Londres Politique migratoire fustigée lors d'une manifestation antiraciste

ATS

18.3.2023 - 20:51

Quelques milliers de personnes ont participé samedi à Londres à une manifestation antiraciste. Ils ont critiqué vertement la politique migratoire du gouvernement conservateur et notamment le projet d'interdire l'asile aux migrants arrivés illégalement, a constaté un photographe de l'AFP.

Dans le cortège vers Downing Street, des manifestants ont scandé des slogans hostiles au gouvernement conservateur au pouvoir (image d'illustration).
Dans le cortège vers Downing Street, des manifestants ont scandé des slogans hostiles au gouvernement conservateur au pouvoir (image d'illustration).
Keystone/EPA/Michael Reynolds

18.3.2023 - 20:51

«Aucun être humain n'est illégal», «Réfugiés bienvenue», pouvait-on lire sur les pancartes brandies pendant le défilé organisé avant une journée annuelle des Nations unies contre le racisme qui se tient mardi.

Dans le cortège vers Downing Street, des manifestants ont scandé des slogans hostiles au gouvernement conservateur au pouvoir, comme «Tories dehors», «racistes dehors».

Certains ont pris fait et cause pour le commentateur sportif vedette Gary Lineker, au coeur d'une polémique monstre la semaine dernière après sa suspension de l'antenne de la BBC pour avoir comparé la rhétorique du gouvernement à celle de l'Allemagne nazie des années 1930.

«Gouvernement raciste»

«Ils essaient d'interdire les grèves, ils expulsent les immigrés, ce n'est pas britannique», a affirmé une manifestante, Maria Frazer, 75 ans, à l'agence de presse PA, en référence au projet du gouvernement d'envoyer au Rwanda les demandeurs d'asile arrivés illégalement au Royaume-Uni.

«Les gens dans ce pays sont des gens décents et ils veulent ouvrir leurs bras à des gens qui fuient des situations terribles», a abondé un autre manifestant, Mark Daly, 65 ans. «Nous ne pouvons pas classer ces gens comme illégaux», a-t-il ajouté, dénonçant une «politique raciste d'un gouvernement raciste».

La manifestation s'est tenue alors que la ministre britannique de l'Intérieur Suella Braverman effectue ce week-end un déplacement au Rwanda.

«Unique au monde»

A cette occasion, elle a défendu, depuis Kigali, le projet d'expulser vers le Rwanda des demandeurs d'asile arrivés illégalement au Royaume-Uni, assurant qu'il était «humanitaire» et «compatissant».

«Je crois sincèrement que ce partenariat de premier plan mondial entre deux alliés et deux amis, le Royaume-Uni et le Rwanda, ouvrira la voie à la recherche d'une solution à la fois humanitaire et compatissante», a déclaré à la presse Suella Braverman, au côté de Vincent Biruta, ministre rwandais des Affaires étrangères.

Les conservateurs britanniques ont fait de la lutte contre l'immigration clandestine, une des promesses du «Brexit», l'une de leurs priorités.

Mais les migrants n'ont jamais été aussi nombreux à traverser la Manche sur des petites embarcations pour rallier le Royaume-Uni. Environ 45'000 sont ainsi arrivés sur les côtes anglaises en 2022, contre 28.526 en 2021.

Espérant décourager les traversées, le gouvernement avait conclu un accord avec Kigali prévoyant des expulsions vers le Rwanda.

La très à droite patronne du «Home Office» a ajouté qu'il y avait une «crise migratoire au niveau mondial». Ce projet «contribuera non seulement à démanteler les réseaux criminels de trafic d'êtres humains, mais aussi à sauver des vies», a assuré de son côté Vincent Biruta.

En décembre, la Haute Cour de Londres avait donné son feu vert à ce projet hautement controversé que le gouvernement conservateur de Rishi Sunak veut déployer dès que possible, en jugeant le dispositif «légal». Mais la justice britannique a accepté en janvier d'examiner en appel le projet gouvernemental.

ATS