Elections européennes Poussée des Verts et de l'AfD en Allemagne

ATS

26.5.2019 - 18:52

Des militants ont manifesté à Berlin contre le parti populistes AfD lors des élections européennes de dimanche.
Des militants ont manifesté à Berlin contre le parti populistes AfD lors des élections européennes de dimanche.
Source: KEYSTONE/EPA/FELIPE TRUEBA

Les unions chrétiennes (CDU/CSU) d'Angela Merkel sont arrivées en tête des élections européennes de dimanche en Allemagne. Elles devancent devant les Verts qui réalisent une percée sans précédent, selon des sondages réalisés pour les télévisons publiques.

La CDU-CSU d'Angela Merkel, conduite par le candidat à la présidence de la Commission européenne Manfred Weber, est à environ 28%, le plus faible score de son histoire toutes élections à l'échelon national confondues. «C'est décevant», a reconnu le commissaire européen allemand, Günther Oettinger, à l'antenne de la chaîne ARD.

Les Verts s'envolent à 20,5-22% (contre 10,7% en 2014), selon les enquêtes réalisées à la sortie des bureaux de vote pour ARD et ZDF. L'extrême droite AfD atteint son objectif avec 10,5% (7,1% en 2014). Les sociaux-démocrates du SPD, membre de la coalition gouvernementale au pouvoir, s'écroulent à 15,5%.

Ces chiffres, s'ils devaient se confirmer, pourraient conférer autour de 28 sièges européens à la CDU-CSU (-6 par rapport au parlement sortant), 22 aux Verts (+9), 15 aux sociaux-démocrates (- 12) et 10 à l'AfD (+9).

Gifle pour le SPD à Brême

Autre gifle pour le SPD, le plus vieux parti d'Allemagne arrive dimanche deuxième derrière les conservateurs aux régionales dans son bastion de Brême, Land qu'il dirige depuis la fin de la guerre. «Un résultat amer», a réagi à la télévision l'un des cadres du SPD, Carsten Schneider.

La participation a bondi de onze points par rapport à 2014 à 59%.

La percée verte intervient alors que la thématique de l'urgence climatique est devenue un sujet dominant face à l'incapacité du gouvernement à organiser sa stratégie et à atteindre ses objectifs en matière de réduction des gaz à effet de serre.

Quelque 68% des Allemands interrogés jugent dans un récent sondage que trop peu était fait pour faire face à l'urgence climatique.

L'alternative écologiste

Le parti écologiste, qui s'est rapproché du centre ces dernières années et forme en régions des coalitions aussi bien avec la droite que la gauche, était depuis plusieurs semaines aux alentours de 20% dans les enquêtes d'opinion.

«C'est la première fois que le changement climatique joue un tel rôle dans une élection», a noté sur ARD Robert Habeck, le chef des Verts allemands. «Maintenant on doit mettre en oeuvre (nos propositions) sur le changement climatique», se réjouit la tête de liste du parti, Ska Keller.

Les européennes en Allemagne signent donc une réussite pour les écologistes et l'extrême droite et un échec cuisant pour les deux grands partis qui depuis 1949 ont toujours dirigé le pays – séparément ou ensemble.

Remous attendus

Au niveau national, ces mauvais résultats risquent de provoquer des remous au sein de la coalition, alors que les voix ne cessent de s'élever au SPD pour sortir du gouvernement à l'automne, quitte à provoquer des législatives anticipées.

Les directions des deux grands partis doivent se réunir lundi pour tirer les leçons de ce scrutin. Affaiblie par une série de mauvais scores lors de régionales, Angela Merkel a de son côté abandonné fin 2018 la tête de son parti et s'est tenue à distance de la campagne des Européennes.

Sa successeure et dauphine supposée, Annegret Kramp-Karrenbauer peine depuis à convaincre et sa popularité s'est érodée.

Une grande majorité d'Allemands veut voir Mme Merkel rester jusqu'à la fin de son mandat en 2021, mais la «grande coalition» ne satisfait que 38% des personnes interrogées, selon le sondage de référence Politbarometer.

Des semaines fatidiques se profilent donc car trois Länder d'ex-Allemagne de l'Est, où l'AfD peut espérer obtenir plus de 20% des voix, votent en septembre et octobre. Un mauvais score du SPD et de la CDU pourrait être fatal pour le gouvernement.

Le couperet pourrait même tomber plus tôt, les sociaux-démocrates devant faire le bilan de leur participation au gouvernement en septembre.

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