L'hypothèse d'un gouvernement de gauche sans ministre Insoumis «ne change strictement rien» pour le Rassemblement national, qui entend toujours voter la censure si le Nouveau Front populaire est nommé à Matignon, ont indiqué lundi Marine Le Pen et Jordan Bardella.
Le parti d'extrême droite, fort de 126 députés, reste «en faveur d'un vote d'une motion de censure à l'égard d'un probable gouvernement du NFP», a d'abord indiqué M. Bardella.
Et «l'idée qu'il y ait un gouvernement du NFP où il n'y aurait pas de ministre Insoumis ne change strictement rien», a ajouté Mme Le Pen, à l'issue d'un entretien à l'Elysée avec Emmanuel Macron, qui a duré environ une heure et demie.
«Le Nouveau Front populaire est dirigé par La France insoumise», a affirmé Marine Le Pen. «Donc c'est Jean-Luc Mélenchon qui dirigera en réalité ce gouvernement.»
«Il n'est pas question» de laisser passer «une politique qui viserait à aggraver considérablement l'immigration, à régulariser les clandestins», politiques, qui serait «majoritairement rejetée dans le pays», a-t-elle assuré.
La présidente du groupe RN à l'Assemblée nationale a estimé «utile» que le Premier ministre nommé soit «respectueux» des électeurs du RN mais aussi de «leurs idées».
«On ne peut pas faire comme s'il ne s'était rien passé» lors des élections législatives, a affirmé la députée d'extrême droite, qui a par ailleurs balayé l'hypothèse d'un gouvernement technique. «Je n'y crois pas du tout. (...) Il n'y a que des gouvernements politiques planqués derrière des appellations techniques», a-t-elle déclaré. «Nous avions dit soit il y aura une majorité stable Rassemblement national, soit ce sera le chaos. Emmanuel Macron a choisi le chaos», a-t-elle déploré.
Face à la «paralysie de la vie politique française», la cheffe de file des députés RN a demandé à Emmanuel Macron l'ouverture d'une session extraordinaire de l'Assemblée nationale avant la nomination d'un Premier ministre et son gouvernement, pour pouvoir éventuellement le censurer.
«Ce que je veux, c'est que l'Assemblée nationale puisse être en situation d'opérer une censure si c'est nécessaire», a déclaré Mme Le Pen. Alors que les députés doivent se réunir en session ordinaire à partir du 1er octobre, «je ne veux pas que pendant un mois, un Premier ministre puisse par décret, par toute une série de moyens donnés par la Constitution, mettre en œuvre une politique qui soit toxique, dangereuse pour les Français», a insisté Mme Le Pen.
De son côté, le président du Rassemblement national Jordan Bardella a assuré que les membres de son parti ont «travaillé cet été» pour «préparer la rentrée», assurant qu'il y aura «des changements dans l'organisation du RN».