France Projet de loi séparatisme: polémique au premier jour sur le voile

ATS

18.1.2021 - 20:43

François de Rugy
François de Rugy
KEYSTONE/EPA/IAN LANGSDON

Les députés français ont entamé lundi les débats en commissions sur le projet de loi contre le séparatisme qui vise à lutter contre l'islamisme radical. Une première polémique est alimentée par les oppositions furieuses du nombre d'amendements jugés irrecevables.

Après un mois et 34 auditions menées par cette commission ad hoc, celle-ci essuie son premier grain. Sa présidence et le parti présidentiel LREM sont accusées à gauche et à droite «de museler l'opposition» et «de dissimuler le débat».

Selon un nouveau décompte, un total de 1878 amendements avaient été déposés sur ce projet de loi, qui doit être discuté en commission toute la semaine, avant les débats dans l'hémicycle à partir du 1er février. 286 ont été rejetés comme «irrecevables» car jugés hors sujet en vertu de l'article 45 de la Constitution.

Beaucoup trop pour les oppositions qui crient au «déni de démocratie» selon le chef de file des députés LR Damien Abad. L'Insoumis Alexis Corbière a dénoncé de son côté la «méthode autoritaire de LREM».

Port du voile

«Polémiques procédurales infondées», a balayé le président de la commission François de Rugy. «Il s'agit d'une proportion classique pour les textes d'importance», a-t-il relevé.

Parmi les amendements rejetés figurait une proposition particulièrement polémique visant à interdire le voile pour les petites filles. La proposition de la No 2 bis du groupe LREM Aurore Bergé et de Jean-Baptiste Moreau avait été très mal accueillie en interne où la perspective d'introduire une polémique sur le voile était perçue comme le moyen le plus sûr de faire dérailler le débat.

Elle a en revanche été saluée par Marine Le Pen et des élus de droite. Heureux d'enfoncer un coin au sein de LREM, les députés LR ont ironisé sur cette volonté de ne pas avoir «de vagues dans la majorité».

Neutralité du service public

Le projet de loi prévoit une batterie de mesures sur la neutralité du service public, la lutte contre la haine en ligne, l'instruction en famille, le contrôle renforcé des associations, une meilleure transparence des cultes et de leur financement, la lutte contre les certificats de virginité, la polygamie ou les mariages forcés, etc.

Le président Emmanuel Macron avait présenté le 2 octobre sa stratégie pour lutter contre l'islam radical, longtemps attendue. La décapitation du professeur Samuel Paty, puis l'attentat dans une église à Nice n'ont fait que renforcer les attentes dans une France où les crispations relatives à la laïcité, les religions et en premier lieu l'islam, électrisent régulièrement le débat public.

Le projet de loi bouscule aussi des piliers comme la loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l'Etat ou les libertés d'association, d'enseignement ou d'expression, avec des effets de bord.

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