Brexit Passes d'armes au Parlement britannique

ATS

30.10.2019 - 21:08

«Je pense que le choix qui nous est offert entre Boris Johnson et Jeremy Corbyn est loin d'être suffisant. Aucun de ces hommes n'est apte à diriger notre pays», a commenté la cheffe des Lib-Dem, Jo Swinson, elle-même «candidate» au poste de Premier ministre.
«Je pense que le choix qui nous est offert entre Boris Johnson et Jeremy Corbyn est loin d'être suffisant. Aucun de ces hommes n'est apte à diriger notre pays», a commenté la cheffe des Lib-Dem, Jo Swinson, elle-même «candidate» au poste de Premier ministre.
Source: KEYSTONE/EPA UK PARLIAMENT/JESSICA TAYLOR / UK PARLIAMENT HANDOU

Boris Johnson a vigoureusement défendu son programme face aux attaques de l'opposition mercredi. Il s'exprimait lors des premières passes d'armes au Parlement qui ont suivi l'approbation de législatives anticipées le 12 décembre pour sortir le Brexit de l'impasse.

Donnant le ton de la campagne à venir, le dirigeant conservateur a été interpellé avec virulence sur les difficultés du système de santé par le chef des travaillistes Jeremy Corbyn, dont il a dénoncé l'indécision sur le Brexit.

Boris Johnson a promis d'«investir massivement» dans le service public de santé (NHS), mais aussi l'éducation, les infrastructures et la police, prédisant «un avenir plus radieux» pour le Royaume-Uni, lors de la dernière séance de questions au chef de gouvernement avant la dissolution de la Chambre des communes.

Surtout, il s'est engagé à enfin mettre en oeuvre le Brexit, prévu le 31 octobre, mais qu'il a été contraint de reporter de trois mois, faute d'être parvenu à faire ratifier l'accord de divorce négocié dans la douleur avec les Européens.

Conquérir une majorité absolue

Après trois refus, les députés ont fini par approuver mardi à une écrasante majorité la tenue d'un scrutin anticipé pour tenter de sortir de l'impasse du Brexit, qui divise le pays depuis son vote par référendum en 2016. Ce seront les troisièmes élections législatives en quatre ans.

Le chef du gouvernement espère conquérir une majorité absolue au Parlement, dont son gouvernement est actuellement dépourvu, en se positionnant comme le champion du Brexit. En cas de large victoire, il aurait les mains libres pour faire adopter son accord de divorce.

Pari risqué

Boris Johnson est actuellement en avance dans les sondages, mais il fait un pari risqué: il pourrait perdre des voix aussi bien au sein de la partie europhile de son électorat que parmi les Brexiters les plus durs, qui pourraient être tentés de rejoindre le nouveau parti du Brexit de Nigel Farage.

Dès mercredi, tous les partis se sont mis en ordre de bataille, et les formations de l'opposition n'ont pas attendu pour faire des appels du pied à un électorat très indécis et volatil, qui se positionne de plus en plus en fonction du Brexit.

Le parti travailliste veut obtenir en cas de victoire un nouvel accord avec l'UE et le soumettre à référendum, un rejet revenant alors à annuler le divorce.

«Un vrai changement»

Accusant Boris Johnson de vouloir détricoter le NHS au profit du secteur privé dans le cadre d'un accord de libre-échange en négociation avec les Etats-Unis et se présentant comme le défenseur des services publics, le dirigeant travailliste Jeremy Corbyn a promis «un vrai changement» après des années d'austérité.

Pro-UE, le parti indépendantiste écossais SNP est également favorable à un nouveau référendum et espère par la même occasion remettre sur le tapis la question de l'indépendance de l'Ecosse.

Quant aux europhiles des libéraux-démocrates, qui ont le vent en poupe, ils souhaitent purement et simplement annuler le Brexit. «Je pense que le choix qui nous est offert entre Boris Johnson et Jeremy Corbyn est loin d'être suffisant. Aucun de ces hommes n'est apte à diriger notre pays», a commenté sur la BBC la cheffe des Lib-Dem, Jo Swinson, elle-même «candidate» au poste de Premier ministre.

Députés rebelles réintégrés

Boris Johnson a préparé le terrain à l'édification d'une majorité en réintégrant 10 des 21 députés rebelles qu'il avait exclus du parti pour avoir contrarié la stratégie de l'exécutif sur le Brexit. D'autres députés conservateurs ont décidé de jeter l'éponge, comme l'ex-ministre Amber Rudd ou l'ancien numéro deux du gouvernement de Theresa May, David Lidington.

Mercredi soir, le projet de loi prévoyant des législatives anticipées a reçu sans difficulté l'aval des Lords. Il ne lui reste désormais qu'à recevoir l'assentiment de la reine – une formalité – pour être adopté et permettre la dissolution du parlement le 6 novembre.

Toujours un risque

Du côté de Bruxelles, le négociateur en chef de l'Union européenne Michel Barnier a estimé mercredi que le risque d'une sortie du Royaume-Uni sans accord n'était toujours pas complètement écarté lors d'un discours dans la capitale. «Le risque que le Brexit arrive en l'absence d'un accord ratifié existe encore», a-t-il déclaré devant l'assemblée du Conseil économique et social européen.

«Cela pourrait intervenir fin janvier. Cela pourrait aussi intervenir à la fin de 2020», à l'issue de la période de transition prévue, a-t-il averti. En effet, a prévenu M. Barnier, même avec un accord de retrait ratifié, si aucun accord sur la relation future n'est mis en place avant la fin de la période de transition, une sortie brutale du Royaume-Uni peut toujours se produire.

Il existe toutefois une possibilité de prolonger la période de transition, a-t-il rappelé. «L'été 2020 sera un premier moment de vérité. Ce sera le moment de décider ou pas d'une extension de la période de transition», a-t-il souligné.

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