Pourparlers sans la Russie Poutine: «Ce serait drôle si ce n'était pas triste»

AFP

11.4.2024

Moscou a estimé jeudi que des pourparlers sur l'Ukraine en l'absence de la Russie n'avaient «aucun sens», après que la Suisse a annoncé la veille organiser une telle conférence en juin sans représentation russe.

Le président russe Vladimir Poutine a lui tourné en dérision l'organisation de cette conférence sans la Russie (archives).
Le président russe Vladimir Poutine a lui tourné en dérision l'organisation de cette conférence sans la Russie (archives).
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11.4.2024

«Nous avons dit bien des fois qu'un processus de négociation sans la Russie n'avait aucun sens», a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, interrogé sur l'initiative prise par la Suisse de réunir les 15 et 16 juin les représentants d'une centaine de pays.

Le président russe Vladimir Poutine a lui tourné en dérision l'organisation de cette conférence sans la Russie. «Ce serait drôle si ce n'était pas triste», a-t-il déclaré jeudi lors d'une rencontre au Kremlin avec son homologue bélarusse Alexandre Loukachenko.

«Rien concernant l’Ukraine sans l’Ukraine»

Washington a pour sa part affirmé jeudi ne pas avoir encore décidé d'y participer ou non, tout en balayant les accusations de Moscou qui a qualifié la conférence de projet électoraliste du parti démocrate de Joe Biden.

«C'est une allégation absurde du gouvernement russe», a déclaré à la présse le porte-parole du département d'Etat américain, Matthew Miller, ajoutant que la position de Moscou «ne montrait pas beaucoup de confiance dans la capacité du gouvernement suisse à mener ses propres affaires de politique étrangère.»

«Notre politique à ce sujet a toujours été +rien concernant l’Ukraine sans l’Ukraine.+ S’il s’agit d’une réunion diplomatique que le gouvernement ukrainien soutient et à laquelle il souhaite participer, nous soutenons certainement son droit à le faire», a-t-il poursuivi.

«La formule Zelensky n'envisage pas de compromis»

La porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova a de son côté affirmé que toute action pour l'Ukraine qui «ignore la position de la Russie» était «détachée de la réalité» et n'avait «aucune perspective».

Elle a également fustigé la «formule de paix» avancée par Volodymyr Zelensky et qui prévoit pour l'essentiel un retrait des troupes russes du territoire ukrainien, des réparations financières de la part de Moscou et la création d'un tribunal spécial pour juger les responsables russes.

«Il est de notoriété publique que la +formule Zelensky+ n'envisage pas de compromis, d'alternatives et ignore totalement les propositions de la Chine, du Brésil, des Etats africains et arabes», a affirmé Mme Zakharova.

«Plus faire confiance à la Suisse»

Elle a aussi estimé qu'on ne pouvait «pas non plus faire confiance à la Suisse», qui «défend les positions de l'Ukraine, soutient le régime de Kiev, applique des sanctions antirusses et adopte des stratégies qui excluent la Russie du système de sécurité européen».

«La Suisse ne peut pas être un hôte neutre dans de telles conditions et encore moins un médiateur, par définition», a-t-elle martelé.

«Nous sommes convaincus que nos partenaires d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine seront vigilants et ne se laisseront pas entraîner dans une nouvelle aventure antirusse», a encore déclaré Mme Zakharova.