Chaos à Gaza«Partout où l'on va, les gens sont désespérés, affamés et terrifiés»
ATS
15.12.2023 - 11:35
Israël a multiplié vendredi les raids aériens sur la bande de Gaza. Linistère de la Santé du Hamas a fait état de «dizaines de morts et de blessés» dans des bombardements à Khan Younès, la grande ville du sud du territoire où Israël a étendu ses opérations terrestres.
15.12.2023, 11:35
15.12.2023, 11:44
ATS
La ville voisine de Rafah a elle aussi été frappée. «Nous dormions dans notre maison et soudain, il y a eu une frappe, comme une bombe baril», un baril rempli d'explosif, a raconté à l'AFP un survivant. «Il y a des blessés, tout est détruit, cela fait 70 jours que nous subissons cette guerre et cette destruction», a-t-il ajouté.
La guerre a éclaté le 7 octobre après l'attaque menée par le Hamas sur le sol israélien. Depuis lors, 18'787 personnes, à 70% des femmes, des enfants et des adolescents, ont été tuées dans la bande de Gaza par les bombardements israéliens, d'après le ministère de la Santé du Hamas.
La guerre a plongé le territoire dans une grave crise humanitaire et 1,9 million d'habitants, soit 85% de sa population, ont été déplacés, selon l'ONU, beaucoup d'entre eux ayant dû fuir à plusieurs reprises à mesure que les combats s'étendaient.
L'ONU a averti jeudi d'un «effondrement de l'ordre civil» dans la bande de Gaza, affirmant que la faim et le désespoir poussaient des habitants à s'emparer de l'aide humanitaire, qui arrive en quantité très limitée via l'Egypte.
«Partout où l'on va, les gens sont désespérés, affamés et terrifiés», a déclaré le Suisse Philippe Lazzarini, commissaire général de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa).
Dans la nuit, les télécommunications restaient une nouvelle fois coupées à Gaza, selon l'opérateur palestinien Paltel, isolant encore plus le territoire soumis par Israël à un siège total depuis le 9 octobre.
«Il y aura davantage de batailles difficiles dans les prochains jours», a assuré un porte-parole de l'armée, disant que les soldats usaient de «nouvelles méthodes de combat», comme le dépôt de charges explosives dans des lieux fréquentés par des combattants du Hamas. Au total, selon l'armée, 117 soldats ont été tués à Gaza depuis le début de l'offensive terrestre le 27 octobre.
Cette offensive a permis à Israël de prendre le contrôle de plusieurs secteurs dans le nord, avant de s'étendre à tout le territoire, y compris au sud où se sont massés des centaines de milliers de civils déplacés par la guerre.
Quelque 240 personnes ont aussi été enlevées le jour de l'attaque, dont 132, selon l'armée, restent aux mains du Hamas et de groupes affiliés après la libération de 105 otages pendant une trêve de sept jours qui a pris fin le 1er décembre.
L'armée a annoncé vendredi avoir récupéré les corps de trois otages dans la bande de Gaza, dont ceux de deux soldats âgés de 19 ans, Nik Beizer et Ron Sherman, ainsi que celui d'un otage franco-israélien, Elya Toledano.
Pressions américaines
Le conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan, est arrivé jeudi en Israël, où il a rencontré le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le ministre de la Défense Yoav Gallant, à l'heure où Washington, principal allié d'Israël, montre des signes d'impatience face aux lourdes pertes civiles à Gaza.
M. Sullivan a posé des «questions difficiles» aux responsables israéliens. Il a discuté de la possibilité d'un basculement de l'offensive vers des «opérations de plus faible intensité» dans un «futur proche», a indiqué la Maison Blanche.
«Je veux qu'ils (les Israéliens, ndlr) se concentrent sur la préservation de la vie des civils. Pas (sur le fait) de s'arrêter contre le Hamas, mais de faire davantage attention», a déclaré le président américain, Joe Biden.
Mais Yoav Gallant a prévenu jeudi que la guerre allait durer. Le Hamas «a mis en place des infrastructures souterraines et aériennes qu'il n'est pas facile de détruire. Cela prendra du temps – plus que quelques mois – mais nous vaincrons et nous détruirons» le Hamas, a-t-il déclaré.
Ces dernières semaines, Israël a laissé entendre que son objectif pour l'après-guerre n'était pas d'administrer la bande de Gaza, d'où l'Autorité palestinienne avait été chassée en 2007 par le Hamas. Il ne serait pas «juste» qu'Israël occupe Gaza sur le long terme, a d'ailleurs déclaré vendredi Jake Sullivan, avant de se rendre à Ramallah pour des entretiens avec des dirigeants de l'Autorité palestinienne.
La guerre a aussi ravivé les tensions à la frontière israélo-libanaise et en Cisjordanie occupée, mais aussi en mer Rouge, où les rebelles Houthis du Yémen ont une nouvelle fois tiré vendredi contre un navire, selon un responsable américain.
Parmi les initiatives diplomatiques en cours, la ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, est attendue samedi au Liban puis dimanche en Israël et en Cisjordanie occupée.