«La justice peut patienter» Outre Poutine, Carla del Ponte pointe l'ONU et les Etats-Unis

evpf, ats

10.4.2022 - 19:05

L'ancienne procureure internationale Carla del Ponte a réitéré dimanche sa demande de mandat d'arrêt international contre le président russe Vladimir Poutine, dans le cadre de la guerre en Ukraine. Elle a aussi critiqué l'ONU et les Etats-Unis.

L'ancienne procureure internationale Carla del Ponte s'est exprimée sur la guerre en Ukraine en marge des "Eventi Litterari" au Monte Verità, en dessus d'Ascona (TI).
L'ancienne procureure internationale Carla del Ponte s'est exprimée sur la guerre en Ukraine en marge des "Eventi Litterari" au Monte Verità, en dessus d'Ascona (TI).
ATS

Keystone-SDA, evpf, ats

La Tessinoise s'exprimait en marge des «Eventi Letterari» (rencontres littéraires) au Monte Verità, en dessus d'Ascona (TI). Lors d'une conférence de presse, elle a dit être peut-être la seule personne qui sait comment s'y prendre pour amener un président en exercice devant la Cour pénale internationale (CPI).

L'ancien président de la Serbie, puis de la Yougoslavie Slobodan Milosevic était encore en fonction quand le premier mandat d'arrêt a été émis, a rappelé l'ancienne procureure générale du Tribunal pénal international sur l'ex-Yougoslavie (TPI). Et donc d'estimer qu'il est possible de traduire M. Poutine en justice.

L'ancienne procureure générale de la Confédération, qui a été membre de la commission d'enquête indépendante chargée d'enquêter en Syrie, créée par le Conseil des droits de l'Homme, a dit que les bombes à fragmentation en Syrie présentaient des signes russes. «Je veux savoir quels signes portent les bombes en Ukraine.»

Bien qu'elle soit à la retraite, Mme del Ponte a tenu à s'exprimer. «Je suis toujours du côté des victimes et je cherche que justice soit faite pour elles.» La guerre en Yougoslavie lui a appris que traduire les responsables en justice est «incroyablement important» pour les victimes.

Pas de signes de «génocide»

Selon elle, Vladimir Poutine pourra être jugé lorsqu'il ne sera plus président. «La justice peut patienter longtemps. Il n'y a pas de prescription pour ces crimes. Et Poutine ne sera pas éternellement président.»

Mais prouver que le président russe est le principal responsable dans la guerre en Ukraine est la partie la plus difficile du travail, a relevé Carla del Ponte. Pour ce faire, «il est essentiel de rassembler en permanence des preuves de crimes de guerre en Ukraine», en faisant appel aux services de renseignement, en vérifiant l'authenticité des vidéos sur Internet ou en autopsiant les civils tués.

L'ancienne magistrate n'a toutefois pas voulu parler de «génocide». Elle n'a jusqu'à présent pas vu suffisamment de signes pour utiliser ce terme.

Critiques envers l'ONU et Joe Biden

La Tessinoise a encore pointé le rôle de l'ONU dans cette guerre, qui se limite aujourd'hui à une aide humanitaire. Les Nations Unies auraient dû réunir MM. Poutine et Zelensky autour de la même table durant les jours précédant le début de la guerre, d'après elle.

Elle n'a pas été tendre non plus avec les Etats-Unis. Malgré les déclarations du président américain Joe Biden, les Etats-Unis n'ont pas ratifié le Statut de Rome, qui a institué la CPI à La Haye. «Cela doit changer.»