Présidentielle au Brésil 156 millions d'électeurs sont appelés aux urnes dimanche

ATS

2.10.2022 - 09:13

Les 156 millions d'électeurs brésiliens sont appelés aux urnes dimanche pour une présidentielle sous haute tension. Le scrutin pourrait voir l'ancien président de gauche Lula être élu dès le premier tour et le sortant Jair Bolsonaro refuser le verdict des urnes.

L'ancien président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva (au centre) a réuni une vaste coalition de dix partis allant jusqu'au centre droit (archives).
L'ancien président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva (au centre) a réuni une vaste coalition de dix partis allant jusqu'au centre droit (archives).
ATS

Keystone-SDA

Cette élection lourde d'incertitudes est décisive pour l'avenir de la jeune démocratie au Brésil, première puissance d'Amérique latine très fracturée. Le choc au sommet entre les ennemis jurés Jair Bolsonaro, 67 ans, et Luiz Inacio Lula da Silva, 76 ans, a relégué les neuf autres candidats au rang de figurants.

L'ex-président Lula (2003-2010) était toujours le grand favori dans le dernier sondage Datafolha samedi soir, avec 50% des votes valides contre 36% à Bolsonaro. «La question est de savoir s'il y aura un second tour ou non, et c'est impossible à prédire», déclare à l'AFP Adriano Laureno, analyste chez les consultants Prospectiva.

Tombereaux de haine

Une victoire de Lula, qui a marqué la vie politique brésilienne depuis un demi-siècle et concourt à sa sixième présidentielle, signerait un comeback inespéré quatre ans après son incarcération controversée pour des soupçons de corruption.

Le dernier débat présidentiel jeudi a illustré le degré de haine entre les deux favoris qui se sont écharpés, s'accusant d'être «menteur» ou «corrompu». La campagne, menée en gilet pare-balle par les candidats, a elle aussi été tendue. Elle a charrié des tombereaux d'attaques personnelles, livré peu de projets pour le Brésil, et s'est déroulée dans un climat délétère.

Ainsi pour de nombreux Brésiliens, une lection de Lula dès le premier tour permettrait d"'en finir» et d'échapper à quatre semaines supplémentaires de campagne à couteaux tirés jusqu'à un second tour le 30 octobre.

Sondages «mensongers»

L'abstention dimanche pourrait pénaliser davantage Lula. Selon les analystes, un second tour pourrait permettre à M. Bolsonaro de galvaniser ses troupes et de trouver un nouvel élan.

Mais espérant une victoire dès le premier tour, l'équipe de Lula a fait campagne pour le «vote utile», lorgnant du côté des électeurs de Ciro Gomes (centre gauche), quatrième dans les sondages avec 5% des intentions de vote.

Jair Bolsonaro a affirmé qu'il serait «anormal» qu'il n'obtienne pas au moins 60% des voix dimanche et rejette les sondages «mensongers». «Je pense qu'il va contester le résultat s'il perd» dit M. Laureno, «mais cela ne veut pas dire qu'il va réussir. La communauté internationale va reconnaître le résultat rapidement».

Craintes d'un coup de force

Le président d'extrême droit, ancien capitaine de l'armée, a lancé des attaques innombrables contre la fiabilité des urnes électroniques, laissant planer la menace d'un coup de force.

La crainte d'un remake brésilien de l'assaut du Capitole à Washington en 2021 après la défaite de Donald Trump est dans tous les esprits. L'armée n'a donné aucun signe d'agitation et les Etats-Unis ont indiqué qu'ils allaient «suivre de près» l'élection.

Plus de 500'000 membres des forces de l'ordre doivent assurer la sécurité et des dizaines d'observateurs étrangers surveiller le déroulement du vote, de 08h00 à 17h00 (13h00 à 22h00 suisses).

Large coalition pro-Lula

Lula, le chef du Parti des Travailleurs (PT), a réuni une vaste coalition de dix partis allant jusqu'au centre droit de son colistier, l'ex-gouverneur de Sao Paulo Geraldo Alckmin, choisi pour rassurer les milieux économiques. Il a le vote majoritaire des femmes, des jeunes et des classes défavorisées.

Jair Bolsonaro se présente sous l'étiquette du petit Parti libéral (PL) et bénéficie du soutien enthousiaste des évangéliques, du lobby de l'agronégoce et des pro-armes, et de l'appui, plus réservé, du patronat.

Les Brésiliens élisent aussi dimanche leurs 513 députés fédéraux, les gouverneurs des 27 Etats et les députés des assemblées des Etats. Comme le président, tous ont un mandat de quatre ans. Un tiers des 81 sièges du Sénat seront aussi renouvelés, mais pour huit ans.