13 démocrates en liceProgressiste ou modéré, qui dirigera New York?
ATS
16.6.2021 - 07:46
Treize candidats, aucun favori: à une semaine de la primaire démocrate qui devrait désigner le maire de New York post-pandémie de Covid-19, «progressistes» et «modérés» s'affrontent dans une course d'autant plus incertaine qu'un nouveau système de vote brouille les pronostics.
Keystone-SDA
16.06.2021, 07:46
ATS
Eric Adams, ex-policier noir président de Brooklyn? Andrew Yang, entrepreneur de la technologie aux parents taïwanais, qui s'est fait connaître en promettant le versement de 1000 dollars à chaque Américain pendant les primaires à la présidentielle 2020?
Ou une femme, ce qui serait une première? Kathryn Garcia a fait ses preuves à plusieurs postes de responsabilité municipaux et a obtenu la bénédiction du New York Times. Ou encore Maya Wiley, avocate noire spécialiste des droits civiques qui a récemment reçu le soutien d'Alexandria Ocasio-Cortez, AOC, star de l'aile gauche du congrès des Etats-Unis?
Ces candidats, témoins de la diversité de cette ville-monde, dominent les derniers sondages pour occuper un poste réputé «le deuxième plus difficile» des Etats-Unis, après celui de président de la nation. Le vainqueur succédera au démocrate sortant très à gauche, Bill de Blasio, qui achève huit ans de mandat dans l'impopularité générale.
Bastion démocrate
Mais la participation traditionnellement faible aux primaires – seuls environ 20% des électeurs démocrates enregistrés avaient voté en 2013 pour désigner le successeur du milliardaire Michael Bloomberg – rend ces sondages peu fiables.
New York étant un bastion démocrate, le vainqueur de la primaire démocrate du 22 juin sera, sauf surprise, élu maire de la première métropole américaine lors de l'élection proprement dite, en novembre, qui l'opposera au vainqueur de la primaire républicaine.
Principaux défis: «remettre la ville sur pied après le Covid-19, tensions raciales, équité», résume Penny Arnold, 51 ans, qui collecte des fonds pour une école, après avoir voté ce week-end par anticipation.
Après avoir été à l'épicentre de la pandémie au printemps 2020, la capitale économique américaine, qui a enregistré plus de 33'000 morts, a été des mois durant l'ombre d'elle-même. Des milliers de magasins ont fermé et des dizaines de milliers d'habitants aisés ont fui, effrayés par les camions-morgues stationnés devant des hôpitaux débordés.
Division des démocrates
Les touristes sont partis, les quartiers de Wall Street et Midtown ont été désertés et le chômage et le nombre de sans-abris ont explosé. Fusillades et homicides, qui baissaient depuis la fin des années 1990, sont également remontés en flèche.
La crise sanitaire, puis les manifestations parfois violentes après la mort de George Floyd en mai 2020 ont souligné l'ampleur des inégalités raciales dans une métropole que certains voyaient, de loin, comme un îlot de richesses.
Maintenant que la ville reprend vie – 65% de la population adulte a reçu au moins une dose de vaccin anti-Covid-19 et le taux de positivité est tombé à 0,59% – la ville élira-t-elle un candidat très à gauche, comme Maya Wiley, ou plus modéré, comme Eric Adams, Andrew Yang ou Kathryn Garcia?
«Cette élection est un indicateur des divisions entre démocrates au plan national», souligne Ester Fuchs, de l'université Columbia. Certains pensent que, «parce qu'AOC a gagné, la victoire ira aux progressistes. Mais il y a un groupe important de démocrates 'vieille école' dans cette ville», dit cette professeure de sciences politiques, qui travailla pour Michael Bloomberg.
Criminalité «manipulée»
Si le débat public s'est beaucoup focalisé sur la criminalité, après des fusillades très médiatisées, une vingtaine d'électeurs, interrogés au hasard ce weekend, refusaient d'en faire leur première priorité. La criminalité «est un problème», dit Robert Ambaras, 64 ans, avocat proche des «progressistes». «Mais il y a beaucoup d'hystérie autour, manipulée à des fins politiques», dit-il.
Bose George, financier plus centriste, veut lui avant tout un maire «plutôt modéré», capable de redresser la ville «sans augmenter les impôts»: Kathryn Garcia est son premier choix, d'autant qu'il «aimerait bien» une première femme maire.
Une chose est sûre: le nouveau système de vote qui demande aux électeurs de classer jusqu'à cinq candidats, par ordre de préférence, rend les pronostics quasi impossibles. Le candidat arrivé dernier est éliminé et les voix de ses électeurs redistribués vers son deuxième choix. Et ainsi de suite, jusqu'à ce qu'un candidat dépasse les 50%. Ce jeu par élimination pourrait ne révéler le vainqueur qu'à la mi-juillet.