Gaza «Question de vie ou de mort» - La situation humanitaire devient catastrophique

ATS

31.10.2023

L'armée israélienne progresse «méthodiquement» dans la bande de Gaza, a affirmé le Premier ministre israélien. Il exclut tout cessez-le feu dans la guerre contre le Hamas, réclamé par les organisations humanitaires qui déplorent une situation catastrophique.

ATS

31.10.2023

«Tsahal a étendu son entrée terrestre dans la bande de Gaza, elle le fait par étapes mesurées et très puissantes, en progressant méthodiquement», a dit lundi Benjamin Netanyahu, selon qui la «troisième phase» de l'opération militaire a débuté.

Depuis vendredi soir, opérations au sol et frappes israéliennes se sont intensifiées, avec pour objectif d'"anéantir" le mouvement islamiste palestinien, dont l'attaque sur le sol israélien le 7 octobre a déclenché le conflit.

Ces opérations mettent à très rude épreuve les 2,4 millions d'habitants de Gaza, soumis depuis le 9 octobre à un «siège complet» les privant d'eau, de nourriture et d'électricité après déjà un blocus depuis l'arrivée au pouvoir du Hamas en 2007.

«La poignée de convois autorisés via Rafah n'est rien comparé aux besoins de plus de 2 millions de personnes piégées à Gaza», a dénoncé le chef de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) Philippe Lazzarini, regrettant qu'"une population entière (soit) déshumanisée". Il a réclamé un «cessez-le-feu humanitaire immédiat devenu une question de vie ou de mort pour des millions de personnes».

Cette éventualité est totalement exclue par M. Netanyahu. «Les appels à un cessez-le-feu sont des appels à se rendre face au Hamas. Cela ne se produira pas», a-t-il asséné. Pour Washington, son allié, un cessez-le-feu n'est pas «la bonne réponse pour l'instant», a dit John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale, qui préconise plutôt des «pauses humanitaires».

Des tonnes d'aide bloquées

Des tonnes d'aide s'entassent au poste-frontière de Rafah, séparant l'Egypte de Gaza, en attendant d'être inspectées par Israël, selon un responsable américain ayant requis l'anonymat.

Seuls 117 camions d'aide sont arrivés depuis le 21 octobre, selon le dernier décompte de l'ONU lundi matin. L'organe du ministère israélien de la Défense supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens, le COGAT, a indiqué mardi que 39 autres camions étaient arrivés lundi.

Le Hamas affirme que 8306 personnes, majoritairement des civils et parmi lesquels 3457 enfants, ont été tuées dans les bombardements israéliens depuis le 7 octobre. «Il ne peut s'agir de ‹dommages collatéraux›», a déploré M. Lazzarini. L'inquiétude porte aussi sur la situation des hôpitaux où, selon le Croissant-Rouge palestinien, les bombardements mettent en péril les patients et les milliers de civils qui y sont réfugiés.

Selon l'organisation, de nouvelles frappes ont eu lieu mardi aux abords de l'hôpital al-Quds. «Le bâtiment tremble et les civils déplacés ainsi que les équipes au travail sont en proie à la peur et à la panique», a-t-elle écrit sur X. Israël accuse le Hamas de se servir des hôpitaux pour cacher armes ou combattants, ce que le Hamas dément.

A Gaza, les médecins «opèrent à même le sol» et pratiquent des césariennes ou des «amputations de gamins sans anesthésie» du fait du manque de médicaments, a dénoncé lundi Médecins du monde (MDM). En raison d'un manque d'eau potable, «les gens boivent de l'eau de mer, les gens de mon équipe ont des diarrhées, leurs gamins dans quelques jours seront déshydratés», a ajouté le vice-président de l'ONG, Jean-François Corty.

Une otage libérée

En Israël, selon les autorités, plus de 1.400 personnes, essentiellement des civils, ont été tuées le jour de l'attaque du Hamas le 7 octobre, en plein shabbat. Des centaines d'hommes du Hamas se sont infiltrés depuis Gaza sur le sol israélien, pour commettre l'attaque la plus meurtrière depuis la création d'Israël en 1948, un profond traumatisme pour la société israélienne. Ils ont aussi enlevé plus de 230 personnes.

L'une d'entre elles, une militaire, Ori Megidish, a été libérée lors d'une opération terrestre, a annoncé l'armée israélienne lundi, précisant qu'elle se portait bien et avait retrouvé sa famille. Quatre femmes avaient été libérées la semaine dernière par le Hamas. Le ministère israélien des Affaires étrangères a confirmé lundi la mort de Shani Louk, une Germano-Israélienne qui avait été enlevée. «Son crâne a été retrouvé», ses bourreaux lui ont «coupé la tête», s'est ému le président israélien Isaac Herzog.

«Nous voulons que la communauté internationale fasse pression pour que le Hamas libère tous les otages», a déclaré Adva Adar, un Franco-Israélien dont la grand-mère a été kidnappée, à son arrivée lundi soir à Paris avec une dizaine de familles d'otages franco-israéliens pour se «faire entendre».

Le Hamas a publié lundi une vidéo de trois femmes présentées comme des otages, où l'une d'elles appelle Benjamin Netanyahu à conclure un échange de prisonniers avec le Hamas. M. Netanyahu a dénoncé une «propagande psychologique cruelle».

Pour la première fois depuis le début de la guerre, des chars israéliens ont été aperçus en lisière de Gaza-ville, selon des témoins. D'après ces sources, les chars et l'aviation israélienne ont bombardé un axe routier nord-sud avant de se retirer. La branche militaire du Hamas a affirmé avoir riposté en tirant des obus vers «deux blindés».

Lundi, l'armée israélienne a assuré avoir frappé en 24 heures «600 cibles» - dépôts d'armes, lancements de missiles et caches - du Hamas, qu'Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne considèrent comme une organisation «terroriste». Elle dit également avoir tué «des dizaines de terroristes». L'armée a aussi annoncé mardi matin avoir abattu un suspect entré sur le territoire israélien.

Frappes au Liban

Les frappes israéliennes se sont poursuivies dans la nuit de lundi à mardi dans plusieurs secteurs de la bande de Gaza, selon l'agence palestinienne Wafa. Le conflit a aussi exacerbé les tensions en Cisjordanie occupée où près de 120 Palestiniens ont été tués depuis le 7 octobre par des tirs de soldats et de colons israéliens, d'après le ministère de la Santé local.

L'armée israélienne a par ailleurs affirmé mardi avoir mené des frappes aériennes au Liban visant le mouvement chiite Hezbollah, allié du Hamas, alors que la communauté internationale redoute un embrasement régional. Dans un entretien lundi à l'AFP, le Premier ministre libanais Najib Mikati a assuré que son pays faisait tout son possible pour ne pas être entraîné dans le conflit. «Je crains qu'une escalade n'englobe toute la région», a-t-il dit.

Lundi également, l'armée israélienne a annoncé avoir frappé plusieurs cibles en Syrie, en réponse à des tirs de roquettes. Les forces américaines et leurs alliés basés en Irak et en Syrie ont elles été la cible de 23 attaques de drones ou de roquettes depuis deux semaines, a affirmé lundi un haut responsable américain de la défense. Washington accuse Téhéran d'être impliqué par procuration dans ces offensives qui sont en augmentation depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas.

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