«Persona non grata»Près de 200 diplomates russes expulsés d'Europe en 48 heures
ch
5.4.2022 - 19:18
Après la France et l'Allemagne lundi, l'Italie, la Suède et l'Espagne ont à leur tour expulsé mardi des dizaines de diplomates russes, marquant une nouvelle dégradation des relations avec Moscou après la découverte de massacres imputés aux forces russes près de Kiev.
Keystone-SDA, ch
05.04.2022, 19:18
05.04.2022, 19:24
ATS
Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a pour sa part annoncé avoir décidé de déclarer «persona non grata» plusieurs membres de la représentation de la Russie auprès de l'UE à cause «d'activités contraires» à leur statut de diplomates. Il n'en a précisé ni le nombre ni la date de leur expulsion.
L'Italie a décidé d'expulser 30 diplomates russes pour des raisons de «sécurité nationale». «Cette décision a été prise en accord avec d'autres partenaires européens et atlantiques», a expliqué le Premier ministre Mario Draghi. Rome soutient «avec conviction» les nouvelles sanctions présentées mardi par la Commission européenne.
Indignation
Les Occidentaux ont manifesté ce week-end leur indignation après la découverte de dizaines de corps portant des vêtements civils à Boutcha, au nord-ouest de Kiev, à la suite du retrait des Russes.
Pour sa part, la Russie a rejeté fermement son implication, en dénonçant une «mise en scène» ukrainienne visant selon Moscou à dénigrer l'image des soldats russes. «Des événements similaires sont en train d'être organisés par les services spéciaux ukrainiens» dans d'autres villes, a-t-elle ajouté.
Dans la foulée des informations sur les morts de Boutcha, la Lituanie a annoncé l'expulsion de l'ambassadeur de Russie «en réponse à l'agression militaire de la Russie contre l'Ukraine souveraine et aux atrocités commises par les forces armées russes».
L'Allemagne a fait savoir le jour même qu'elle expulsait «un nombre élevé» de diplomates russes en poste à Berlin, selon la ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock. D'après des informations de l'AFP, leur nombre s'élèverait à 40.
«Activités d'espionnage»
Quelques minutes plus tard, la France annonçait l'expulsion de 35 diplomates russes «dont les activités sont contraires à (ses) intérêts», selon une source proche du ministère français des Affaires étrangères.
Et mardi matin, le Danemark a lui aussi décidé d'expulser 15 diplomates russes ayant «mené des activités d'espionnage sur le sol danois», a affirmé le ministre des Affaires étrangères Jeppe Kofod.
La Suède a également annoncé en milieu de journée l'expulsion de trois diplomates russes, suivie dans la foulée par l'Espagne qui a décidé d'expulser «de manière immédiate» environ 25 diplomates russes qui représentaient une «menace pour les intérêts» du pays.
En fin d'après-midi, la Slovénie en a expulsé 33 et l'Estonie 14, soit au total près de 200 diplomates russes expulsés d'Europe en 48 heures.
Faux diplomates
Plusieurs Etats européens avaient déjà pris des mesures similaires. Le 29 mars, la Belgique avait annoncé l'expulsion sous 15 jours de 21 personnes travaillant pour l'ambassade et le consulat de Russie, soupçonnées d'implication «dans des opérations d'espionnage et d'influence menaçant la sécurité nationale».
Le même jour, les Pays-Bas avaient décidé l'expulsion de 17 personnes «accréditées en tant que diplomates auprès des représentations russes aux Pays-Bas» mais «secrètement actives en tant qu'officiers de renseignement».
Le 23 mars, la Pologne avait annoncé, par la voix de son ministre de l'Intérieur Mariusz Kaminski, l'expulsion 45 «espions russes se faisant passer pour des diplomates».
«Représailles» annoncées
Le Kremlin a pour sa part dénoncé mardi le «manque de clairvoyance» européenne. «Nous le regrettons. La réduction des possibilités de communiquer au niveau diplomatique dans ces conditions difficiles» dénote un «manque de clairvoyance qui va compliquer davantage» les relations entre la Russie et l'UE, a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
«Et cela va entraîner inévitablement des mesures de représailles», a-t-il ajouté.