Zelensky en France Paris et Berlin gravent dans le marbre leur soutien à l'Ukraine

vf

16.2.2024 - 21:36

Volodymyr Zelensky a signé vendredi soir à Paris un accord de sécurité avec Emmanuel Macron, qui a promis «jusqu'à trois milliards d'euros» d'aide militaire supplémentaire pour 2024 à l'Ukraine. Ce montant vient s'ajouter aux sept milliards de soutien déjà annoncés par Berlin.

Le président français Emmanuel Macron (R) et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky se serrent la main après avoir signé un accord au palais de l'Élysée à Paris, France, 16 février 2024.
Le président français Emmanuel Macron (R) et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky se serrent la main après avoir signé un accord au palais de l'Élysée à Paris, France, 16 février 2024.
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Keystone-SDA, vf

Après le chancelier allemand Olaf Scholz dans la journée, le président français a ainsi à son tour gravé dans le marbre d'un texte bilatéral le soutien civil et militaire dans la durée à Kiev. Autant de soutiens très attendus alors que l'armée ukrainienne est à la peine face aux Russes et l'aide américaine gelée.

Dans ce texte conclu pour «une durée de dix ans», la France s'engage à fournir en 2024 «jusqu'à trois milliards d'euros» d'aide militaire «supplémentaire» à Kiev, après un soutien qu'elle chiffre à 1,7 milliard en 2022 et 2,1 milliards en 2023. Paris évoque notamment un renforcement de la «coopération dans le domaine de l'artillerie».

L'accord prévoit «la fourniture d'une assistance globale à l'Ukraine» pour «le rétablissement de son intégrité territoriale dans ses frontières internationalement reconnues», «la dissuasion active et les mesures à prendre face à toute nouvelle agression» de la Russie, ainsi qu'un «soutien» à l'adhésion de Kiev à l'Union européenne et à «l'interopérabilité avec l'Otan».

«Courage» de Navalny salué

«La France confirme que la future adhésion de l'Ukraine à l'Otan constituerait une contribution utile à la paix et à la stabilité en Europe», stipule aussi ce nouveau pacte.

La tournée européenne de Volodymyr Zelensky a été assombrie par l'annonce de la mort en prison d'Alexeï Navalny, opposant numéro un à Vladimir Poutine, qui dirige déjà d'une main de fer la Russie, exacerbant les tensions avec l'Occident et éteignant un peu plus tout espoir d'ouverture à Moscou.

Le maître du Kremlin devra «rendre des comptes pour ses crimes», a accusé Volodymyr Zelensky. La Russie condamne à mort «les esprits libres» en les mettant au «goulag», a lancé Emmanuel Macron. Il a «payé son courage de sa vie», a renchéri le chancelier allemand Olaf Scholz.

Le président ukrainien, en visite chez ses alliés européens alors que son pays s'apprête à entrer dans sa troisième année de guerre face à la Russie, le 24 février, s'était auparavant arrêté vendredi à Berlin.

Accord «sans précédent»

Olaf Scholz et Volodymyr Zelensky ont aussi signé un accord de sécurité qualifié d'"historique» par le chancelier allemand qui a assuré sa détermination à soutenir l'Ukraine «aussi longtemps que nécessaire» contre l'agresseur russe.

«Deux ans après le début de cette guerre épouvantable, nous envoyons aujourd'hui un message très clair au président russe: nous ne relâcherons pas notre soutien à l'Ukraine», a averti le dirigeant allemand.

Illustration de cet engagement: le document signé contient une aide militaire supplémentaire et immédiate d'un montant de 1,1 milliard d'euros, qui est une tranche des sept milliards de soutien déjà annoncés par l'Allemagne pour 2024.

Il prévoit également de soutenir l'Ukraine après la guerre pour qu'elle se dote d'une armée moderne capable de repousser d'éventuelles futures attaques de la Russie. «Notre accord de sécurité est un document bilatéral vraiment sans précédent», a souligné le président ukrainien à Berlin.

Cette échappée diplomatique est cruciale pour M. Zelensky au moment où la situation s'est considérablement dégradée sur le front ukrainien. Les troupes russes sont à l'offensive, nombreuses, quand l'armée ukrainienne manque d'hommes, d'armes, de munitions.

Hypothèque Trump

L'aide américaine, une enveloppe de 60 milliards de dollars bloquée depuis plusieurs semaines par les républicains au Congrès, fait aussi cruellement défaut.

Et le possible retour au pouvoir à la fin de l'année de Donald Trump, qui a menacé de ne plus soutenir certains Alliés face à la Russie s'ils ne payaient pas plus au sein de l'Otan, suscite aussi toutes les inquiétudes.

Ces accords de sécurité sont censés donner à l'Ukraine des garanties de soutien sur le long terme, en attendant une éventuelle intégration du pays à l'Otan. Le Royaume-Uni a été le premier à conclure un tel pacte avec Kiev en janvier.

Lors du dernier sommet de l'Alliance atlantique à Vilnius en juillet 2023, les pays membres de l'organisation, Etats-Unis et Allemagne en tête, avaient déçu les attentes de l'Ukraine – et de nombreux pays d'Europe orientale – en ne fixant pas de calendrier pour une adhésion du pays.

Les puissances du G7 avaient donc décidé de négocier avec Kiev des partenariats bilatéraux. Vingt-cinq autres Etats se sont joints à cette initiative, comme la Pologne.