AllemagneL'austère social-démocrate Olaf Scholz succédera-t-il à Merkel?
ATS
21.9.2021 - 08:37
Vice-chancelier et grand argentier du gouvernement Merkel, le très modéré et peu charismatique social-démocrate Olaf Scholz rêve de créer la surprise et de prendre les rênes de l'Allemagne, 16 ans après son mentor Gerhard Schröder.
21.09.2021, 08:37
21.09.2021, 08:52
ATS
Régulièrement moqué pour son allure austère et ses discours débités d'un ton d'automate, qui lui valent le surnom de «Scholzomat», l'ancien maire de Hambourg est devenu en août le favori surprise d'un scrutin totalement indécis.
Si les électeurs allemands élisaient directement leur chancelier le 26 septembre, le numéro 2 du gouvernement Merkel serait ainsi choisi au détriment du chrétien-démocrate Armin Laschet et de l'écologiste Annalena Baerbock. Mais c'est le Bundestag qui élit le chef du gouvernement allemand.
Un temps marginalisé
M. Scholz, qui répète vouloir «être chancelier» et commet à ce stade un sans-faute, doit donc devancer avec le SPD l'union conservatrice CDU-CSU et les Verts. Les sociaux-démocrates sont désormais donnés en tête.
Le rebond du SPD, à l'agonie encore en début d'année, constitue une surprise dans un pays où les électeurs de gauche restent marqués par la flexibilisation du marché du travail enclenchée il y a une vingtaine d'années par M. Schröder, puis par la politique d'austérité budgétaire défendue par M. Scholz.
Social-démocrate de tendance centriste, M. Scholz, 63 ans, a en effet succédé en 2018 au ministère des finances au très orthodoxe chrétien-démocrate Wolfgang Schaüble. Le ministre a rompu avec le ton parfois cassant et moralisateur de son prédécesseur, surtout à l'encontre des pays taxés de laxisme du sud de l'Europe. Mais il s'est bien gardé de détricoter sa gestion financière rigoureuse.
Au plan local, l'ancien édile, marié à une sympathisante du SPD, avait pu apparaître dispendieux, faisant de la petite enfance et du logement social les priorités de son mandat à Hambourg. Mais si l'élu a fait exploser le budget de sa ville qu'il a dirigée entre 2011 et 2018, il s'en est tenu une fois ministre à son credo: «On ne donne que ce que l'on a».
Rebond grâce au Covid-19
Son positionnement centriste a contribué à le marginaliser un temps au sein même de son parti. En 2019, les militants lui ont ainsi préféré pour présider le SPD un duo de quasi inconnus mais nettement plus à gauche.
M. Scholz est néanmoins parvenu à rebondir à la faveur de la pandémie de Covid-19, n'hésitant pas, comme Mme Merkel, à rompre avec la doxa budgétaire. Après une décennie à cumuler les excédents, l'Allemagne a ainsi contracté des centaines de milliards d'euros de nouvelles dettes depuis 2020, dérogeant à ses règles constitutionnelles très strictes.
«Tout cela est cher, mais ne rien faire aurait été encore plus cher», répète à l'envi M. Scholz, opposé à l'allègement de l'impôt sur les grandes fortunes promis par les conservateurs et favorable à un relèvement du salaire minimal.
Malgré le désaveu de 2019, le SPD, un des plus vieux partis européens, a choisi Olaf Scholz pour défendre ses couleurs en septembre, faisant fi des accusations de laxisme et d'aveuglement dans la faillite retentissante de la société financière Wirecard.
Né à Osnabrück le 14 juin 1958, Olaf Scholz rejoint le SPD dès 17 ans. Il a alors les cheveux longs et flirte un temps avec les idées les plus à gauche du parti. Le crâne désormais lisse, Olaf Scholz devient avocat spécialiste du droit du travail et est élu député en 1998.
Lors de son mandat de secrétaire général du SPD (2002-2004), M. Scholz doit alors tous les jours expliquer devant les caméras le détail des impopulaires réformes libérales du chancelier Schröder. Après une série d'échecs électoraux, M. Scholz avait dû céder en 2004 son poste de secrétaire général, avant de rebondir en 2007 au ministère du travail.
L'absence de celui qui admet n'être pas particulièrement «émotif» en politique ne lui a pas porté préjudice auprès de Mme Merkel, avec qui il entretient une relation de confiance. Elle lui avait apporté son soutien à l'été 2017, alors qu'il faisait face à des appels à la démission après de violentes manifestations au sommet du G20 à Hambourg.