Conférence sur le Soudan Plus de 840 millions d'euros déjà promis

ATS

15.4.2024 - 11:57

Une conférence humanitaire sur le Soudan s'est ouverte lundi à Paris. Elle vise à «briser le silence» entourant la guerre «oubliée» qui ravage ce pays depuis tout juste un an, à récolter plus d'un milliard d'euros de dons et à coordonner les médiations pour mettre fin au conflit.

Le Soudan est ravagé depuis un an par une guerre entre les forces loyales au chef de l'armée Abdel Fattah al-Burhane et celles de son ancien adjoint Mohamed Hamdane Daglo, commandant des forces paramilitaires de soutien rapide (archives).
Le Soudan est ravagé depuis un an par une guerre entre les forces loyales au chef de l'armée Abdel Fattah al-Burhane et celles de son ancien adjoint Mohamed Hamdane Daglo, commandant des forces paramilitaires de soutien rapide (archives).
ATS

«Depuis un an, les Soudanais sont victimes d'une guerre terrible (...) qui ne produit que chaos et souffrance», a déploré le chef de la diplomatie française Stéphane Séjourné. «Les Soudanais sont aussi victimes de l'oubli et de l'indifférence», a-t-il poursuivi. «C'est le sens de nos réunions d'aujourd'hui: briser le silence qui entoure ce conflit et mobiliser la communauté internationale».

Dès l'ouverture de la réunion, co-présidée par la France, l'Allemagne et l'Union européenne, plus de 840 millions ont été annoncés dont 110 millions par Paris, 244 par Berlin, 350 par Bruxelles et 138 par Washington.

La conférence se décline en trois volets: un volet politique avec la participation essentiellement d'ambassadeurs et ministres des Affaires étrangères (Sud Soudan, Djibouti, Kenya, Tchad entre autres), un volet humanitaire pour récolter les dons et une réunion d'une quarantaine de membres de la société civile soudanaise.

Ne pas détourner les yeux

La ministre allemande Annalena Baerbock a relevé que cette conférence se tenait alors que les yeux restent rivés sur la situation au Proche Orient après l'attaque de l'Iran contre Israël survenue samedi soir.

Pour autant, la communauté internationale ne doit pas se détourner de la guerre au Soudan qui a provoqué une crise humanitaire catastrophique, a-t-elle souligné, évoquant la «souffrance indicible» et le sentiment d'abandon des Soudanais, victimes de la guerre que se mènent «deux généraux impitoyables».

Les multiples initiatives de médiation sont restées sans effet, a-t-elle poursuivi. Mme Baerbock a appelé «à oeuvrer à une meilleure coordination» et exhorté la communauté internationale à «agir de concert pour amener les belligérants à la table de négociation et parvenir à un cessez-le-feu».

«Seule la pression internationale» pourra pousser les belligérants à négocier, a renchéri le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell. Et il y a urgence à agir alors que le Soudan «s'effondre», a souligné le commissaire européen à l'aide humanitaire Janez Lenarcic, pointant le risque de déstabilisation de toute la Corne de l'Afrique, la guerre ayant poussé de nombreux Soudanais à se déplacer.

Une année de guerre

Plus de 3,4 millions de personnes ont ainsi un besoin «urgent» d'une réponse humanitaire au Tchad, selon Action contre la faim (ACF), conséquence de l'afflux massif de réfugiés fuyant la guerre au Soudan.

La guerre au Soudan a éclaté le 15 avril 2023 entre les forces loyales au chef de l'armée Abdel Fattah al-Burhane et celles de son ancien adjoint Mohamed Hamdane Daglo, commandant des Forces paramilitaires de soutien rapide.

«Les civils souffrent de famine, de violences sexuelles massives, de massacres ethniques à grande échelle et d'exécutions. (...) Pourtant le monde continue de regarder ailleurs», se désespère Will Carter, le directeur au Soudan du Norwegian Refugee Council.

L'espoir d'un «réveil» international

Alors que 25 millions de personnes, soit la moitié de la population du pays, ont besoin d'aide, Jean Stowell, chef de mission de Médecins sans frontières au Soudan, dénonce pour sa part «un vide humanitaire extrêmement inquiétant».

«En plus des décès liés à la violence, nous voyons des enfants qui meurent à cause de la malnutrition et du manque de vaccins, des femmes qui souffrent de complications après des accouchements dangereux», énumère-t-il dans un communiqué.

«L'an dernier l'appel humanitaire des Nations unies n'a été financé qu'à moitié. Cette année, 5%» seulement sur les 3,8 milliards d'euros demandés, pointe le Quai d'Orsay. «Nous n'avons pas la prétention de les atteindre à Paris mais avons bon espoir que la communauté internationale se réveille».

Directrice adjointe de la division Afrique de l'ONG Human Rights Watch, Laetitia Bader appelle, elle, à «un message très dur» et des sanctions internationales contre les belligérants, qui ont «empêché la réponse humanitaire», «pillé massivement l'aide» et planifié des «tueries d'humanitaires», en plus des nombreuses exactions contre les civils.