Coronavirus Prochaine pandémie «inévitable»

ATS

14.9.2020 - 16:10

Les spécialistes du comité mondial de surveillance de la préparation aux pandémies demandent aux Etats d'investir davantage sur le long terme pour anticiper ces épidémies dans les différents pays (archives).
Les spécialistes du comité mondial de surveillance de la préparation aux pandémies demandent aux Etats d'investir davantage sur le long terme pour anticiper ces épidémies dans les différents pays (archives).
Source: KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI

Les pertes du Covid sont 500 fois plus importantes que le montant annuel requis pour la préparation aux pandémies. Le coronavirus «a révélé l'incapacité collective» à anticiper celle-ci «avec le sérieux voulu», selon 15 experts. Une autre pandémie est «inévitable»

En 2019, quelques mois avant l'annonce des premiers cas de coronavirus, ce groupe de surveillance de la préparation aux pandémies (GPMB) avait alerté sur un danger «réel» d'une épidémie qui pourrait tuer des dizaines de millions de personnes. «L'impact du Covid est encore pire que ce nous avions anticipé», a dit lundi sa co-présidente, l'ancienne Première ministre norvégienne et ancienne directrice générale de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) Gro Harlem Brundtland.

Les activités humaines rendent «une autre pandémie inévitable», a-t-elle dit au moment de lancer le second rapport du GPMB. Mais des mesures peuvent être prises pour préparer les populations. «Il y aura une autre pandémie» et d'autres urgences sanitaires, a renchéri le directeur général de l'OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus.

Les pays qui s'en sortent le mieux face au coronavirus sont ceux qui ont absorbé les enseignements des précédentes larges épidémies, a-t-il ajouté. Il est important de ne pas «politiser» cette question de la préparation, a insisté de son côté le co-président du groupe d'experts, l'ancien secrétaire général de la Fédération international des sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) Elhadj As Sy.

Demande d'un mécanisme financier

Dans son rapport, le GPMB souligne la fragilité des économies et des systèmes sociaux montrée par la crise qui a accentué les inégalités. «La riposte aux situations d'urgence n'est pas un choix» entre les populations et l'économie, affirme-t-il. La réponse sanitaire «est le meilleur moyen de mettre fin à la menace et de retrouver la productivité».

Les deux co-présidents appellent la communauté internationale à mieux collaborer. La maladie a reculé lorsque des ressources et une organisation «suffisantes» ont été établies, selon eux. En revanche, elle avance en cas de «divisions». Face aux attaques contre l'OMS, notamment par le président américain Donald Trump, le comité demande de soutenir le multilatéralisme et cette institution.

Les fonds dépensés dans la sécurité devraient davantage être utilisés pour la préparation aux pandémies, selon lui. Les populations paient le manque d'investissements financier et politique, malgré les avertissements, insistent les spécialistes. Il faut des fonds prévisibles, flexibles et durables et l'ONU doit lancer un mécanisme financier adapté à ce défi.

Appel lancé sur un sommet mondial

Les dispositifs nationaux actuels n'anticipent pas l'efficacité de la riposte, ni l'importance de la protection sociale. Les spécialistes demandent une action cruciale aux autorités et souhaitent que chaque pays puisse, dès un vaccin identifié, couvrir immédiatement au moins 2% de sa population et le personnel de santé.

Les citoyens doivent également faire preuve de «responsabilité», insistent les experts. Ils doivent protéger les plus vulnérables. Autre demande, les chercheurs, les donateurs, le secteur privé, l'OMS et les autres acteurs internationaux doivent améliorer le soutien à la recherche sanitaire.

Comme pour le Conseil des droits de l'homme, un mécanisme de surveillance de chaque Etat par les autres pays pour évaluer sa conformité avec le Réglement sanitaire international devrait être lancé, selon les 15 spécialistes. Ils appellent à un sommet mondial sur la sécurité sanitaire.

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