La Nupes en difficulté Proche-Orient: l'alliance de gauche proche de l'implosion

ATS

17.10.2023 - 17:28

Minée par des différends à répétition, l'alliance Nupes des partis de gauche en France semble avoir vécu face aux divergences sur le conflit entre Israël et le Hamas.

La crise au Proche-Orient aura eu raison de la Nupes de Jean-Luc Mélenchon.
La crise au Proche-Orient aura eu raison de la Nupes de Jean-Luc Mélenchon.
ATS

Keystone-SDA

Arrivé troisième à la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon, chef de file du parti de gauche radicale La France insoumise (LFI), a semblé acter mardi la rupture de cette coalition née au printemps 2022 après la réélection d'Emmanuel Macron, l'imputant au patron des socialistes Olivier Faure.

Un divorce «pour fait personnel à mon sujet à propos d'Israël (et de la) Palestine», a affirmé M. Mélenchon.

Critiquant la position de LFI sur le Hamas, le patron des socialistes avait affirmé que Jean-Luc Mélenchon, ne pouvait «plus prétendre incarner l'ensemble de la gauche et des écologistes».

Après le Parti communiste qui a fait dimanche un pas vers la sortie, le Parti socialiste, composante de poids de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes), doit se prononcer mardi soir sur un «moratoire» à sa participation de l'alliance de gauche.

Le refus par Jean-Luc Mélenchon et de son cercle rapproché de qualifier le Hamas de «terroriste» après son attaque sans précédent contre Israël lancée le 7 octobre, a mis le feu aux poudres.

Apologie du terrorisme

Enfonçant le clou, le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin a annoncé mardi saisir le procureur de la République «pour apologie du terrorisme» à l'encontre de la députée LFI Danièle Obono qui s'est attiré de vives critiques en affirmant que le Hamas était «un mouvement de résistance qui se définit comme tel».

Mardi, elle a dénoncé des «manipulations», ajoutant que ce «fait», selon elle, n'était «ni une excuse ni un soutien ni une caution pour ses crimes de guerre abjects contre les civils israéliens».

«Bon maintenant ça suffit. Ce qu'il s'est passé le samedi 7 octobre en Israël n'avait rien à voir avec de la 'résistance'», a rétorqué Marine Tondelier, la cheffe des écologistes qui sont partie prenante de la Nupes.

Plus de 1400 personnes, pour la plupart des civils, ont été tuées en Israël depuis l'attaque du Hamas qui a aussi capturé 199 otages, selon Israël.

Les représailles israéliennes ont tué près de 3000 personnes à Gaza, en majorité des civils palestiniens, dont des centaines d'enfants, selon les autorités locales.

Fracture

Le Parti communiste a déjà voté une résolution constatant l'«impasse» de la Nupes, et appelant à «un nouveau type d'union» de la gauche.

Ce n'est pas la première fracture au sein de la Nupes, dominée par LFI, depuis sa naissance dans la foulée des quelque 22% de voix récoltés par Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle d'avril 2022. Elle avait alors suscité l'espoir des électeurs de gauche et permis l'arrivée de 150 députés à l'Assemblée.

«Il y a aujourd'hui un sujet avec la méthode Mélenchon», a tranché Olivier Faure. Il avait déjà critiqué «la logique de conflictualisation permanente» de LFI, notamment pendant le débat à l'Assemblée sur la réforme des retraites, finalement imposée aux forceps par l'exécutif malgré d'imposantes manifestations.

Plus récemment, Sophia Chikirou, proche de Jean-Luc Mélenchon dont elle a été la directrice de campagne, a également été sommée de s'expliquer sur des «petites phrases très brutales» présumées à l'encontre, notamment, d'autres membres de la Nupes.

L'affaire du député insoumis Adrien Quatennens, soutenu par une partie des chefs de file de LFI alors qu'il a été condamné pour violences conjugales, avait déjà fait grincé des dents.

La position de LFI, accusée de ne pas avoir assez clairement accusé la Russie dans la guerre en Ukraine ou de ne pas avoir encore dénoncé les émeutes urbaines consécutives après la mort du jeune Nahel tué par un policier, avait aussi attisé les tensions.

Au sein de LFI, le député Alexis Corbière reconnaît qu'il y a «une situation de tensions», appelant à «l'unité».