France Paris promet d'alléger la fiscalité

ATS

8.4.2019 - 14:50

«Les débats, je le crois, nous indiquent clairement la direction à prendre, nous devons baisser et baisser plus vite les impôts», a déclaré le chef du gouvernement.
«Les débats, je le crois, nous indiquent clairement la direction à prendre, nous devons baisser et baisser plus vite les impôts», a déclaré le chef du gouvernement.
Source: KEYSTONE/EPA/CHRISTOPHE PETIT TESSON

Le 1er ministre français a promis lundi d'accélérer la baisse des impôts face à «l'immense exaspération fiscale» ressortie du «grand débat national». Cet exercice inédit était voulu par Emmanuel Macron pour tenter d'apaiser la colère des «gilets jaunes».

«La première exigence, c'est en fait une immense exaspération fiscale», a déclaré le Premier ministre lors d'un discours à l'occasion de la «restitution» du «grand débat national» (GDN). Celui-ci a permis, au travers de 10'000 réunions à travers la France, de noircir 16'000 cahiers de doléances et remonter près de deux millions de propositions citoyennes.

Face à «une sorte de tolérance fiscale zéro», «les débats, je le crois, nous indiquent clairement la direction à prendre, nous devons baisser et baisser plus vite les impôts», a ajouté le chef du gouvernement sans cependant dévoiler des mesures concrètes, ce que se réserve de faire le président Emmanuel Macron, vers la mi-avril.

Saluant «un débat démocratique», «loin des violences», M. Philippe a promis des décisions fortes. «Le besoin de changement est si radical que tout conservatisme, toute frilosité serait à mes yeux impardonnable», a-t-il déclaré devant 500 personnes réunies pour faire le compte-rendu du GDN.

Essoufflement de la mobilisation

Le «GDN», un format inédit, avait été lancé par Emmanuel Macron afin de dénouer la pire crise survenue depuis son accession au pouvoir en 2017, celle des «gilets jaunes», ces Français qui protestent depuis près de cinq mois contre la politique fiscale et sociale du président.

La mobilisation s'est largement essoufflée. Ils n'étaient plus qu'environ 22'000 samedi dernier, selon des chiffres du ministère de l'Intérieur contestés par les «gilets jaunes», à manifester à travers la France, contre 282'000 le 17 novembre, leur premier samedi d'action.

Mais le mouvement perdure malgré tout, nombre de «gilets» jugeant que le GDN n'est qu'un tour de passe-passe destiné à les étouffer. Certains sujets ont spontanément émergé dans la consultation : la santé, beaucoup, mais aussi les retraites ou encore la dépendance. D'autres sujets, comme l'immigration, sont eux restés en retrait.

Plus de justice fiscale

Selon les documents de synthèse consultés par l'AFP, la baisse des impôts revient sans surprise comme l'une des principales suggestions. Le souhait d'une plus grande justice fiscale se traduit par des soutiens notables au rétablissement de l'impôt sur la fortune (ISF), qui taxait les plus riches et dont la transformation en impôts sur la seule fortune immobilière est vivement critiquée par les «gilets jaunes».

Une majorité de ceux qui ont répondu aux questionnaires sur le site internet du GDN s'est par ailleurs prononcée en faveur de la prise en compte du vote blanc, de la réduction du nombre d'élus hors parlementaires ou encore de l'extension du référendum d'initiative partagée, selon les données exploitées par l'AFP.

Mardi et mercredi, deux débats sans vote seront organisés au Parlement en présence d'Edouard Philippe, puis ce sera au tour du chef de l'Etat d'annoncer de premières mesures à la mi-avril, probablement avant Pâques. Selon son entourage, il pourrait égrener des décisions jusqu'à l'été, enjambant les élections européennes du 26 mai.

«Mission impossible»

M. Macron devra affronter le scepticisme de l'opinion : selon un sondage Elabe publié jeudi dernier, 68% des Français estiment que les points de vue exprimés ne seront pas pris en compte, et 79% pensent que le grand débat ne résoudra pas la crise politique actuelle.

Si le GDN a été pour M. Macron une bouffée d'air, sans pour autant éteindre la fronde des «gilets jaunes», le chef de l'Etat fait dorénavant face à un exercice périlleux : «les Français ont pu tout dire. Le président ne pourra pas tout faire», résume le quotidien de droite Le Figaro. «La sortie du grand débat a des allures de mission impossible», en conclut le journal.

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