Chili «Pandora Papers»: le président Piñera échappe à la destitution

ATS

17.11.2021 - 03:23

Le Sénat du Chili a voté mardi contre la destitution du président Sebastián Piñera, soupçonné de conflit d'intérêts dans la vente d'une compagnie minière en 2010 réalisée dans un paradis fiscal et révélée par les «Pandora Papers». Ce vote met un terme à la procédure.

Keystone-SDA

Le président de droite, qui est également un des hommes les plus riches du Chili avait dénoncé une accusation basée «sur des faits faux ou trompeurs».
Le président de droite, qui est également un des hommes les plus riches du Chili avait dénoncé une accusation basée «sur des faits faux ou trompeurs».
KEYSTONE

La destitution avait été approuvée la semaine dernière par la chambre des députés, dominée par l'opposition. Au Sénat, où l'opposition est également majoritaire, une majorité des deux tiers, soit 29 voix, était nécessaire. Or, seuls 24 sénateurs ont voté pour la destitution, 18 contre et un s'est abstenu.

«La défense a démonté de façon catégorique chacun des faits exposés dans les motifs de ce procès politique», s'est félicité le sénateur pro-Piñera Francisco Chahuan. L'avocat de M. Piñera avait affirmé au début de la séance au Sénat que l'accusation était «dénuée de tout fondement factuel et juridique».

La procédure avait été déclenchée après des révélations des «Pandora Papers», une enquête du consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ).

Selon ces documents, la compagnie minière Minera Dominga avait été vendue en 2010 par une société détenue par les enfants du chef de l'Etat à un homme d'affaires, ami du président, pour 152 millions de dollars, une transaction opérée aux îles Vierges britanniques.

Elections le 21 novembre

Le paiement de la transaction devait être effectué en trois versements et contenait une clause controversée qui subordonnait le dernier paiement à la condition qu'aucune zone de protection environnementale ne soit établie sur la zone d'exploitation de la société minière. D'après l'enquête, le gouvernement de Sebastián Piñera n'a finalement pas protégé la zone où l'exploitation minière était prévue, si bien que le troisième paiement a bien été effectué.

La présidente socialiste Michelle Bachelet (2006-2010), à laquelle avait succédé M. Piñera, avait pourtant recommandé que soit protégée la zone riche en biodiversité qui abrite une colonie de manchots de Humboldt, une espèce menacée.

Le président de droite, qui est également un des hommes les plus riches du Chili avait dénoncé une accusation basée «sur des faits faux ou trompeurs». Il avait estimé que l'affaire avait déjà été jugée en 2017 et fait l'objet d'un non-lieu.

À l'ouverture d'une nouvelle enquête pénale au début octobre, le parquet avait toutefois fait valoir que les faits liés à la vente et à l'achat de la société minière «n'étaient pas expressément inclus» dans la décision de non-lieu.

La fin de la procédure de destitution contre M. Piñera intervient avant les élections du 21 novembre, au cours desquelles un nouveau président sera désigné et le Parlement renouvelé.