plus de 60 journalistes tués au total

Plus de 60 journalistes et employés de médias, en majeure partie des Gazaouis, sont morts depuis le début de la guerre entre le Hamas et Israël le 7 octobre, selon le Comité pour la protection des journalistes (CPJ).

Le chef du bureau d'Al Jazeera à Gaza, Wael Dahdouh, a lui été blessé au bras dans la frappe ayant tué son collègue, quelques semaines après avoir perdu son épouse et deux de ses enfants dans un autre bombardement israélien.

«L'occupant ne veut pas de la presse»

«L'occupation (Israël) ne veut pas de la presse, elle nous a délibérément ciblés. Il n'y avait que l'équipe d'Al Jazeera et la Défense civile dans le secteur», a affirmé auprès de l'AFP M. Dahdouh.

Trois membres de la Défense civile ont également été tués et leurs funérailles ont eu lieu samedi à Khan Younès, d'après des journalistes de l'AFP sur place.

Al Jazeera «tient Israël pour responsable du fait de systématiquement cibler et tuer des journalistes d'Al Jazeera et leurs familles», a réagi la chaîne vendredi.

Blessé par un tireur isolé

Par ailleurs, le correspondant d'Al-Mashhad Muhammad Baalousha «a été blessé par un tireur isolé israélien dans la bande de Gaza», a indiqué samedi la chaîne de télévision émiratie dans communiqué.

Une balle «a pénétré dans son pied gauche et a provoqué une double fracture du fémur, ainsi qu'une profonde blessure au pied droit», a précisé la chaîne basée à Dubaï qui tente «d'évacuer son correspondant, malgré la difficulté de communication sur place». Al-Mashhad dénonce «une atteinte à la liberté de la presse».