«Je ne crains rien» Perquisitions aux sièges de McKinsey et du parti de Macron

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14.12.2022 - 15:56

Les sièges du cabinet de conseil McKinsey, du parti Renaissance d'Emmanuel Macron et de son association de financement ont été perquisitionnés mardi à Paris.

La justice enquête sur la campagne électorale d'Emmanuel Macron.
La justice enquête sur la campagne électorale d'Emmanuel Macron.
ATS

Keystone-SDA, ch

Cette opération intervient dans le cadre des enquêtes sur les conditions d'intervention des cabinets de conseil, notamment dans les campagnes électorales du président français en 2017 et 2022.

Les perquisitions ont été conduites par les juges d'instruction en charge de deux informations judiciaires ouvertes en octobre, a indiqué mercredi le parquet national financier (PNF), confirmant une information du quotidien Le Parisien.

Une d'elles porte sur l'intervention des cabinets de conseil dans les campagnes électorales de 2017 et 2022 d'Emmanuel Macron, l'autre sur le recours plus général de l'Etat à ces cabinets, selon des sources proches du dossier.

«C'est normal»

«McKinsey confirme la tenue le 13 décembre d'opérations de visite menées par un juge d'instruction au siège de McKinsey France à Paris», a indiqué le cabinet dans un communiqué, assurant «collaborer pleinement avec les autorités publiques, comme cela a toujours été le cas».

«Dans son communiqué du 24 novembre, le PNF indiquait qu'il avait ouvert une information judiciaire sur les conditions d'intervention de cabinets de conseil dans les campagnes électorales de 2017 et 2022, suite à des plaintes d'élus et d'associations», a de son côté réagi auprès de l'AFP le porte-parole de Renaissance, Loïc Signor.

«Il est normal que la justice enquête de manière libre et indépendante pour faire toute la lumière sur cette question», a-t-il ajouté, précisant que le parti était à la disposition des juges «pour leur communiquer tout élément utile sur les campagnes mentionnées dans le cadre de leurs investigations».

«Je ne crains rien»

Pendant la dernière campagne présidentielle, un rapport du Sénat a suscité de vives polémiques sur l'utilisation des fonds publics au profit de ces cabinets. L'opposition avait réclamé une enquête sur l'éventuel favoritisme dont McKinsey aurait bénéficié de la part de la majorité macroniste.

Publié le 16 mars, ce rapport initié par le groupe communiste républicain citoyen et écologiste assurait que les contrats passés entre l'Etat et les cabinets avaient «plus que doublé» de 2018 à 2021, pour un montant record de plus de 1 milliard d'euros en 2021.

Il pointait aussi un possible montage fiscal des entités françaises de McKinsey qui leur aurait permis de ne verser aucun impôt sur les sociétés entre 2011 et 2020.

Le 31 mars, le PNF avait ouvert une enquête préliminaire pour blanchiment aggravé de fraude fiscale aggravée pour vérifier le bien-fondé de ces dernières accusations.

Dans le cadre de cette enquête, une perquisition avait déjà été menée au siège français du cabinet le 24 mai.

Puis les 20 et 21 octobre, le PNF avait confié à des magistrats instructeurs une information judiciaire pour tenue non conforme de comptes de campagne et minoration d'éléments comptables dans un compte de campagne, et une autre pour favoritisme et recel de favoritisme.

Selon le site d'information en ligne Mediapart, certains membres du cabinet auraient pu oeuvrer gratuitement pour la campagne présidentielle victorieuse d'Emmanuel Macron en 2017.

«Je ne crains rien et (...) je crois que le coeur de l'enquête n'est pas votre serviteur», avait réagi le chef de l'Etat en novembre.

Convocation possible de M. Macron

Si les magistrats instructeurs devaient estimer qu'Emmanuel Macron doit s'expliquer sur ces questions, ils pourraient le convoquer à la fin de son second mandat à l'Elysée, et seulement sur les actes qui n'ont pas été commis dans l'exercice de ses fonctions de président.

De son côté, le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire a reconnu «des abus» dans le passé dans le recours des ministères aux cabinets de conseil comme McKinsey, mais estimé que cette habitude était aujourd'hui «corrigée».

Dans un rapport confidentiel dont l'existence a été révélée par le quotidien Le Monde lundi, la Cour des comptes a observé que plusieurs contrats de conseil avaient été conclus par l'Etat dans des conditions «problématiques» pendant la crise sanitaire.