Scandale du QatargateInterpellé, un eurodéputé belge nie avoir «reçu argent et cadeaux»
sogr
10.2.2023 - 15:57
Marc Tarabella a été placé en garde en vue vendredi sur des soupçons de corruption au sein du Parlement européen impliquant le Qatar et le Maroc. L'eurodéputé belge nie avoir «reçu argent et cadeaux» et souhaite que «la justice fasse son travail».
Keystone-SDA, sogr
10.02.2023, 15:57
ATS
L'élu socialiste de 59 ans, privé de son immunité parlementaire le 2 février dernier, a été interpellé tôt vendredi à son domicile, dans la région de Liège (est). Il a été amené à Bruxelles pour y être entendu dans les locaux de la police judiciaire fédérale.
«Le juge d'instruction décidera d'une éventuelle comparution au cours des prochaines heures», a précisé le parquet fédéral. Une décision sur un éventuel placement en détention provisoire doit être prise dans les 48 heures maximum après l'interpellation.
Parallèlement à celle-ci, plusieurs bureaux de la mairie d'Anthisnes (est), où M. Tarabella est bourgmestre, ont été perquisitionnés. Une autre perquisition a ciblé «un coffre bancaire situé à Liège» lui appartenant, a précisé le parquet.
Soupçonnés, interpellés ou écroués
Le nom de Marc Tarabella, élu passionné de football qui s'est beaucoup exprimé au Parlement européen sur le sujet de l'organisation de la Coupe du monde 2022 par le Qatar, était apparu très tôt quand ce scandale a éclaté le 9 décembre. Son domicile à Anthisnes avait été perquisitionné dès le lendemain en présence de la présidente du Parlement européen Roberta Metsola, comme l'exige la loi pour un eurodéputé belge.
Mais aucun argent liquide n'avait été découvert, et il n'avait pas été interpellé, contrairement à l'eurodéputée grecque Eva Kaili, prise en «flagrant délit» la veille à Bruxelles, et donc privée du bénéfice de l'immunité. Mme Kaili, déchue en décembre de sa fonction de vice-présidente du Parlement, compte parmi les trois personnes actuellement écrouées dans ce dossier, avec son compagnon l'assistant parlementaire Francesco Giorgi et l'ancien eurodéputé Pier Antonio Panzeri, lui aussi italien.
M. Panzeri, suspect clé du dossier, désormais «repenti» puisqu'il a reconnu avoir orchestré cette ingérence de plusieurs puissances étrangères dans la politique européenne, a mis en cause Marc Tarabella devant les enquêteurs. Selon la presse belge, l'Italien a affirmé en décembre avoir versé «entre 120'000 et 140'000 euros» en plusieurs fois à l'élu belge, pour son aide dans les dossiers liés au Qatar.
Les «progrès du Qatar»
En novembre dernier, devant le Parlement, l'eurodéputé belge avait salué des changements positifs dans l'émirat sur la question des droits des travailleurs. «Il y a eu des progrès, il faut le reconnaître (...) le discours unilatéralement négatif m'apparaît préjudiciable à l'évolution des droits dans l'avenir au Qatar», avait affirmé M. Tarabella.
Le ton a changé. Sept ans plus tôt, en 2015, Marc Tarabella avait qualifié d'"erreur de casting» l'attribution de la Coupe du monde 2022 au Qatar, a rappelé la presse belge. L'élu belge fustigeait alors le manque de transparence de la Fifa dans cette attribution.
A Bruxelles, lors de la vague d'interpellations du 9 décembre, les enquêteurs ont mis la main sur 1,5 million d'euros en argent liquide, notamment aux domiciles de M. Panzeri et de Mme Kaili. M. Tarabella a nié avoir reçu «argent ou cadeaux en échange de (ses) opinions politiques». Les autorités du Qatar et du Maroc ont également vivement démenti ces soupçons de corruption.
Marc Tarabella avait lui-même voté la levée de son immunité, se disant prêt à répondre aux questions des enquêteurs. «Je souhaite que la justice fasse son travail», avait-il dit.