Seulement des roubles Poutine ne veut plus de dollars et d'euros pour le gaz russe

ATS

23.3.2022 - 21:17

Vladimir Poutine a annoncé mercredi que la Russie n'acceptera plus de paiements en dollars ou en euros pour les livraisons de gaz à l'UE. Ce durcissement intervient à la veille de réunions de l'OTAN, du G7 et de l'Union européenne consacrées au conflit en Ukraine, au cours desquelles de nouvelles sanctions contre Moscou pourraient être décidées.

23.3.2022 - 21:17

«Il est clair que livrer nos marchandises à l'UE, aux États-Unis, et recevoir des dollars, des euros, d'autres devises, ne fait plus aucun sens pour nous», a déclaré Vladimir Poutine.
«Il est clair que livrer nos marchandises à l'UE, aux États-Unis, et recevoir des dollars, des euros, d'autres devises, ne fait plus aucun sens pour nous», a déclaré Vladimir Poutine.
KEYSTONE

Jeudi, un mois jour pour jour après le déclenchement de l'invasion russe, les Occidentaux se réuniront à Bruxelles pour des sommets de l'OTAN, du G7 et de l'Union européenne. En partant mercredi pour l'Europe, le président américain Joe Biden a estimé qu'une attaque russe à l'arme chimique en Ukraine était «une menace crédible».

Quelques heures plus tard, son secrétaire d'Etat Antony Blinken a indiqué que le gouvernement américain avait établi que les membres des forces russes ont commis des crimes de guerre en Ukraine». Les Etats-Unis se basent sur «un examen minutieux des informations disponibles issues de sources publiques et du renseignement», selon M. Blinken, précisant que des tribunaux devraient déterminer les responsabilités juridiques.

«Les alliés de l'OTAN ont renforcé leur soutien à l'Ukraine, notamment en fournissant des systèmes de défense aérienne avancés, des systèmes antichars, différents types d'armes et de munitions et j'attends des alliés qu'ils examinent comment ils peuvent intensifier leurs efforts et fournir davantage d'équipements de protection et de défense contre les armes chimiques», a déclaré mercredi le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg.

Selon Jens Stoltenberg, l'OTAN va déployer quatre nouveaux groupements tactiques en Bulgarie, en Roumanie, en Hongrie et en Slovaquie, pour renforcer ses défenses contre la Russie sur son flanc oriental. Cela porterait à huit les groupements tactiques déployés de la Baltique à la mer Noire.

Le chef de cabinet du président ukrainien a de son côté appelé les Occidentaux à livrer «des armes offensives», un «moyen de dissuasion» face à Moscou, avant ces sommets auxquels Volodymyr Zelensky s'adressera par visioconférence.

Gaz contre roubles

Le président ukrainien, qui enchaîne les appels devant les parlements du camp occidental, a demandé mercredi au Parlement français le départ de Russie des entreprises françaises.

Face à des sanctions économiques de plus en plus dures, Vladimir Poutine a annoncé que Moscou n'accepterait plus de paiements en dollars ou en euros pour les livraisons de gaz à l'UE.

Il a donné une semaine aux autorités russes pour mettre en place le nouveau système en roubles. Une «tentative de renforcer le rouble et de déclarer une guerre économique à l'UE», selon le chef de l'administration présidentielle ukrainienne, Andriï Iermak.

«Mais l'Occident pourrait frapper la Russie avec un embargo pétrolier qui ferait plonger l'économie russe. Ce sera désormais une bataille économique clef, et l'Occident doit collectivement la gagner», a-t-il ajouté. L'Allemagne a critiqué une «rupture de contrat» après l'annonce du président Poutine.

Poutine au sommet du G20?

La Russie sera-t-elle exclue de certaines institutions internationales? «Sur la question du G20, je dirais simplement ceci: nous pensons que la Russie ne peut pas faire comme si de rien n'était dans les institutions internationales et dans la communauté internationale», a dit Jake Sullivan.

La Chine s'est prononcée contre une exclusion de Moscou du prochain sommet en fin d'année de ce vaste groupe de pays industrialisés et émergents, auquel Moscou a indiqué que Vladimir Poutine comptait participer.

100'000 personnes piégées à Marioupol

Sur le terrain, «près de 100'000 personnes dans des conditions inhumaines» sont toujours piégées dans les ruines de la grande ville de Marioupol (sud), «en état de siège total, sans nourriture, sans eau, sans médicaments, sous des bombardements constants», a alerté M. Zelensky dans une vidéo publiée mercredi à l'aube.

Selon le dernier décompte du Haut commissariat aux droits de l'homme de l'ONU diffusé mercredi, 977 civils ont été tués, dont 82 enfants, et 1594 blessés depuis le début du conflit. Plus de 3,6 millions de personnes ont fui l'Ukraine depuis le 24 février, indique le décompte de l'ONU publié mercredi. Au total, quelque dix millions de personnes, soit un quart environ de la population du pays, ont été forcées de quitter leur foyer.

A Kiev, où le couvre-feu instauré lundi soir s'est achevé mercredi matin, une nouvelle frappe sur le parking d'un centre commercial a fait un mort et deux blessés, dans le quartier nord-ouest de Podilsk, selon le maire Vitali Klitschko. Plus tôt dans la journée, quatre personnes ont été blessées dans des bombardements sur des immeubles, toujours selon le maire.

L'offensive russe «s'enlise malgré toutes les destructions qu'elle provoque jour après jour», a toutefois estimé le chancelier allemand Olaf Scholz.

ATS