Prix SakharovL'Iranienne Mahsa Amini honorée à titre posthume
ATS
12.12.2023 - 14:58
Le Parlement européen a remis mardi le prix Sakharov à titre posthume à l'Iranienne Mahsa Amini. Son nom est devenu un «symbole de liberté» selon sa famille, tenue à l'écart de la cérémonie par Téhéran.
Keystone-SDA
12.12.2023, 14:58
12.12.2023, 15:08
ATS
Plus haute distinction de l'Union européenne pour les droits humains, ce prix a été décerné à la jeune Kurde iranienne, décédée à l'âge de 22 ans le 16 septembre 2022, trois jours après avoir été arrêtée pour non-respect du strict code vestimentaire imposé aux femmes en Iran.
Sa mort a entraîné des mois de manifestations contre le régime iranien, Mahsa Amini devenant le symbole de la lutte contre l'obligation du port du voile. La répression de ce mouvement a provoqué des centaines de morts et des milliers d'arrestations.
Interdiction de quitter l'Iran
La famille de Mahsa Amini avait prévu d'assister à la remise du prix Sakharov au Parlement européen à Strasbourg, mais n'a pu partir, frappée au dernier moment par une interdiction de quitter le territoire iranien, «en violation de toutes les normes juridiques et humaines», a dénoncé sa mère, Mojgan Eftekhari.
Dans un message lu par son avocat, qui a reçu le prix Sakharov au nom de la famille, Mojgan Eftekhari a comparé sa fille à Jeanne d'Arc, soulignant que «sa vie a été injustement enlevée». «Je crois fermement que son nom, au côté de celui de Jeanne d'Arc, restera un symbole de liberté», a-t-elle estimé.
Condamnant la décision du régime iranien d'empêcher les proches de Mahsa Amini de se rendre en France, la présidente du Parlement européen Roberta Metsola a déclaré que «la façon dont ils ont été traités est un nouvel exemple de ce à quoi le peuple iranien est confronté au quotidien».
«Le courage et la résilience des femmes iraniennes dans leur lutte pour la justice, la liberté et les droits humains ne seront pas stoppés. Leurs voix ne peuvent pas être réduites au silence», a martelé Mme Metsola.
Augmenter la pression
La remise du prix Sakharov est intervenue deux jours après celle du prix Nobel de la Paix à la militante Narges Mohammadi, qui n'a pu se rendre à Oslo recevoir cette récompense car elle est détenue depuis 2021 dans la prison d'Evin de Téhéran.
Mardi au Parlement de Strasbourg, deux militantes iraniennes ont représenté le mouvement «Femme Vie Liberté», lui aussi récompensé par le prix Sakharov. Il s'agit d'Afsoon Najafi, dont la soeur Hadis a été tuée à 22 ans lors d'une manifestation en honneur de Mahsa Amini, en septembre 2022, et de Mersedeh Shahinkar, blessée à l'oeil lors d'une manifestation contre le régime iranien en octobre 2022.
Devant la presse, Afsoon Najafi a appelé la communauté internationale à mettre davantage de pression sur le régime iranien.
L'an dernier le prix Sakharov avait récompensé le «courageux peuple ukrainien», confronté à l'invasion russe.