Présidentielle françaisePour sa rentrée, Mélenchon cogne contre l'abstention
ATS
29.8.2021 - 13:19
«Peu importent les pronostics si le peuple s'en mêle!»: Jean-Luc Mélenchon a lancé son année présidentielle en convoquant les classes populaires aux urnes contre l'abstention qui pourrait lui nuire, dimanche aux Amphis de La France insoumise dans la Drôme.
Keystone-SDA
29.08.2021, 13:19
29.08.2021, 14:14
ATS
Sur la scène installée devant le lac de Châteauneuf-sur-Isère, le chef insoumis a renoué avec l'exercice du meeting qu'il affectionne et sait plus rare en temps de covid.
Devant plusieurs milliers de militants, il a identifié avec des accents offensifs ce qu'il estime être leur ennemi numéro 1: «L'abstention, décidément, est un piège à cons!».
Certes, elle est «une forme d'action et pas une indifférence». «Mais quand il s'agit de décider, tout passe par le pouvoir politique, encore plus en Ve République», a professé le patron des députés LFI.
Il sait qu'il va devoir lutter à contre-courant contre un phénomène qui a grimpé aux deux dernières élections intermédiaires, menace la présidentielle et touche davantage les classes populaires auxquelles il s'adresse.
«L'abstention est le pire qui puisse nous arriver. Les sondages disent que plus ça vote, plus nous sommes forts; moins ça vote, plus Le Pen et Macron sont forts», a argué Jean-Luc Mélenchon.
«Alors quoi, c'est trop d'effort de se bouger? Les esclaves se bougeaient» pour obtenir l'abolition, a-t-il tonné.
«Union populaire»
Sur l'insécurité qui inquiète les classes populaires, M. Mélenchon a affirmé qu'elle concerne surtout «les trafics de drogue, des humains» et les relations avec la police: «Nous voulons une police républicaine respectueuse de la justice, des droits des citoyens, qui vouvoie et ne tutoie personne».
Conscient de sa personnalité clivante, propice aux polémiques médiatiques, le député des Bouches-du-Rhône a simulé les reproches qu'on pourrait lui faire: «Mélenchon me convient pas, il parle trop fort, on a dit qu'il était ceci, ou je sais plus ce qu'on m'a dit mais ça me pose problème car je suis un petit bourgeois».
Il a explicité sa stratégie d'"union populaire», label qui a remplacé sur les affiches de campagne celui de LFI, désormais jugé trop peu rassembleur: «L'union à la base tous azimuts – non pas contre, par détestation, mais pour changer la vie, en disant clairement comment, pourquoi, avec qui».
Peur d'une trahison
Avant lui sur la scène, Huguette Bello, la présidente de région de La Réunion, élue grâce au soutien des Insoumis et qui est venue leur rendre la pareille, a salué «la vraie gauche, celle qui n'a jamais abandonné les classes populaires».
Le directeur de campagne Manuel Bompard a concédé devant la presse que transformer le capital d'adhésion sur le programme, documenté par un récent sondage, en voix sonnantes et trébuchantes serait difficile. «C'est la politique, les gens peuvent être d'accord avec vos propositions, mais se demandent si l'on peut vraiment les mettre en oeuvre, si on va gagner, si on ne va pas les trahir...», a-t-il relevé.
Les Insoumis assument d'aliéner une partie de l'électorat, a expliqué l'eurodéputé: «Que Mélenchon soit clivant, dans notre vocabulaire, c'est positif. Pour les classes moyennes urbanisées certes ça peut faire peur... (...) Mais une partie des classes moyennes s'est radicalisée», comme les «gilets jaunes».
Avancer
En se concentrant sur l'abstention, les Insoumis prennent leur couloir en faisant mine d'ignorer le reste de la gauche, alors que les écologistes sont occupés à leur primaire jusqu'en septembre et qu'au PS Anne Hidalgo entretient le suspense sur sa date de candidature.
«Nous on va avancer, pendant que les autres débattent entre eux et ne sont pas sortis de l'ornière», savoure Eric Coquerel, autre proche de Jean-Luc Mélenchon.
Le député Alexis Corbière mise sur l'expérience des deux précédentes campagnes de Jean-Luc Mélenchon. «Je ne crois pas à cette histoire de nouveauté. On ne fera jamais plus nouveau en termes d'image que Macron, et on voit ce que ça a donné. En revanche, les gens veulent du changement» sur le fond, a-t-il souligné.
Philosophe, il se résout à une campagne dure: «Elle n'est pas gagnée... mais elle n'est pas perdue non plus».
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