La maîtresse prend le relais Poutine démantèle l'empire médiatique de Prigojine

Philipp Dahm/trad

6.7.2023

Une usine à trolls, des portails d'information et des groupes Telegram : Avec son «Patriot Media Group», Evgueni Prigojine a influencé Internet. Après la révolte, c'est fini - et c'est la maîtresse de Vladimir Poutine qui devient la nouvelle patronne.

Le «National Media Group» devrait reprendre les affaires. Et la présidente du conseil d'administration de cette entreprise de médias fidèle au Kremlin n'est autre qu'Alina Kabaïeva, qui aurait trois enfants avec Vladimir Poutine. (archives)
Le «National Media Group» devrait reprendre les affaires. Et la présidente du conseil d'administration de cette entreprise de médias fidèle au Kremlin n'est autre qu'Alina Kabaïeva, qui aurait trois enfants avec Vladimir Poutine. (archives)
TASS via Getty Images

P. Dahm

6.7.2023

Prigojine possède de multiples talents. Cet homme de 62 ans a parfois aussi mené ses combats sur Internet : début novembre, le patron du groupe Wagner a par exemple admis des ingérences dans les élections américaines de 2016 - et n'avait pas caché qu'il le ferait à nouveau. Mais ce dernier point sera difficile, car son empire médiatique est sur le point d'être démantelé : son «Patriot Media Group» doit être vendu, rapporte le «Wall Street Journal» (WSJ).

Le «National Media Group» devrait reprendre les affaires. Et la présidente du conseil d'administration de cette entreprise de médias fidèle au Kremlin n'est autre qu'Alina Kabaïeva, qui aurait trois enfants avec Vladimir Poutine.

Le «Patriot Media Group», qui n'a été fondé qu'en 2019, comprend d'une part des portails d'information comme «Volksnews», «Neva News», «Politique aujourd'hui» ou «Economie aujourd'hui» ainsi que l'agence de presse RIA FAN et d'autre part divers canaux Telegram à succès.

«C'était comme d'habitude : il a insulté tout le monde»

A cela s'ajoutent des «usines à trolls» comme l'Internet Research Agency, dont les collaborateurs tentent parfois d'influencer en ligne les campagnes électorales américaines.

Ce qui s'est d'ailleurs fait, soit via la filiale de RIA-FAN USA Really - Wake Up Americans, soit via des trolls en Russie qui ont financé et encouragé des manifestations de protestation via Internet. Des sujets controversés ont été lancés sur Facebook et des «thèmes sociaux importants» sur Twitter. Depuis 2018, les Etats-Unis sanctionnent Progojine pour cette raison.

Mais depuis que la rébellion du groupe Wagner le 24 juin, le «Patriot Media Group» s'est tu: la police a perquisitionné les locaux de Saint-Pétersbourg et confisqué des ordinateurs. On dit que Prigojine en personne a ordonné la dissolution de son entreprise de médias. Un employé décrit ainsi l'événement : «C'était comme d'habitude : il a insulté tout le monde et a dit que, putain, il n'avait besoin d'aucun d'entre nous».

Un collègue ajoute que Ple patron de Wagner aurait dit : «Si je ne peux pas vous avoir, personne ne vous aura». Après la rébellion de ses mercenaires, les ordinateurs ont été confisqués et le travail au «Patriot Media Group» est ainsi suspendu.

Yuri Kowaltschuk et Alina Kabaïeva doivent maintenant prendre le relais. Kowaltschuk est un multimilliardaire et un magnat des médias qui figure également sur la liste des sanctions des Etats-Unis. Il possède le «National Media Group», que Kabaïeva dirige et auquel appartiennent divers produits de presse. Depuis 2014, la maîtresse de Poutine est la présidente du conseil d'administration. On dit d'elle qu'elle a trois enfants du président russe, dont certains seraient nés en Suisse.