Ukraine Paris cherche à aider Odessa, Londres à libérer 2 prisonniers

beko

11.6.2022 - 08:52

La France s'est dite vendredi prête à aider à lever le blocus du port ukrainien d'Odessa, afin de débloquer les céréales à l'origine d'une crise alimentaire mondiale, alors que des combats meurtriers se poursuivaient dans le sud et l'est de l'Ukraine. De son côté, Boris Johnson s'est dit «consterné» par la condamnation à mort de de deux Britanniques ayant combattu coté ukrainien.

«Nous sommes à disposition des parties pour, au fond, que se mette en place une opération qui permettrait d'accéder au port d'Odessa en toute sécurité, c'est-à-dire de pouvoir faire passer des bateaux en dépit du fait que la mer est minée», a déclaré un conseiller d'Emmanuel Macron.
«Nous sommes à disposition des parties pour, au fond, que se mette en place une opération qui permettrait d'accéder au port d'Odessa en toute sécurité, c'est-à-dire de pouvoir faire passer des bateaux en dépit du fait que la mer est minée», a déclaré un conseiller d'Emmanuel Macron.
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Keystone-SDA, beko

«Nous sommes à disposition des parties pour, au fond, que se mette en place une opération qui permettrait d'accéder au port d'Odessa en toute sécurité, c'est-à-dire de pouvoir faire passer des bateaux en dépit du fait que la mer est minée», a déclaré un conseiller du président Emmanuel Macron.

Ces déclarations interviennent alors que M. Macron recevait vendredi le président sénégalais Macky Sall, président en exercice de l'Union africaine. M. Sall avait appelé jeudi au déminage du port d'Odessa, et indiqué avoir reçu des assurances de Vladimir Poutine que les Russes n'en profiteraient pas pour attaquer, comme le redoutent les Ukrainiens.

«La navigation est bloquée dans la mer Noire et les navires ennemis tiennent presque la totalité du territoire ukrainien sous la menace de frappes de missiles», a expliqué le commandement opérationnel ukrainien de la région Sud, dans la nuit de vendredi à samedi, notant que, «ne parvenant pas à progresser sur terre, l'ennemi teste la solidité de nos positions (sur les lignes de front) avec des bombardements depuis les airs avec des hélicoptères».

Zelensky «ne voulait pas entendre»

L'invasion russe lancée le 24 février a paralysé les exportations de céréales de l'Ukraine – acteur majeur de ce secteur – et provoqué une flambée des prix des céréales et des engrais, menaçant de crise alimentaire de nombreux pays, surtout africains et moyen-orientaux.

Le président français doit se rendre en Roumanie et Moldavie mardi et mercredi, en attendant une visite en Ukraine, dont la date n'a pas encore été fixée, selon l'Elysée.

De son côté, le président américain Joe Biden a affirmé vendredi que son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky «ne voulait pas entendre» les mises en garde américaines avant l'invasion de son pays par la Russie.

«Beaucoup de gens pensaient que j'exagérais» en évoquant une attaque russe contre l'Ukraine avant qu'elle ne débute, a déclaré M. Biden. «Mais je savais que nous avions des informations en ce sens. (Le président russe Vladimir Poutine) allait traverser la frontière. Il n'y avait aucun doute et Zelensky ne voulait pas l'entendre», a-t-il ajouté devant des journalistes.

Bombardements ukrainiens sur Kherson

Sur le terrain, les forces ukrainiennes ont indiqué vendredi avoir bombardé des positions russes dans la région de Kherson (sud) – dont la quasi-totalité est occupée depuis les premiers jours de l'invasion -. Kiev redoute une annexion rapide par Moscou.

Depuis plusieurs jours, les Ukrainiens font état de combats dans cette région. Le commandement opérationnel ukrainien a raconté qu'un groupe de reconnaissance infiltré dans ce territoire occupé avait vaincu des troupes russes, «s'emparant de leurs armements et moyens de communication».

Les autorités locales mises en place par Moscou réclament haut et fort une annexion. Un des négociateurs russes du conflit a évoqué le 1er juin la prochaine organisation d'un référendum dans les territoires occupés sur cette question, qui pourrait avoir lieu en juillet.

Un projet qualifié d'«illégal» par Kiev, et qui rappelle le référendum qu'avait organisé la Russie en Crimée en 2014, avant d'annexer la péninsule dans la foulée.

Les combats sont également intenses dans la région de Mykolaïv, voisine d'Odessa. «Les Russes nous visent à l'artillerie lourde, que ce soit en ville ou dans les villages», a déclaré à l'AFP Vitali Kim, le gouverneur de cette région, tout en se félicitant que les Russes aient reculé ces derniers jours. «Ils ne reviendront pas, nous ne les laisserons pas revenir», a-t-il assuré.

Frappes constantes sur Severodonetsk

Dans le Donbass, la bataille pour la ville-clé de Severodonetsk et sa jumelle Lyssytchansk continue, de plus en plus meurtrière. Dans son habituel message quotidien du soir, M. Zelensky a fait état «de très violents combats» dans le Donbass. «La Russie veut dévaster chaque ville du Donbass, chacune, sans exagération. Comme Volnovakha, comme Marioupol», a-t-il relevé.

«Les militaires ukrainiens font tout pour arrêter les attaques des occupants, autant que possible avec autant d'armes lourdes et de l'artillerie moderne» que l'Ukraine possède, «tout ce qu'on demandait et qu'on continue de demander à nos partenaires», a-t-il lancé.

Mais les combats se poursuivent dans la ville et les bombardements sont constants, a indiqué vendredi Serguiï Gaïdaï, gouverneur de la région.

Prendre Severodonetsk ouvrirait à Moscou la route d'une autre grande ville du Donbass, Kramatorsk, étape importante pour conquérir l'intégralité du bassin du Donbass, région essentiellement russophone de l'est de l'Ukraine, en partie tenue par des séparatistes prorusses depuis 2014.

La bataille est particulièrement meurtrière, avec «jusqu'à 100 soldats» ukrainiens tués et 500 blessés chaque jour, a indiqué jeudi le ministre ukrainien de la Défense Oleksiï Reznikov. Les Russes eux ne disent rien sur leurs pertes.

Ministre britannique sur place

L'Ukraine pourrait toutefois reprendre Severodonetsk «en deux, trois jours», dès qu'elle disposera d'artillerie occidentale «de longue portée», avait assuré jeudi M. Gaïdaï. Les Ukrainiens ne cessent de réclamer à leurs alliés occidentaux de nouvelles armes plus puissantes.

La livraison de systèmes de lance-roquettes multiples, notamment des Himars d'une portée d'environ 80 km, soit légèrement supérieure aux systèmes russes, a été annoncée par Washington et Londres.

Dans ce contexte, le ministre britannique de la Défense Ben Wallace a fait une visite non annoncée de deux jours à Kiev. Le président Zelensky l'a remercié pour le rôle moteur de Londres dans le soutien occidental à l'Ukraine. «Les Britanniques font preuve d'un vrai leadership dans les questions de défense», a insisté le président ukrainien dans son message du soir.

Condamnés à mort

La visite de M. Wallace intervient au lendemain de l'annonce, par les autorités de la «république» séparatiste prorusse de Donetsk, de la condamnation à mort pour mercenariat de deux Britanniques et d'un Marocain ayant combattu coté ukrainien – Aiden Aslin, Shaun Pinner et Brahim Saadoun.

Le Premier ministre britannique Boris Johnson s'est dit «consterné» par cette condamnation, a indiqué vendredi Downing Street, disant travailler avec Kiev à leur libération. «Clairement, ils servaient dans les forces armées ukrainiennes et sont des prisonniers de guerre» et non des mercenaires, a déclaré le porte-parole de M. Johnson.

Au 107e jour de la guerre, les chefs d'Etat de neuf pays d'Europe centrale et orientale (Roumanie, Pologne, Hongrie, Bulgarie, Estonie, Lettonie, Lituanie, République tchèque, Slovaquie) se sont par ailleurs retrouvés vendredi à Bucarest, pour demander un renforcement du flanc oriental de l'Otan face à l'agression russe en Ukraine, à moins de trois semaines d'un sommet de l'Alliance fin juin à Madrid.

«Face aux risques accrus pour la sécurité en Roumanie et en mer Noire, consolider l'Otan sur son flanc est (...) devient d'autant plus urgent et crucial», a déclaré le président roumain Klaus Iohannis en ouvrant la réunion, co-présidée par son homologue polonais Andrzej Duda.