Le sommet des dirigeants européens sur le partage des postes de pouvoir de l'UE a été suspendu lundi jusqu'à mardi. Divers blocages empêchent les 28 de se mettre d'accord.
C'est la troisième fois depuis les élections de mai que les 28 responsables de l'UE se retrouvaient pour décider de la succession du président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, pièce maîtresse du puzzle des nominations. Le Luxembourgeois quittera ses fonctions le 31 octobre.
«On a été à un moment très proche d'un accord», a affirmé le président français Emmanuel Macron, après une vingtaine d'heures de discussions tous azimuts, qui ont duré toute la nuit de dimanche à lundi. La chancelière allemande Angela Merkel s'est montrée prudemment optimiste sur les chances d'arriver à un compromis mardi, tout en reconnaissant que les discussions étaient compliquées.
La dernière option sur la table, soutenue par Berlin et Paris, prévoyait d'attribuer la présidence de la Commission européenne au social-démocrate néerlandais Frans Timmermans. L'Allemand Manfred Weber, candidat du Parti populaire européen (PPE, droite) à la présidence de la Commission, avait accepté de renoncer à ce poste, pour se contenter d'un lot de consolation: la présidence du Parlement européen.
Blocages
Même si le PPE est le premier parti politique au Conseil et au Parlement européens, M. Weber avait été recalé pour la présidence de la Commission, lors du précédent sommet le 20 juin. Le président Emmanuel Macron s'oppose fermement à sa candidature, critiquant ce qu'il considère comme un manque d'envergure pour un poste d'une telle importance.
Le compromis prévoyait aussi l'attribution de la présidence du Conseil à un membre du PPE, en la personne de la Bulgare Kristalina Georgieva, directrice générale de la Banque mondiale. Mais selon le Premier ministre bulgare Boyko Borissov, les libéraux bloqueraient cette candidate. Ils voudraient en effet garder ce poste pour eux et proposeraient au PPE le poste de chef de la diplomatie européenne, qui est de moindre importance.
Selon une autre source, il avait été également envisagé de nommer un libéral à ce dernier poste, soit le Belge Charles Michel, soit la Danoise Margrethe Vestager.
Une autre source avait aussi évoqué la possibilité de nommer cette dernière, actuellement commissaire européenne à la Concurrence, première vice-présidente à la Commission, aux côtés de M. Timmermans. La présidence du Parlement européen, dont le mandat dure deux ans et demi, pourrait être partagée entre le PPE (Parti Populaire Européen, droite) et les libéraux. Après deux ans et demi, M. Weber pourrait laisser la place à un libéral, éventuellement l'ex-Premier ministre belge Guy Verhofstadt, selon les mêmes sources.
L'ire italienne
La droite tient la clé de ces nominations. Aucune solution ne peut être avalisée sans le soutien de cette famille politique.
Le paquet de nominations proposé dimanche aux États membres pour les plus hautes fonctions de l'UE «est né en dehors du mandat que nous avions conféré au président du Conseil Donald Tusk», a dénoncé lundi le chef du gouvernement italien, Giuseppe Conte. Selon le Premier ministre, les chefs d'Etat et de gouvernement devraient mardi «rechercher une solution alternative».
Quant au Premier ministre néerlandais libéral Mark Rutte, il a constaté: «C'est incroyablement compliqué. On se retrouve avec trois familles politiques divisées, et non plus deux. Il y a maints intérêts différents.»
Le Premier ministre espagnol, le socialiste Pedro Sanchez, a quant à lui rejeté la responsabilité de l'échec sur le PPE. Selon lui, il n'aurait pas respecté un accord qu'il avait passé : attribuer à M. Timmermans la Commission, à Weber le Parlement.
Un cinquième poste clé de l'Union européenne est à pourvoir cette année, celui de la présidence de la BCE. Cette fonction hautement sensible doit être attribuée à un banquier plutôt qu'un politique. Elle fait cependant partie du grand mercato des nominations.
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