Le président turc Recep Tayyip Erdogan a donné vendredi son feu vert à l'entrée dans l'Otan de la Finlande, soumettant au parlement turc la ratification de la demande d'adhésion finlandaise. Une décision aussitôt saluée par l'Alliance atlantique.
17.03.2023, 16:53
ATS
«Nous avons décidé d'entamer le processus d'adhésion de la Finlande à l'Otan dans notre parlement», a-t-il dit à l'issue d'une rencontre à Ankara avec le président finlandais Sauli Niinistö.
«La chose la plus importante est que la Finlande et la Suède deviennent rapidement membres à part entière de l'Otan, et non pas qu'elles adhèrent exactement en même temps», a affirmé peu après le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, dans une déclaration saluant l'annonce de M. Erdogan.
Le feu vert du président turc ouvre un peu plus la voie à l'entrée du pays nordique dans l'Alliance atlantique, 28 des 30 Etats membres de l'Otan ayant déjà approuvé la candidature finlandaise.
La Hongrie doit elle aussi ratifier les demandes d'adhésion finlandaise et suédoise, présentées conjointement l'an dernier suite à l'invasion de l'Ukraine par la Russie, et qui nécessitent d'être approuvées à l'unanimité.
M. Erdogan, qui a reçu vendredi son homologue finlandais, bloquait depuis mai 2022 l'entrée dans l'Alliance atlantique du pays nordique et, plus encore, de son voisin suédois.
La Turquie accuse notamment Stockholm de passivité face à des «terroristes» kurdes réfugiés en Suède, réclamant des extraditions sur lesquelles le gouvernement n'a pas le dernier mot.
«Mesures concrètes»
Mais le chef de l'Etat turc, qui continue de bloquer la candidature suédoise, a reconnu les «mesures concrètes» prises par Helsinki ces derniers mois.
«J'espère que (la ratification) aura lieu avant les élections», a indiqué le président turc lors d'une conférence de presse avec son homologue finlandais.
Les élections présidentielle et législatives turques sont prévues le 14 mai, mais le Parlement turc devrait interrompre ses travaux environ un mois avant le double scrutin.
«Très important pour la Finlande»
«Nous espérons que le Parlement (turc) aura le temps», a déclaré le président finlandais, qualifiant le processus de «très important pour la Finlande».
La Finlande, soumise à une neutralité forcée par Moscou après sa guerre avec l'Union soviétique lors du deuxième conflit mondial, partage la plus longue frontière européenne (1340 km) avec la Russie, derrière l'Ukraine.
M. Niinistö a toutefois jugé que «la candidature de la Finlande n'est pas complète sans celle de la Suède». Les choses sont beaucoup plus compliquées pour la Suède, qui continue de concentrer les objections d'Ankara.
«Il n'y a eu aucune mesure positive prise par la Suède en ce qui concerne la liste des terroristes», a encore déploré vendredi M. Erdogan, évoquant plus de 120 demandes d'extraditions formulées par Ankara.
L'autodafé d'un coran par un extrémiste dans la capitale suédoise, en janvier, avait conduit à la suspension des pourparlers entre Ankara, Helsinki et Stockholm.
Le président turc avait alors laissé entendre que la Turquie était prête à ratifier séparément l'adhésion de la Finlande, alors que les deux pays souhaitaient à l'origine avancer «main dans la main».
Mardi, le Premier ministre suédois Ulf Kristersson avait ainsi reconnu que la probabilité que son voisin rejoigne l'Otan avant la Suède avait «augmenté» dernièrement.
M. Kristersson garde toutefois l'espoir de boucler l'entrée de son pays dans l'Alliance avant le prochain sommet de l'Otan prévu en juillet à Vilnius, en Lituanie.
En visite à Ankara mi-février, le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg avait appelé Ankara à intégrer «maintenant» les deux pays.