«Non à la Suède» Profanation du Coran: manifestations en Irak, en Iran et au Liban

ATS

21.7.2023 - 20:49

Des manifestants sont descendus dans la rue vendredi en Irak, en Iran et au Liban pour dénoncer l'autorisation accordée par la Suède à des rassemblements pour profaner le Coran, alors que Stockholm a rapatrié le personnel de son ambassade à Bagdad.

Des partisans du Hezbollah scandent des slogans alors qu'ils brûlent des représentations du drapeau suédois lors d'un rassemblement dénonçant la profanation du Coran après la prière du vendredi dans la banlieue de Dahiyeh, au sud de Beyrouth (Liban).
Des partisans du Hezbollah scandent des slogans alors qu'ils brûlent des représentations du drapeau suédois lors d'un rassemblement dénonçant la profanation du Coran après la prière du vendredi dans la banlieue de Dahiyeh, au sud de Beyrouth (Liban).
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A l'appel de l'influent leader religieux irakien Moqtada Sadr, des centaines de personnes ont manifesté à Bagdad après la prière du vendredi, mais aussi dans la ville de Nassiriya et à Najaf, scandant «Non, non à la Suède» «Oui, oui au Coran», selon des photographes de l'AFP.

Le ministère suédois des Affaires étrangères a annoncé avoir temporairement relocalisé les opérations et le personnel de son ambassade à Bagdad, incendiée la veille par des partisans de Moqtada Sadr.

A Téhéran, des centaines de manifestants brandissant des drapeaux iraniens et des exemplaires du Coran ont scandé «A bas les Etats-Unis, le Royaume-Uni, Israël et la Suède», tandis que certains ont mis le feu au drapeau suédois bleu et jaune, et jeté des oeufs et des tomates sur l'ambassade suédoise, avant de se disperser.

Des centaines de personnes se sont aussi rassemblées au Liban devant des mosquées dans la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah, et dans d'autres villes.

A Badgad, les fidèles rassemblés sur une avenue du quartier pauvre de Madinet Sadr ont scandé «Oui, oui à l'islam», «Oui, oui à l'Irak», brandissant des exemplaires du Coran et des portraits de Moqtada Sadr, selon un correspondant de l'AFP.

Les manifestants ont incendié des drapeaux arc-en-ciel, Moqtada Sadr y voyant une manière d'irriter les occidentaux et de dénoncer «le deux poids deux mesures» qui consiste selon lui à défendre les minorités LGBT+ mais à autoriser la profanation du Coran.

«A travers cette manifestation, nous voulons faire parvenir notre voix à l'ONU, pour obtenir la pénalisation de toute profanation des livres saints, ceux de l'islam, du christianisme, du judaïsme: ce sont tous des livres saints», martèle Amer Shemal, un responsable à la municipalité de Madinet Sadr.

Crise diplomatique

Stockholm a été le théâtre de deux profanations du Coran, fin juin puis le 20 juillet, organisées par un réfugié irakien. Jeudi, il a piétiné et mis en pièces un exemplaire du livre, sans toutefois y mettre le feu comme prévu.

La police suédoise avait autorisé ces rassemblements au nom de la liberté de réunion, assurant que cela n'équivalait pas à approuver ce qui s'y produirait.

Mais ces initiatives ont provoqué une grave crise diplomatique entre la Suède et l'Irak, qui a décrété jeudi l'expulsion de l'ambassadrice suédoise.

A deux reprises également, des partisans de Moqtada Sadr ont envahi l'ambassade de Suède à Bagdad, incendiée jeudi.

«Les opérations de l'ambassade et son personnel expatrié ont été temporairement relocalisés à Stockholm pour des raisons de sécurité», a annoncé la diplomatie suédoise.

L'Irak a aussi annoncé avoir suspendu la licence du géant suédois Ericsson. Le gouvernement a néanmoins fait marche arrière vendredi: un conseiller du premier ministre, Farhad Alaaldin, a assuré aux journalistes de la presse étrangère que «les accords contractuels» conclus par Bagdad «seront respectés», tout comme «aucune entreprise n'a été suspendue, pas même Ericsson».

La diplomatie britannique a dénoncé dans un communiqué «l'autodafé et la profanation du Coran à Stockholm», y voyant des actes «profondément insultants (...) et totalement inappropriés.»

L'Arabie saoudite et l'Iran, mais aussi la Jordanie deux poids lourds régionaux, ont convoqué les représentants des missions diplomatiques suédoises dans leurs pays.

«Avertissement»

Adepte des coups d'éclats, l'Irakien Moqtada Sadr a plusieurs fois démontré sa capacité à mobiliser dans les rues irakiennes des milliers de manifestants.

A l'été 2022, ses partisans ont envahi le Parlement à Bagdad et instauré un sit-in. Moqtada Sadr était alors en plein bras-de-fer avec le camp politique adverse sur la nomination d'un premier ministre. Un face-à-face qui avait dégénéré en affrontements meurtriers avec l'armée et les anciens paramilitaires pro-Iran du Hachd al-Chaabi, en plein coeur de Bagdad.

Avec le dossier suédois, Moqtada Sadr envoie «des messages à son public» et des «avertissements» à ses «adversaires politiques»: «'j'ai conservé la même force, je peux revenir à tout moment'», estime le politologue Ali al-Baidar.