ONU Une Bulgare surveillera les droits humains en Russie

sn, ats

4.4.2023 - 17:43

La Bulgare Mariana Katzarova sera rapporteuse spéciale de l'ONU sur la Russie. Le Conseil des droits de l'homme l'a nommée mardi à Genève. Après des semaines de travaux, il a réclamé un accès aux enfants ukrainiens déportés et a renforcé la surveillance en Haïti.

La Bulgare Mariana Katzarova devra rendre un rapport dans quelques mois sur la situation des droits humains en Russie (archives).
La Bulgare Mariana Katzarova devra rendre un rapport dans quelques mois sur la situation des droits humains en Russie (archives).
ATS

Keystone-SDA, sn, ats

Mme Katzarova, spécialiste de la lutte contre le trafic d'êtres humains et contre les violences contre les femmes, était le premier choix du président de l'instance onusienne. Elle connaît bien la région pour avoir travaillé beaucoup sur la Russie par le passé.

Mme Katzarova devra rendre un rapport dans six mois au Conseil. Le lancement de ce mandat d'expert indépendant est le premier à cibler une grande puissance, symbole de la perte de soutiens par la Russie. Il avait été approuvé il y a quelques mois par le Conseil des droits de l'homme.

Celui-ci demandait aux autorités russes d'honorer les libertés fondamentales et se disait «gravement préoccupé» par la détérioration dans ce pays et par la «répression systématique», en particulier contre les femmes. La Russie avait dénoncé une «politisation» par les Etats-Unis et leurs alliés. Elle avait dit que la résolution n'a «rien à voir avec une préoccupation pour les droits des Russes», mais souhaite «punir» Moscou pour la guerre en Ukraine.

Le nouveau mandat a été lancé après que des dizaines de pays, dont la Suisse, avaient eux demandé en 2021 la libération «sans conditions» de l'opposant Alexeï Navalny et de tous les détenus arbitraires. Ces derniers mois, l'ONU a dénoncé à de nombreuses reprises l'attitude de Moscou.

Enquêteurs sur l'Ukraine prolongés

Le Haut-Commissariat aux droits de l'homme avait demandé aux autorités russes de revenir sur la criminalisation de personnes qui ont des contacts non déclarés avec d'autres Etats ou des organisations étrangères et internationales. Il avait également appelé à la libération des manifestants contre la mobilisation partielle qui a été décrétée par le gouvernement.

La guerre en Ukraine aura été à nouveau au centre des travaux du Conseil. La venue du vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov, pour la première fois en présentiel devant l'instance depuis l'invasion il y a plus d'un an, aura attiré une vague de réprobation de Kiev et de ses alliés.

Prolongée mardi pour un an, la Commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU sur l'Ukraine a estimé il y a quelques semaines dans son premier rapport final que des actes équivalant à de possibles crimes contre l'humanité ont été perpétrés par Moscou. L'Ukraine s'est vu reprocher de possibles crimes de guerre dans quelques cas.

Mardi, après l'Assemblée générale de l'ONU il y a moins de deux mois, le Conseil a appelé Moscou à mettre un terme aux déportations d'enfants vers le territoire russe. Il a souhaité un accès «sans entrave» et «immédiat» à ceux-ci et aux civils victimes de déplacements forcés pour les mécanismes internationaux des droits humains et humanitaires.

Expert nommé sur Haïti

Il a également décidé de renforcer la surveillance sur la situation en Haïti. Il a demandé au Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme de nommer pour un an un expert indépendant.

Ce durcissement a lui été mené après le lancement il y a quelques mois d'un comité de sanctions par le Conseil de sécurité à New York. Dans une résolution, le Conseil des droits de l'homme affirme l'importance de lutter contre les groupes criminels et de rétablir la sécurité dans ce pays.

Il a demandé aussi aux autorités de protéger davantage les droits humains et de garantir l'Etat de droit. Le Haut commissaire de l'ONU aux droits de l'homme devra lui présenter un rapport dans un an sur cette situation.

Il y a deux semaines, son bureau avait affirmé de son côté que plus de 530 personnes sont décédées depuis début janvier dans les violences. Au total, 300 personnes ont été blessées et plus de 270 ont été enlevées.

Inquiet de la situation en Iran

Sur l'Iran, le Conseil s'est dit très inquiet des indications de l'augmentation d'exécutions depuis les manifestations après le décès de la jeune Mahsa Ahmini, qui avait été arrêtée par la police pour avoir mal porté le voile islamique. Et il a appelé les autorités à faire en sorte que personne ne soit condamné à la peine capitale s'il n'a pas perpétré «les crimes les plus graves».

De son côté, la Suisse, qui n'est actuellement pas membre du Conseil, a été entendue sans vote sur les deux résolutions qu'elle défendait. Des «succès», a affirmé l'ambassadeur suisse à l'ONU à Genève Jürg Lauber. Mais la résolution sur le droit à un environnement propre, sain et durable a été ciblée par plusieurs Etats.

Les Etats-Unis se sont dissociés du texte, lui reprochant de détailler des droits et des obligations qui ne sont pas reconnus en droit international. Ils ont appelé à un groupe intergouvernemental pour aborder cette question.